Le président
délégué du PSG, Laurent Perpère, a fait part
sur le site du club de son sentiment à l'issue d'une saison manquée.
S'il n'atteint pas le mordant déployé précédemment
par le patron de Canal+, Pierre Lescure, l'avis de celui que d'aucuns considèrent
comme le principal responsable des déconvenues parisiennes n'en
est pas moins intéressant.
"La confiance a fini par manquer"
Selon Laurent Perpère, la
saison n'avait pas si mal commencé : "Pour ce qui est du rayonnement,
nous en avons eu au début de l’exercice, quand s’est dessiné
un jeu spectaculaire avec beaucoup de buts à la clé. Mais
comme la confiance a fini par manquer, et que toutes ces valeurs sont liées,
la lumière s’est éteinte." Beaucoup de buts encaissés
également, ce qui révélait déjà certaines
lacunes.
Plus globalement, "au cours de
cette saison [...] nous avons alterné le bon, le moins bon et le
mauvais." Le bon aurait pu être cette superbe victoire contre
Rosenborg au Parc (7-2), mais elle-même n'était pas exempte
de faits inquiétants (mener 3-0 et encaisse deux buts en trois minutes),
et surtout elle a sans doute précipité l'équipe dans
une douce euphorie déstabilisatrice : "Cette victoire fut trop
écrasante, pour ne pas dire injustifiée puisqu’il n’y avait
pas tant de différence de classe entre les deux équipes.
Il y a eu un relâchement manifeste, notamment contre Bordeaux trois
jours après. C’est aussi très difficile psychologiquement,
pour de jeunes footballeurs comme les nôtres, de maintenir le club
sous tension quand ils doivent enchaîner des matches à très
hauts enjeux, comme contre Milan ou le Bayern, et certains matches de championnat
qui paraissent relever de la routine."
Le bon et le mauvais a été
parfaitement résumé par ce match à La Corogne (4-3),
où Paris avait trois buts d'avance à l'approche de l'heure
de jeu : "Je ne crois pas à la théorie du chat noir. A
La Corogne, lorsque nous menons 3-0, nous devons avoir les ressources morales
de tenir le résultat. L’affolement qu’il y a eu, relève véritablement
d’un manque d’expérience."
"Nous avons probablement manqué
de cadres"
Ce manque d'expérience est
le grand point noir d'un recrutement initié par Perpère lui-même
et dont les dimensions astronomiques (500 MF...) n'ont pas fini de valoir
au club parisien quelques railleries : "Nous avons fait beaucoup d’efforts
cette saison à travers le recrutement, pour bâtir une équipe
dont tout le monde se plaisait à dire en début de saison
qu’elle était très forte. [...] Il est toujours très
difficile de trouver le bon équilibre dans une équipe. Je
pense que nous avions beaucoup de talents individuels, mais que nous avons
probablement manqué de cadres, de garçons qui pouvaient rassembler
les énergies, utiliser leur expérience pour encaisser et
gérer les coups durs. Tout cela a fragilisé l’équipe
dans les moments difficiles et, compte tenu de l’exposition médiatique,
de la pression qu’il y a sur Paris, l’enchaînement de quelques défaites
n’a pas été digéré comme il aurait pu l’être
par une équipe à la mesure des enjeux sur le plan psychologique."
Le président délégué
parisien estime néanmoins que l'équipe n'a jamais totalement
sombré : "Sur le plan de l’engagement, nous nous sommes toujours
battus, hormis quelques périodes de flottement, pour finalement
retrouver du mordant en fin de championnat." Mais il déplore
qu'une âme n'ait pas émané du PSG cette saison : "Sans
incriminer qui que ce soit en particulier, je regrette fondamentalement
que nous n’ayons pas su collectivement trouver les sursauts d’énergie,
d’orgueil, de fierté qui permettent, quand on est chahuté,
de redresser la tête. Je crois aussi, comme les derniers matches
de la saison l’ont montré, que nous avons toujours été
à deux doigts de faire quelque chose. Mais il y avait toujours un
manque de confiance, un peu de relâchement, d’inattention."
Repartir de l'avant avec Luis
Fernandez
Il est hors de question de revivre
une telle saison. Pour des raisons financières : "La réussite
sur le plan du marketing n’existe pas s’il n’y a pas de résultats
sur le terrain." Pour des raisons... évidentes : "Paris ne
peut pas jouer dans une cour moyenne. Paris doit être dans les premiers
et je ne rougis pas d’essayer de développer le maximum de moyens
pour le PSG."
Ces moyens ont pris la forme d'une
masse d'argent colossale en début de saison, mais aussi d'un changement
d'entraîneur, avec l'éviction de Philippe Bergeroo au profit
de Luis Fernandez à l'automne : "Pour un président, le
changement d’entraîneur, avec cette espèce de mécanique
folle qui y conduit, est un vrai traumatisme. A un moment donné,
il n’y a plus d’autre solution que le changement, même si on sait
qu’il ne va pas résoudre les problèmes d’un coup de baguette
magique."
Le choix de Fernandez a fait dire
à certains qu'il incarnait la fin de la ligne Perpère, dont
il serait on ne peut plus différent, mais le dirigeant parisien
ne voit aucun inconvénient à ce qu'eux deux n'aient pas exactement
la même façon de voir : "Nous nous entendons bien. Il est
plus intéressant, plus riche, aux postes respectifs que nous occupons,
d’avoir des personnalités différentes. Le Président
joue son rôle de dirigeant, l’entraîneur a d’autres responsabilités.
Quand je parle justement d’engagement, de respect, de confiance, il est
sûr que ces valeurs sont très fortement de mise entre Luis
et moi."
Pour conclure, Perpère dévoile
l'objectif pour la saison prochaine, qui est finalement le même pour
toutes les saisons à venir : "Le seul objectif que l’on puisse
avoir à Paris, c’est d’être européen chaque année.
Paris a obligatoirement une vocation européenne, ce qui signifie,
dans les conditions actuelles, d’être en Ligue des champions. La
saison prochaine, il n’y aura pas de compétition européenne
à disputer, sauf si un désistement nous donne la possibilité
de jouer l’Intertoto. Notre engagement sera total dans l'hexagone, en championnat,
bien sûr, mais aussi dans chaque coupe."
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à cet article - Par Yann Peltier
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