Les deux derniers
finalistes malheureux de la Ligue des Champions s'affrontent ce soir à
Giuseppe-Meazza en finale de cette même compétition. Le Bayern
de Munich et Valence sont pourtant loin d'avoir le profil de losers,
même s'il faudra bien un vainqueur et un vaincu dans ce duel au sommet
!
Inverser la tendance
Il faut croire que l'envie est plus
forte que tout. L'envie d'y revenir. L'envie de changer le cours de l'histoire.
Peu de gens annonçaient le FC Valence et le Bayern de Munich comme
potentiels vainqueurs de cette Ligue des Champions 2001. Mais les deux
équipes ont visiblement un compte à régler avec cette
compétition. Les Allemands ont encore en mémoire la finale
de 1999, où Manchester United était venu arracher de deux
buts dans les arrêts de jeu un trophée qu'ils pensaient bien
détenir (2-1). Les Espagnols regrettent d'être passés
à côté de leur finale l'an passé, contre le
Real Madrid, où ils n'avaient pas été aussi flamboyants
que lors des tours précédents (3-0).
Les deux capitaines ont ainsi cristallisé
l'état d'esprit de leur équipe : mieux faire. Stefan Effenberg
: "On a déjà eu la possibilité de remporter le
trophée il y a deux ans. Cette fois-ci, on ne va pas laisser passer
notre chance. La finale de Barcelone, c'est du passé, continue le
meneur de jeu. On ne se retourne plus. S'il devait y avoir le moindre joueur
entrant avec l'épisode de Barcelone en tête, il devra tout
oublier dans les premières minutes." Gaizka Mendieta : "Pour
nous, le match contre le Bayern est le plus important de notre vie. On
se sent plus fort que l'an dernier, car on a l'expérience en plus."
Un duel d'entraîneurs au
sommet
Cette finale sera également
l'occasion de retrouver deux très grands entraîneurs, peut-être
les plus en réussite en Europe. Ottmar Hitzfeld connaîtra
en effet sa troisième finale de Ligue des Champions en cinq ans
(victoire en 1997 avec Dortmund, défaite en 1999 avec le Bayern),
tandis qu'Hector Cuper en est à sa troisième finale de coupe
européenne en trois ans (pour autant de défaites, en 1999
avec le Real Majorque en Coupe des Coupes, en 2000 avec Valence en Ligue
des Champions).
Pour le coach bavarois, le Bayern
a prouvé, en remportant par deux fois depuis la finale traumatisante
de 1999 son championnat lors de la dernière journée, et même
celui de cette année à la dernière seconde : "Cette
équipe a la force. Elle sait ce dont elle est capable. Elle a surmonté
la défaite de Barcelone."
L'Argentin de Valence estime que
sa formation a une importante année de vécu supplémentaire
: "Par rapport à l'an passé, nous avons changé,
principalement dans nos têtes, même si beaucoup ne le réalisent
pas. Nous sommes conscients d'avoir commis des erreurs et nous avons essayé
d'y remédier. Tout a été préparé d'une
manière différente."
Vers une primauté des défenses
?
Le Bayern devra se passer de son
poumon à la récupération, Jens Jeremies, qui souffre
d'une inflammation à la cuisse. Il récupérera par
contre Stefan Effenberg, de retour de suspension, dans l'entrejeu, où
l'on pourrait revoir l'espoir anglais Owen Hargreaves, impressionnant lors
de la demi-finale retour à Munich contre le Real Madrid. Côté
espagnol, c'est l'indiscutable titulaire italien Amadeo Carboni qui fera
son retour de suspension en défense.
Hitzfeld s'attend à un match
fermé face à la meilleure défense de la compétition
(neuf buts encaissés seulement) : "Les deux équipes sont
très fortes défensivement, bien organisées et montrent
beaucoup de discipline sur le terrain. Je pense que Valence est même
supérieur au Real Madrid dans le registre défensif. Les deux
formations savent aussi faire preuve de sang-froid."
Carboni croit également à
un scenario un peu convenu, différent de celui d'une récente
finale de Coupe de l'UEFA à neuf buts : "On sait très
bien comment ils jouent et inversement. Je pense que cela sera très
équilibré, il y aura de la discipline des deux côtés."
Pourtant, la défense de Liverpool
a explosé au moment où on l'attendait le moins, alors tout
est possible. Une finale, comme l'a dit Didier Deschamps, (qui pourrait
devenir, en cas de victoire de Valence, le premier joueur à remporter
trois Ligues des Champions sous trois maillots différents), est
très particulier : "Ce genre de match commence avant le coup
de sifflet de l'arbitre. La chose la plus difficile à supporter
est l'atmosphère, et il faut rester calme. Nous devons arriver au
match concentrés mais calmes, et ne pas jouer la rencontre avant
le jour J. La physique et la tactique ont leur importance mais il est bien
plus important de garder la tête froide."
Un homme d'expérience a
parlé, mais qu'il joue ou pas, le terrain ne manquera pas de vieux
briscards et c'est peut-être la leçon qu'on peut tirer dès
avant la rencontre : la jeunesse du football a encore des leçons
à prendre de ses aînés...
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à cet article - Par Yann Peltier
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