Décidé
à tirer un trait sur une saison 2000/1 catastrophique, le Racing
Club de Lens s'est attelé depuis trois mois à bâtir
une nouvelle équipe sur des fondations solides. Le travail semble
porter ses fruits : avec déjà trois victoires au compteur,
les Lensois réalisent un excellent début de championnat qui
ravit leurs supporters. Analyse d'une réussite.
Heureux, les Lensois ! Vainqueurs
d'un Olympique de Marseille coriace (2-0) ce week-end, ils maintiennent
avec brio leur rythme de croisière, ce qui leur vaut d'occuper la
première place du classement devant Auxerre et l'étonnant
Sochaux. Avec trois victoires en autant de rencontres (contre Lyon, Nantes
et Marseille), les Nordistes ont en effet matière à se réjouir.
Mais loin de s'enorgueillir exagérément des hommages de la
presse sportive, les hommes de Joël Muller gardent la tête froide.
Quand les médias s'étonnent du retour en grâce si prompt
du RCL, les joueurs préfèrent feindre l'ignorance et ne pas
s'épancher en pronostics hasardeux sur l'avenir. En effet, l'équipe
nordiste garde toujours en mémoire l'épisode tristement douloureux
de la saison passée, où elle avait débuté le
championnat sur les chapeaux de roue avant de l'achever à la quatorzième
place...
Rester humbles
Cette année noire avait
laissé des traces. Rolland Courbis, jamais adopté par les
supporters lensois, avait quitté son poste amer, conscient de sa
part de responsabilité dans l'échec du Racing. Ses relations
brouillées avec certaines pièces maîtresses du club
ne permettaient plus de travailler sereinement. Les joueurs nordistes,
eux, s'étaient jurés de ne plus jamais revivre pareil calvaire
et de ne plus s'enflammer aussi prématurément. Bref, toute
la formation nordiste, du simple supporter au dirigeant en passant par
les joueurs, avait fait son mea culpa et décidé de
revenir à des valeurs simples, celles qui font l'âme d'un
club. Voilà pourquoi aujourd'hui l'humilité est le maître
mot, celui qui régit toute l'attitude de l'effectif lensois. Les
pronostics qui ne se révèlent jamais exacts en fin de saison
et le triomphalisme hâtif qui ne débouche que sur des désillusions,
les Lensois ont décidé de les mettre au placard.
C'est peut-être ce retour
à des valeurs toutes simples qui suffisent à expliquer le
bon début de saison des Nordistes. Mais les joueurs sont également
animés par un autre sentiment : la revanche. Ainsi, Joël Muller,
lâchement débarqué par la direction messine à
la fin de l'année 2000, a-t-il souhaité se "venger" en acceptant
de relever le défi proposé par le président lensois,
celui de prendre en main une équipe meurtrie par une saison 2000/1
difficile. Jean-Guy Wallemme, Stéphane Pédron et Pape Saar,
venus de Saint-Etienne, entendent eux aussi prendre leur revanche d'une
saison maudite, au terme de laquelle le club du Forez avait été
rétrogradé en seconde division et avait été
directement mêlé aux affaires de faux passeports. Revanche
aussi pour les éléments qui étaient déjà
au RCL l'année passée, et qui refusent de revivre galère
similaire. C'est ainsi que tous les joueurs, d'où qu'ils viennent,
sont animés des mêmes intentions.
Une bonne assive défensive
Le club lensois a donc entamé
la saison sur de nouvelles bases, avec le succès qu'on lui connaît.
Sur le plan purement sportif cette fois, la principale force de cette équipe
réside dans son secteur défensif, articulé autour
de Wallemme, Coulibaly et Ismaël. L'alchimie savante concoctée
par Joël Muller, qui a su allier au sein de l'arrière-garde
lensoise l'expérience d'un ancien (Wallemme) et le dynamisme d'un
jeune (Coulibaly), se révéle très satisfaisante. Le
seul but encaissé par les Lensois depuis l'entame du championnat
n'a d'ailleurs été concédé que sur un penalty,
preuve irréfutable de la solidité du rideau défensif
nordiste. Guillaume Warmuz, dernier rempart de l'équipe, est quant
à lui toujours impérial dans ses sorties, et assume parfaitement
son rôle de capitaine.
Mais l'attaque n'est pas en
reste : avec six buts inscrits en trois journées, Lens occupe la
seconde place des équipes les plus offensives du championnat. Si
les Nordistes font tant trembler les filets adverses, c'est en partie grâce
à la complémentarité de leurs attaquants : Sakho,
très en verve contre Marseille, est un redoutable dribbleur, et
Diouf dispose d'une pointe de vitesse époustouflante. Les Ismaël,
Sarr et Moreira, buteurs d'un soir, ont également su se mettre au
diapason lors de chaque rencontre. Si bien que l'audace de Joël Muller
- avoir confié l'attaque lensoise à des jeunes - apparaît
finalement comme un choix raisonné.
Débarrassés
des mauvais souvenirs de la saison écoulée, les Lensois sont
progressivement en train de redonner une identité au club et, par
extension, à toute une région pour qui le football est une
véritable passion. Leurs supporters impatients n'attendent plus
qu'une chose : que les Sang et Or leur rouvrent les portes de l'Europe...
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à cet article - Par Quentin Joste