En-avant
Guingamp en toute discrétion |
Sauvé in-extrémis de
la relégation la saison dernière, le club guingampais aspire
à retrouver les eaux calmes du milieu de tableau et plus si affinités.
Le retour de son charismatique président, Noël Le Graët,
inspire les fidèles du Roudourou qui rêve d’une nouvelle campagne
européenne à l’image de celle vécue en 1997.
Sans faire de bruit, Guingamp (1000è
ville française par sa démographie !) se construit une équipe
et a pour cela creusé dans son terreau passé. Le retour de
Noël Le Graët en est l’exemple le plus flagrant. Bien remis de
son éviction de la présidence de la Ligue Nationale de Football
(LNF), Noël Le Graët semble revenir gonflé comme jamais
pour que « son » club retrouve le haut du tableau : «
En-Avant a acquis une authentique culture du football, de la formation
et de la compétition ». Forts de 25 années au plus
haut niveau (Ligue 1 et 2), les Rouge et Noir veulent passer un cap et
goûter plus régulièrement aux joies des joutes européennes.
La prime à la formation
Qui dit petits moyens, dit débrouillardise.
Les dirigeants guingampais ne sont pas dupes : jamais ils ne pourront rivaliser
financièrement avec des clubs comme Lyon, Monaco et a fortiori Manchester
ou le Bayern Munich. Néanmoins, conscients du resserrement de l’élite
et du rôle que les petits clubs ont à jouer dans les compétitions,
Noël Le Graët et son équipe ne regardent pas vers le bas
du classement bien que le mot d’ordre reste le maintien. Les Malouda, Drogba
et autres Kouassi sont le fruit d’une politique de jeunes longue de plusieurs
années et qui a abouti cette année à la signature
du premier contrat professionnel de Guillaume Gauclin, jeune gardien (22
ans) talentueux issu du centre de formation. Lionel Bah, Alaedinne Yahia,
Kemal Bourhani et Farid Talhaoui ont suivi son exemple. D’autres stagiaires
sont à terme programmés pour intégrer le groupe professionnel
dirigé par Bertrand Marchand. Ce dernier, transfuge du Stade Rennais,
où il avait en charge l’équipe réserve, rentre idéalement
dans ce cadre de formation. Habitué à diriger les jeunes
issus du centre du stade la route de Lorient, ce Costarmoricain d’origine
retrouve en outre sa région de cœur et prend par la même la
suite d’un autre formateur dans l’âme, Guy Lacombe, parti à
Sochaux.
Des anciens pour l’encadrement
En dépit d’un effectif de
bonne qualité et de belles prestations collectives, Guy Lacombe
et son équipe ne sont jamais parvenus à sortir de la zone
rouge l’an passé. Les jeunes, alors un peu trop tendres, ont en
plus été souvent laissés seuls à la barre du
navire guingampais, la faute aux blessures de joueurs cadres tels Stéphane
Guivarc’h, l’attaquant champion du monde, ou Abdel Hasfid Tasfaout. Le
premier, usé par les blessures à répétition,
a mis prématurément un terme à sa carrière
alors que l’international algérien a migré vers des cieux
plus cléments sur le plan financier (Qatar). A ces deux défections
s’ajoutent la fin de contrat du défenseur central Hubert Fournier,
la fin de carrière de l’ancien Nantais Laurent Guyot, la reconversion
comme entraîneur du Norvégien Morten Nielsen, le transfert
de Pierre-Emmanuel Bourdeau (Clermont-foot)… Tous des défenseurs
! Si la relève est là, Bertrand Marchand n’ignore pas qu’elle
ne parviendra pas, seule, à remplir les objectifs du club.
Un peu dans la lignée de clubs
comme Bastia, Troyes ou Sedan (tous des petits budgets…), le club breton
a adopté un schéma de recrutement des plus pertinents : redonner
confiance à de jeunes talents barrés par des joueurs plus
huppés dans leur club de formation et relancer des « anciens
» plus trop en odeur de sainteté dans leur formation précédente.
C’est le cas, pour la première catégorie, de joueurs comme
Gaël Danic, prêté par le Stade Rennais. Cet excellent
milieu de terrain à la technique de gaucher toute féline
ne semblait pas rentrer dans les plans de la nouvelle équipe dirigeante
rennaise. Si l’an passé, il n’est pas parvenu à confirmer
son excellente saison 2000/2001, cet ancien international Espoir sera un
des moteurs de l’animation offensive grâce à sa qualité
de passe, sa percussion et son dribble déroutant.
Avec Loko ?
Parmi les cadres en mal de reconnaissance,
on citera son ancien coéquipier Chistophe Le Roux. Un temps convoité
par Luis Fernandez et ne voyant rien venir de la part des dirigeants rennais,
ce milieu de terrain âgé de 33 ans a laissé parler
son cœur. S’il a débuté à Lorient, il a effectué
une bonne partie de sa carrière au Roudourou connaissant la remontée
en Division 1 avec les Guivarc’h, Carnot et autres Michel. Puis il rejoindra
de nouveau Lorient, Nantes et Rennes à partir de 1998. Pour cette
nouvelle saison, il côtoiera un autre ancien du FC Nantes, le libéro
Nestor Fabbri. C’est assurément la meilleure acquisition de cette
intersaison. Ne s’étant pas entendu avec les dirigeants nantais,
il a quitté les bords de l’Erdre avec la volonté de terminer
sa carrière dans les meilleures dispositions possibles. Son début
de saison avait laissé sceptiques les supporters des Canaris, mais
rapidement, l’Argentin a retrouvé son meilleur niveau.
Sur sa lancée, il espère
en faire profiter les jeunes guingampais : « C’est un club tout à
fait sympa. Je suis à 100% et en pleine forme. Je vais donner tout
mon potentiel pendant un an puis on verra ». Ce discours a au moins
le mérite d’être clair et devrait faire taire les (rares)
mauvaises langues qui craignaient que Nestor Fabbri soit en préretraite
en Côtes d’Armor !
Après avoir essayé
un Roumain en attaque, les dirigeants guingampais lorgnent et rêvent
d’un autre ancien-Canari pour succéder à Stéphane
Guivarc’h et encadrer Drogba et Cédric Bardon. Patrice Loko, libre
de tout contrat, ne fait pas parti des plans de Jacky Bonnevay, le nouvel
entraîneur de Troyes. Bertrand Marchand ayant senti la bonne affaire
a demandé que le nécessaire soit fait pour enrôler
l’ancien international.
Danic, Le Roux, Fabbri et peut-être
Loko, sur le papier, l’équipe a belle allure et pourrait bousculer
les pronostics de ce début de saison. Reste à démontrer
sur le terrain toutes ces bonnes intentions avec au bout, pourquoi pas,
une place européenne. Le Roudourou vibre déjà !
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à cet article - Yohann Hautbois
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