Après deux rencontres soporifiques, de nombreuses interrogations planent au-dessus de la Principauté de Monaco. Afin de faire taire les plus pessimistes, qui voient dans ce mauvais départ de l'ASM une véritable crise, les joueurs se fendent de déclarations toutes plus rassurantes les unes que les autres. Le directeur technique Didier Deschamps expliquait ainsi à l'issue du nul contre Montpellier (0-0) ce week-end qu'il y avait eu "du mieux par rapport à samedi dernier [défaite contre Sochaux (0-1), NDLR]." Le nouvel entraîneur monégasque ne nie cependant pas les problèmes, mais tend à les relativiser : "Tout le groupe n'est pas au même niveau de préparation et au même niveau physique et par conséquent, les automatismes sont difficiles à trouver", précisait-il samedi soir. Voilà pour la version officielle, qui semble privilégier l'apaisement. Mais au sein du club, le mal est plus profond et les joueurs, qui avaient vu dans le revers contre Sochaux un simple accident de parcours, commencent à s'interroger.

Manque d'allant offensif

A l'intersaison, tout semblait pourtant avoir été fait pour que Monaco soit parmi les plus performants du championnat. La venue de Deschamps avait amorcé un changement de politique. L'ex-international français avait clairement rompu avec les méthodes de son prédecesseur, Claude Puel, poussé vers la sortie. Le recrutement avait alors été minutieusement préparé : loin d'acheter toute une panoplie de bons joueurs, Deschamps avait privilégié un recrutement ciblé en fonction des carences de son groupe. C'est ainsi que José Pierre-Fanfan avait quitté Lens pour consolider le secteur défensif et que Moussa Saïb et Lucas Bernardi étaient venus dans le but de donner un peu d'animation au milieu de terrain. Enfin, Flavio Roma s'était installé à Monaco pour faire oublier les prestations décevantes de Stéphane Porato la saison dernière. Sur le papier, la nouvelle équipe 2001/2 alliait joueurs expérimentés, stars et jeunes prometteurs. Un cocktail détonant qui devait assurer à l'ASM les premières places du tableau.

Seulement voilà, le début de saison monégasque a été en deça de toutes les espérances. A commencer par cette défaite à domicile contre un des promus, Sochaux (0-1). Au lieu d'une entrée en matière concluante, les Monégasques ont offert un spectacle médiocre à leurs supporters, étalant au grand jour des faiblesses insoupçonnées : la défense inédite Pierre-Fanfan / Domoraud s'est ainsi fait déborder à de nombreuses reprises, et le secteur offensif a manqué de percussion, malgré la volonté manifeste de bien faire des Simone et autres Nonda. De quoi salement écorner l'image de marque d'un prétendant au titre...

Bonilla, le joker ?

Une semaine durant, les joueurs du Rocher ont décortiqué leurs erreurs pour tenter de redresser la barre contre Montpellier. Las, l'équipe de Jean-Louis Campora a été tenue en échec à domicile samedi dernier par les Héraultais (0-0), non sans avoir de nouveau alerté le public de Louis II sur ses lacunes offensives. En effet, le club a de nouveau péché dans l'animation, se montrant incapable de percer le bloc montpelliérain. Pire, les joueurs n'ont pas semblé chercher le moyen de contourner le solide rideau défensif adverse, s'en remettant toujours au talent de leurs individualités, un Gallardo par exemple. Mais le pauvre Argentin était trop isolé pour transmettre ses ballons ! Monaco s'en retourne donc avec un point en deux matches, et un calendrier qui va désormais se corser...

Par conséquent, Deschamps et ses hommes vont devoir panser leurs plaies dans l'urgence avant un déplacement périlleux à Rennes vendredi. Le travail qui les attend est considérable : les joueurs devront améliorer leur coordination sur le terrain (certains joueurs n'ont encore jamais joué ensemble) et parfaire leur condition physique, trop juste sur les deux derniers matches. L'ancien capitaine des Bleus devra quant à lui arrêter une tactique cohérente, le championnat de France ne se prêtant guère aux essais en tous genres ! Alors, une fois ce travail de fond effectué, l'ASM pourra se refaire une santé.

Mais c'est peut-être dans l'arrivée d'un attaquant que résident les principaux espoirs de guérison de l'ASM. Sur ce sujet, des rumeurs fondées font état de la venue prochaine de l'international colombien Victor Bonilla, qui appartient toujours au Toulouse FC, en National. Même si Deschamps se défend de le pister, estimant que le club dispose de suffisamment de ressources offensives, son arrivée apparaît inéluctable pour dynamiser un secteur de jeu en grande difficulté. Mais l'ASM devra composer avec la concurrence de l'OM, qui voudrait elle aussi s'attacher les services de Bonilla...

Joker ou pas, Monaco devra de toute façon très vite se rétablir. Car les mauvaises langues aiment à rappeler que la saison dernière, le club avait très mal démarré le championnat. Et ne s'en était jamais relevé.