Aux grands clubs de l'hexagone qui ne jurent que par l'argent pour rafler tous les titres, Lorient oppose comme matière première un sens du travail remarquable qui, s'il ne donne pas toujours des résultats extraordinaires, permet à l'équipe de se distinguer. C'est la recette qu'applique depuis sa création le club breton, nouvellement promu en Première Division, et qui n'a de ce fait qu'une mince part de son budget à consacrer au recrutement quand d'autres équipes investissent des dizaines de millions sur un joueur... A Lorient, l'abnégation est donc la clé de voûte de la réussite. Sans être stakhanovistes non plus, les Morbihannais se dépensent sans compter à l'entraînement pour parfaire leurs enchaînements et appliquent à la lettre les préceptes de leur coach, fraîchement débarqué de Niort. Avec une certaine réussite.

Des progrès constants

Bien sûr, les résultats n'égalent pas ceux de Lens ou de Lyon, qui caracolent en tête du championnat. Mais le club breton n'a pas pour but de jouer l'Europe. "L'objectif, c'est le maintien", martèle avec humilité Angel Marcos. En recrutant peu pour préserver intact un groupe qui avait fait ses preuves en D2, Lorient sait qu'il dispose d'une équipe encore trop friable pour s'autoriser d'autres ambitions, qui passeraient de toute manière pour prétentieuses. A l'intersaison, Lorient s'est toute de même offert quelques bonnes recrues malgré une enveloppe budgétaire limitée. L'attaquant Feindouno a ainsi quitté les bords chauds de la Garonne pour venir goûter au tonique air breton, Keita est venu de Marseille pour apporter de son dynamisme et Guel a lui aussi voulu relever le défi de maintenir le club en D1 plutôt que de poursuivre une aventure incertaine avec Saint-Etienne en Seconde Division.

C'est avec cet effectif pratiquement inchangé - si l'on excepte le départ de Christian Gourcuff pour Rennes - que Lorient a entamé la saison par une victoire contre Metz (1-0). Puis les Bretons ont essuyé une lourde défaite à Lille (3-1) qui a eu pour effet de leur ouvrir les yeux sur l'exigeant niveau de la D1. Privés de Seydou Keïta, victime d'une fracture de la mâchoire contre les Nordistes, les Morbihannais ont tenté de réagir en accueillant Auxerre une semaine plus tard. Mais face à une équipe bourguignonne rodée et sûre d'elle, ils n'ont pu que s'incliner (0-1). Cependant, les Lorientais avaient montré quelques signes nets de progrès : la défense avait su contenir les assauts de D. Cissé et ses comparses et les joueurs s'étaient montrés davantage attentifs qu'auparavant.

Abardonado, la touche de fraîcheur

Enfin, opposé à Sochaux le week-end dernier, le FCL a décroché le point du match nul (2-2) après avoir brillamment remonté un écart de deux buts. "Notre façon de réagir, une fois mené au score, est très encourageante. Sochaux n'était pas facile à jouer avec de nombreuses individualités et un pouvoir d'accélération énorme", déclarait un Angel Marcos globalement satisfait dans les colonnes de Ouest-France lundi dernier. Cette rencontre a également été l'occasion de voir à l'oeuvre Jacques "Pancho" Abardonado, recruté à la mi-août. L'ex-Marseillais a donné satisfaction, donnant un certain dynamisme à l'équipe et influant positivement le reste de l'équipe avec son caractère guerrier. Bref, le jeune des quartiers Nord a plu à Angel Marcos, qui disait de lui dans Ouest-France qu'il est "un joueur avec du caractère, [qui] ne se pose pas de questions et [qui] a justifié sa venue à Lorient".

Malgré un effectif inexpérimenté, Lorient peut parfaitement se maintenir en Première Division. L'équipe, qui associe aisément travail et plaisir, devra cependant gagner en rapidité d'exécution pour surprendre les clubs adverses. Mais nul doute que ce groupe, désireux de progresser, saura combler ses déficits !