Claude Makelele n’a jamais
été aussi proche de quitter le Real de Madrid. Engagé
depuis plusieurs semaines dans un bras de fer avec son club, l’international
français pourrait partir pour un autre championnat. Mais la «
Dream Team » de Florentino Perez pourra-t-elle survivre à
un départ de son milieu défensif ?
Chaque année, une
nouvelle star vient fouler le stade Santiago Bernabeu. Si Figo (en 2000),
Zidane (2001) et Ronaldo (2002) ont incontestablement apporté quelque
chose de plus à l’équipe, tant dans les caisses que sur le
plan du jeu, Makelele est devenu, depuis son arrivée en 2000 en
provenance du Celta Vigo, un titulaire indiscutable. Infatigable travailleur,
rarement blessé et souvent décisif dans les phases défensives,
le Français d’origine zaïroise est une pièce essentielle
du dispositif madrilène. La défense du club espagnol, qui
ne donnait pas tous les gages de sécurité l’an dernier, a
pu remercier Makelele à de nombreuses reprises. La charnière
centrale Hierro – Helguera s’est révélée trop lente
et les montées persistantes de Salgado et de Roberto Carlos ont
bien trop souvent dégarni la défense. Cela a obligé
Claude Makelele à boucher tous les trous et à avaler les
espaces; ce qu’il réalisa brillamment. Habitué aux joutes
européennes du haut de ses 30 ans, il a acquis une expérience
exceptionnelle lui permettant de devenir l’un des piliers de l’équipe
de France « version Santini », où il forme une paire
intraitable avec le Gunner Patrick Viera. Finalement Makelele apparaît
aussi important que les différentes stars qui composent l’équipe.
Moins sur le devant de la scène qu’un Beckham ou qu’un Ronaldo,
son coéquipier Iker Casillas ne s’y trompe cependant pas : «
Sa présence est très importante pour l’équipe et on
le remarque toujours quand il joue. Il est d’une grande aide pour l’équipe,
même si personne n’est irremplaçable » a-t-il récemment
déclaré lors d’une conférence de presse.
Un départ annoncé
Pourtant Claude Makelele
est tout proche de quitter le Real. La raison : il est « sous-payé
». Son salaire est en effet près de cinq fois inférieur
à celui des « stars », qu’elles soient ballons d’or
(Ronaldo, Figo, Zidane), capitaine (Raul) ou encore médiatique (Beckham)
! Ceux-ci peuvent, contrairement à Makelele, se targuer d’avoir
une aura suffisante pour amortir leur salaire grâce au retombées
financières de la publicité et du marchandising. Depuis deux
saisons, le milieu de terrain international demande des augmentations de
salaires qui ne viennent pas. Les promesses non tenues des dirigeants ont
poussé le joueur à s’engager dans un bras de fer avec le
club. Samedi dernier, il ne s’est d’ailleurs pas présenté
au centre d’entraînement et n’était pas présent
pour le match amical de dimanche face à Valence. Le Real a demandé
au joueur de ne pas disputer le match de l’équipe de France face
à la Suisse mercredi prochain à Genève. En effet,
selon les médecins du club, « Claude Makelele souffre d’une
légère altération de son état émotionnel
provoquée par sa situation personnelle et professionnelle ».
Reste que le Français souhaite vivement participer à la rencontre.
Sa volonté de quitter le club s’est accrue depuis que le club anglais
de Chelsea de Roman Abramovich, qui a déjà dépensé
près de 100 M€ s’est dit récemment prêt à
accueillir le joueur madrilène contre 10 M€ . Et malgré
Jorge Valdano qui affirmait récemment qu’il n’y « avait aucune
chance pour que le Français quitte le Real Madrid, », on voit
mal comment le club champion d’Espagne pourrait conserver son joueur qui
irait doubler son salaire. Bien décidé à partir, Makelele
sait qu’il laissera un grand vide dans l’équipe. Mais sans lui,
le Real peut-il demeurer au sommet du football international ?
Qui pour le remplacer
?
Lors du trophée Naranja
(Orange) de pré-saison, le Real Madrid a battu, sans Makelele, le
FC Valence. Certes cela fait une coupe de plus à déposer
dans la vitrine du club, mais la victoire s’est seulement décidée
aux tirs aux buts (0 à 0 à la fin des prolongations). Pendant
toute la rencontre, c’est le jeune argentin Esteban Cambiasso qui a remplacé
le joueur français, en seul récupérateur. Il semble
être pour l’instant la solution privilégiée par Queiroz,
le nouvel entraîneur madrilène. Mais si Cambiasso est un bon
espoir, il n’a ni l’expérience ni la présence physique de
Makelele. De plus, il sera sans doute difficile pour lui de tenir le rythme
une saison entière, sachant qu’il n’a jamais vraiment convaincu
les supporters l’an dernier. Or sans Flavio Conçeicao parti à
Dortmund, ni Geremi transféré à Chelsea, les solutions
dans ce secteur de jeu sont rares. L’an dernier Guti avait soutenu Makelele
dans l’entrejeu, mais l’Espagnol est plus un relayeur qu’un récupérateur.
De même, l’Anglais Steve McManaman avait tenu avec réussite
ce poste face à Manchester United lors du quart de finale retour
de la Ligue des Champions. Mais il est placé sur la liste des transferts
et ne restera, quoi qu’il arrive, qu’un second choix. Enfin, l’Espagnol
Celades n’a jamais confirmé les espoirs placés en lui. Il
est donc nécessaire pour le Real de trouver rapidement de nouvelles
possibilités…
Beckham plus en retrait
?
Finalement la solution viendra
peut-être du nouveau venu à Madrid. David Beckham, «
le meilleur centreur du monde », pourrait bien être replacé
en position plus défensive pour rééquilibrer l’équipe,
qui tend naturellement vers l’attaque. Il a en effet montré de belles
dispositions à ce poste autant à Manchester United qu’en
équipe d’Angleterre, grâce notamment à une vision du
jeu exceptionnelle et à un pied droit ultra précis. Cependant,
il doit travailler son placement défensif et la récupération
de balle, domaines dans lesquels Makelele excellait. Toujours est-il qu’il
ne deviendra jamais un véritable milieu défensif. Queiroz,
qui désire toujours autant le recrutement d’un défenseur
central, va certainement devoir demander à ces dirigeants un joueur
capable de remplacer poste pour poste son milieu international. En vue
des échéances à venir, l’effectif, exceptionnel en
qualité (surtout en attaque), reste insuffisant en quantité
dans le domaine défensif.
La tâche de Queiroz
et des dirigeants du Real Madrid s’annonce ardue lors des prochaines semaines
: Trouver un compromis dans « l’affaire » Makelele, et faire
face à son éventuel départ en recrutant des joueurs
de haut niveau. Nul doute que Florentino Perez n’hésitera pas à
débourser quelques millions de plus pour que son club reste «
le meilleur club du monde ». Avec ou sans Makelele, les objectifs
resteront cependant les mêmes à Madrid : tout gagner.
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à cet article - Par François Pinet
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