La réussite bordelaise de ce début de saison tient en quelques statistiques significatives : meilleure défense du championnat, des cages inviolées depuis trois rencontres, et une invincibilité qui court depuis l'entame de la compétition. Des chiffres élogieux qui se distinguent des statistiques alarmantes de la saison passée où, à pareille époque, les Girondins accumulaient les défaites et occupaient la queue du classement des meilleures défenses... Une différence qui s'explique non pas par le recrutement effectué à l'intersaison, mais par le changement de tactique décidé par Elie Baup : afin de ne pas répéter les mêmes erreurs que l'année précédente, priorité est donnée cette saison au secteur défensif.

Les séquelles de la saison passée

Petit retour en arrière : lors de l'été 2000, Bordeaux avait connu les pires difficultés pour décoller, peinant à imposer son jeu et piétinant à chaque rencontre. En panne d'imagination, victimes de problèmes défensifs récurrents, les Girondins avaient connu un début de saison très délicat, accentué par les problèmes internes liés au cas Wiltord. Les séquelles de ce départ malheureux ont été suffisamment durables sur les bords de la Garonne pour qu'Elie Baup décide, cette saison, d'un changement radical de stratégie, dans le but avoué d'éviter pareil calvaire. Si la première tâche du technicien girondin à l'intersaison fut de remplacer le trio magique Grenet-Wilmots-Laslandes, Baup a également profité de la trêve estivale pour peaufiner ses plans.

C'est ainsi que les Christian ou Pauleta, qui revendiquent un statut d'attaquant, se muent continuellement en défenseurs inlassables sur les consignes de leur entraîneur. Une tactique plutôt novatrice mais qui a le mérite de donner les résultats escomptés : Stéphane Ziani, le maître à jouer nantais, s'était ainsi retrouvé muselé lors de la première journée, se montrant incapable de distiller de bons ballons à ses partenaires. Et Pauleta, qui cumulait ce jour-là les casquettes d'attaquant et de défenseur, n'en avait pas pour autant oublié sa vocation première en marquant un but et en délivrant une passe décisive, scellant la victoire des Girondins.

A quand des buts ?

Contre Marseille une semaine plus tard, Elie Baup semblait avoir privilégié le même schéma tactique, en sécurisant à outrance les buts de Ramé. Durant la rencontre, les Bordelais se sont montrés incapables d'aller de l'avant, piégés par la stratégie concotée par leur entraîneur. Ceux qui s'attendaient à voir évoluer des Bordelais offensifs et percutants seront donc déçus. Ils n'ont pour le moment goûté qu'au spectacle médiocre d'une équipe recroquevillée sur elle-même et peu disposée à faire trembler les filets adverses. Un comble pour un club qui compte dans ses rangs le deuxième meilleur buteur de la saison passée (le Portugais Pauleta) et des attaquants comme Christian ou Christophe Dugarry, dont le talent n'est plus à démontrer.

La tactique imposée par Elie Baup s'apparente davantage à la stratégie des clubs en difficulté qu'à celle d'un club aux visées européennes. On voit mal en effet comment les Girondins pourraient atteindre leur objectif minimal (une place en Coupe de l'UEFA) tout en restant fidèles à cette ligne de conduite drastique. Et si le compteur offensif des Bordelais reste toujours bloqué dans les semaines à venir, il y a fort à papier qu'une fronde des supporters éclatera...