Quel successeur
pour Roger Lemerre ? |
Hier, pendant toute la journée,
Claude Simonet à reçu les quatre candidats pour le poste
de sélectionneur de l'Equipe de France. René Girard, Raymond
Domenech, Jacques Santini et Philippe Troussier ont passé chacun
entre une et deux heures en tête à tête. Qui pour succéder
Lemerre ?
Le président de la FFF devra
trancher demain Vendredi après le conseil fédéral
convoqué pour l'occasion. Mais le choix ne sera pas facile car les
quatre candidats sont très différents et ont des qualités
à faire valoir. De plus, Claude Simonet est dans une position difficile,
il n’a pas beaucoup de marge de manœuvre, tiraillé entre la Direction
Technique Nationale (DTN), la Ligue Nationale de Football (LNF), les personnalités
influentes (Platini, Jacquet...), les médias. Des facteurs extra-sportifs
vont-ils intervenir sur la décision finale ?
Domenech, le favori
Raymond Domenech est présenti
comme le favori de la course. Ancien entraineur de Lyon et de Mulhouse,
il est sélectionneur de l’équipe de France Espoir depuis
1993. Candidat reconnu grâce son très bon travail, il représente
la DTN et est près à relever le défi de la sélection
nationale.
Les points forts :
Raymond Domenech a dirigé
en Espoir la plupart des joueurs qui composent aujourd’hui l’Equipe de
France. Il déclare à ce sujet à la sortie de son entretien
avec Claude Simonet : "C'est vrai que je connais bien la génération
actuelle et la future ». Un atout indéniable dans un souci
de prise en main rapide de la sélection, afin d’être près
pour les éliminatoires de l’Euro 2004 dès Septembre. Il met
aussi en avant son expérience de la sélection nationale et
du haut niveau international : "On recherche un entraîneur national,
je suis entraîneur national !" , "Claude Simonet a de l'expérience,
il a connu deux Coupes du monde... Comme moi." Enfin, sur le sujet
polémique de la communication, chose qui a fait défaut à
Roger Lemerre, il indique : "J'arrive à bien communiquer autant
en externe qu'en interne."
Les points faibles :
Domenech est réputé
pour son humeur changeante et sa franchise parfois piquante, cela peut
amener à des tensions avec son entourage. Il paie ce trait de caractère
en étant vivement crtitiqué par une partie du monde du football.
Il est peu apprécié par Michel Platini et Guy Roux parle
de lui comme d’un vulgaire "entraineur qui s’est fait virer de Mulhouse."
Autre sujet à polémique, Domenech est un pur produit d’une
DTN fragilisée et montrée du doigt. Il va peut-être
en faire les frais.
Santini, le champion
Jacques Santini est le héros
de la campagne lyonnaise de la saison 2001-2002. Il a entrainé en
D1 entre 1983 et 1995 puis il a passé 2 ans à la DTN avant
d’aller à Lyon durant 5 ans, dont 2 années en tant qu’entraineur.
Il est soutenu par une bonne partie du monde du football et paraît
lui aussi en très bonne position pour être choisi d’entrainer
les bleus.
Les points forts :
Mis en avant dès l’éviction
de Roger Lemerre par Michel Platini, Santini est aussi (très discrètement)
soutenu par Aimé Jacquet. Il est passé par la DTN et donc
rentrerait dans le cadre de la politique de l’Equipe de France. Il est
aussi clairement soutenu par Jean-Marie Aulas, président de Lyon
et personnage influent dans le football professionnel, appui désirable
pour Claude Simonet. Enfin, il a beaucoup travaillé dans le monde
amateur et affirme sa connaissance de ce milieu. Il résume tout
cela très bien : "j’estime avoir de bonnes relations avec l’ensemble
du football français", ce qui dans le climat actuel est important.
Sur le terrain, il dispose d’une grande expérience en tant qu’entraineur.
Champion cette année avec Lyon après une magnifique saison,
c’est maintenant qu’il a le plus de chances d’être désigné
sélectionneur et s’y prépare : "Je me sens capable d'assumer
cette fonction."
Les points faibles :
Malgré son passage à
la DTN, Santini n’a pas d’expérience au niveau internationale, n’ayant
jamais dirigé une équipe nationale, et donc devra s’intégrer
très vite. Mais son problème le plus redouté est la
communication. En effet, il est comparé à Roger Lemerre pour
ses relations avec les médias, et s’est illustré au début
de la saison par une brouille avec Lacombe et Aulas. Même si depuis
quelques jours il fait beaucoup d’efforts pour s’ouvrir à la presse
en affichant une belle motivation : "Je ferais tout pour être
l’homme de la situation", Claude Simonet voudra-t-il d’une autre fracture
opinion/Equipe de France ?
Girard, le discret
Si Roger Lemerre avait réussi
son Mondial puis l’Euro 2004, René Girard aurait été
le successeur quasi-automatique à la tête de l’équipe
nationale. Il est son entraineur adjoint depuis 1998 et représente
le candidat de la continuité. Est-ce que sa présence au sein
de la DTN sera un atout ou un désavantage ?
Les points forts
René Girard joue à
fond le carte de la continuité et met en avant son statut d'ex-assistant
du sélectionneur (d'août 1998 à 2002) : "Avoir travaillé
avec Roger Lemerre permettrait de gagner du temps et de repartir plus rapidement."
Sa connaissance du groupe France et son expérience de l’échec
du mondial font de lui le candidat le plus apte à s’intégrer
vite au poste de sélectionneur. D’un naturel assez discret et humble,
Girard est travailleur et discipliné, il déclare : "Mais
c’est quoi la communication ? Pour moi, la meilleure et la plus importante
est celle qui doit exister avec son groupe. Le respect de la presse est
naturel, mais ce qui ne signifie pas que l’on doit dire amen à tout.",
indiquant ainsi une rupture avec certaines méthodes son prédecésseur.
Les points faibles
René Girard est au beau milieu
du débat opposant les partisants de la DTN et ceux du changement.
En plus d’etre membre actif de la DTN, il est les dans la tradition des
sélectionneurs passant le relai à leur adjoint. De plus,
il a sa part de responsabilités dans l’échec au mondial 2002
et sa candidature serait loin de plaire à tout le monde. Son expérience
en tant qu’entraineur joue aussi en sa défaveur. Guy Roux, qui n’aime
décidement pas les candidats à la DTN, parle de lui comme
un "entraineur qui n’a même pas réussi à Strabourg."
Il est vrai que depuis le début de sa carrière d’entraineur
en 1994, il n’a dirigé que Nîmes (4 mois), Pau (1 saison),
Strabourg (6 mois) avant de rejoindre la DTN. Malheureusement, il ne suffit
pas de connaître les joueurs mais aussi de les gérer, or il
s’agit de stars internationales.
Troussier, le voyageur
Malgré sa nomination par les
médias et sa candidature dès l’éviction de Roger Lemerre.
Philippe Troussier est l’invité surprise de cette finale. L’entraineur
qui a mené le Japon en huitième de finales du dernier Mondial
est un grand voyageur. Il s’est forgé un palmarès impressionant,
notament en Afrique où il est resté pendant 15 ans.Troussier
est le candidat de la rupture, de part sa distance avec le football française
et son expérience multi-culturelle.
Les points forts
Son parcours durant le Mondial 2002
avec le Japon parle pour lui quand il dit : "j’ai l’expérience
d’un sélectionneur." Il avait déjà été
sélectionneur de 4 autres pays (NDLR : Côte d’Ivoire, Burkina-Faso,
Nigéria et Afrique du Sud qu’il a dirigé au Mondial 1998)
et dispose d’une bonne carte de visite. Philippe Troussier est reconnu
pour ses qualités de d’homme de fer et annonce "je suis près
à reconditionner l’équipe de France et à la remmettre
en selle." Il a eu affaire à des situations difficiles avec
des joueurs (NDLR : Nakata) qu’il a parfaitement su gérer
et saura imposer sa discipline aux stars françaises. Au niveau de
la communication, il souligne : "J'ai été pendant quatre
ans soumis à la haute médiatisation, alors que j’entrainais
l’équipe niponne" et sait s’y prendre avec les médias.
De plus Troussier, complètement opposé à René
Girard sur tous les points, est le candidat dont le profil se rapproche
le plus de la LNF, celle-ci voulant démontrer sa démarcation
avec la DTN.
Les points faibles
Philippe Troussier n’a pas entrainé
en France depuis 20 ans et est resté très à l’écart.
S’il peut apporter de la diversité, il aura peut-être du mal
à réintégrer la mentalité française.
Pourtant il se défend : "Je connaîs les activités
de l’Equipe de France. Le football français dépasse les limites
de l’hexagone" mais cela est un net désavantage. Sachant qu’il
a l’habitude d’imposer ses méthodes partout où il va, au
risque de se brouiller, va-t-il être assez souple pour s’adapter
au poste ? De plus Troussier est admiré en France, mais ne fait
l’unanimité au sein du football français : sa réputation
de mercenaire et son caractère "rentre-dedans" dérangent
et effraient.
Voilà donc les arguments
qui aideront le conseil fédéral et Claude Simonet à
prendre la décision finale. Même si Raymond Domenech et Jacques
Santini paraissent en meilleur position que leurs rivaux, il pourrait y
avoir une surprise. De toute façon, le quelque soit celui qui sera
choisi, la nouvelle aventure des bleus commencera et il aura la responsabilité
de la mener à bien.
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à cet article - Jerome Valette
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