Mission
accomplie pour les Bleus ! |
L'Equipe de France, appliquée
et déterminée, n'a pas tremblé ce mercredi en Slovénie.
Une victoire sans souci (2-0) qui envoie les Bleus au Portugal avant même
la fin des éliminatoires de l'Euro 2004.
Aucune surprise dans la composition
de l'Equipe de France ce soir. Jacques Santini refait confiance au onze
de départ qui a battu Chypre samedi dernier (5-0), à l'exception
notable du grand retour de Zinedine Zidane. Le Madrilène, même
s'il s'est assez peu entraîné toute cette semaine, relègue
Robert Pires sur le banc. C'est donc un 4-4-2 classique qu'aligne le sélectionneur
des Bleus, avec Fabien Barthez dans les buts et une défense composée
du quatuor Lizarazu-Thuram-Desailly-Silvestre. La paire de récupérateurs
Vieira-Makélélé imposera son physique et sa détermination
au milieu de terrain, tandis que Zidane et Wiltord apporteront une touche
de créativité pour tenter de servir les deux pointes Henry
et Trezeguet dans de bonnes conditions. Mexes, Pedretti, et Giuly ne sont
pas sur la feuille de match. Les Français alignent leur équipe
type, conscients de la difficulté mais bien décidés
à vaincre, à l'image de David Trezeguet : "ce sera un
match très difficile. Ça va être un match plus tactique
que technique. Nous sommes conscients qu’avec un nul, nous serons qualifiés.
Mais nous irons là-bas pour la victoire. A nous de bien négocier
ce match, même si ce sera très difficile". Du côté
slovène, le doute a subsisté jusqu'au bout quant à
la participation de la star du Benfica Lisbonne Zlatko Zahovic. Une bonne
dose d'intox, finalement inutile puisque le numéro dix slovène
(32 ans, 75 sélections) est bien présent sur la pelouse au
coup d'envoi. Ce sera le principal danger pour les Bleus, comme l'a signalé
Mickaël Silvestre avant le match : "il n'y a pas de grands noms.
Si on bloque Zahovic, on aura déjà fait beaucoup".
Le stade de Ljubljana est
assez bien garni ce soir, puisque environ 7500 spectateurs sont venus encourager
la sélection nationale. Le public est très coloré,
et un immense drapeau slovène est déployé tout le
long des tribunes latérales. En revanche, à l'image du stade,
la pelouse est en piteux état, et cela ne risque pas de s'arranger
au fil des minutes. A noter la sympathique présence dans les tribunes
des "Bleuets". Après leur match nul face aux espoirs slovènes
hier soir (0-0), ils sont venus supporter leurs "grands frères"
pour ce match ô combien important. Dès le départ, on
ressent une chaude ambiance dans les gradins, le public slovène
s'enflamme à chaque attaque des siens. Nul doute que les supporters
présents veulent le scalp des Champions d'Europe en titre !
Trezeguet donne le ton
Le match débute sur
un faux rythme. On assiste à un départ poussif et attentiste
de la part des deux équipes. Une chose est sure, le début
de match est très heurté, avec de nombreuses fautes de part
et d'autre. L'engagement est au rendez-vous ! Et c'est Thierry Henry qui
allume la première mèche, avec une belle frappe des 18 mètres
du pied droit, qui rase le poteau gauche de Simeunovic (8'). Une minute
plus tard, Lilian Thuram se lance dans une accélération sur
son flanc droit. Il trouve dans l'axe Sylvain Wiltord, qui donne immédiatement
à Trezeguet. Le Turinois feinte d'abord la frappe du pied droit,
grâce à un superbe crochet qui met le défenseur slovène
complètement dans le vent. Il enchaîne avec un plat du pied
gauche parfait, qui lobe un Simeunovic sur les rotules avant de finir sa
course dans le petit filet opposé (0-1, 9'). Quel sang-froid
de David Trezeguet, qui a ridiculisé son défenseur et n'a
laissé aucune chance au gardien ! L'ancien Monégasque en
profite pour marquer son 25è but sous le maillot bleu, ce qui lui
permet désormais de reléguer Thierry Henry à deux
longueurs.
Les Français dominent
en ce début de match. Pour preuve, la possession de balle, qui leur
est à 76 % favorable. Mais attention à ce diable de Zahovic
qui est tout proche de se créer de très belles occasions.
Quant à Henry et Zidane, ils nous régalent déjà
de quelques gestes techniques de grande classe. Les Bleus ont pour le moment
la maîtrise de la rencontre. Ils font souffrir les Slovènes
à chaque coup d'accélérateur, même s'il est
difficile de produire du beau football vu l'état assez désastreux
de la pelouse.
Le timide réveil
des Slovènes
Mais les Slovènes,
poussés par un public qui continue à se manifester bruyamment,
reprennent peu à peu du poil de la bête. Les Tricolores se
font une petite frayeur avec Zahovic qui part dans le dos de la défense
et se présente seul face à Barthez, avant d'être finalement
signalé hors-jeu (26'). Fabien Barthez avait de toute façon
repoussé de fort belle manière la puissante frappe à
ras de terre du numéro dix local. Les coups-francs excentrés
à 30-35 mètres se multiplient pour les hommes de Prasnikar,
et les Tricolores doivent se méfier des coups de pattes de Zahovic
vers les grands gabarits slovènes. D'ailleurs, à la demi-heure
de jeu, les coéquipiers de Pavlin commencent à pousser un
peu plus loin leurs actions. Le public du Central Stadium de Ljubljana
retrouve de la voix et scande le nom de son équipe, tandis que Zahovic
exhorte ses partenaires à aller de l'avant.
Mais les Français
laissent intelligemment passer l'orage, et reprennent peu à peu
le dessus. On les sent capables de marquer à tout moment, et cette
qualité retrouvée fait plaisir à Jacques Santini.
S'il y a une grosse satisfaction ce soir, c'est sans nul doute Lilian Thuram.
Le Turinois est très offensif, et ses montées rageuses côté
droit posent de gros problèmes aux défenseurs slovènes.
On a retrouvé le grand Lilian ! Et les Bleus continuent à
pousser, avec un coup-franc excentré de Zidane, qui parvient à
trouver Wiltord à ras de terre. Le Gunner frappe instantanément
et oblige Simeunovic à se coucher pour bloquer le ballon (36').
Trois minutes plus tard, l'arbitre adresse un premier carton jaune à
Zinedine Zidane. L'avertissement est logique car le meneur de jeu français,
passablement énervé par le traitement que lui inflige les
défenseurs slovènes, a commis un nombre assez conséquent
de fautes depuis le début de la partie. C'est ensuite Makélélé
qui, après avoir perdu bêtement un ballon près de sa
surface, est obligé de faire faute pour empêcher l'attaquant
adverse de filer au but (43'). Le nouveau transfuge de Chelsea est lui
aussi averti, et ce ne sera pas sans conséquence sur la suite des
évènements. En attendant, le coup-franc pourtant bien placé
pour Zahovic ne donne rien. L'arbitre italien Monsieur Mesina en profite
pour siffler la mi-temps sur ce score de un à zéro pour la
France, et c'est un scénario parfait pour les Bleus.
Dacourt a l'œil, pas M.
Messina
La seconde période
démarre par une chaude alerte pour la défense française.
C'est en effet le jeune Nastja Ceh qui s'écroule dans la surface
de réparation. Mais l'arbitre laisse jouer, à juste titre
semble-t-il (47'). C'est ensuite Zinedine Zidane qui s'offre un débordement
côté gauche, avec un centre qui longe la ligne de but. Claude
Makélélé paie alors sa petite taille (1m70), puisque
qu'il ne peut qu'effleurer le ballon de la tête (52'). Les minutes
défilent et la France possède toujours le commandement des
opérations. Zinedine Zidane s'illustre une nouvelle fois avec une
belle frappe enroulée des 25 mètres. Mais le ballon du Madrilène
n'est pas assez brossé et finit sa course à gauche des buts
de Simeunovic (58'). Le public demande alors l'entrée en jeu de
Sebastjan Cimirotic; vœu exaucé par le sélectionneur slovène
puisque l'attaquant de Lecce remplace un Zahovic quelque peu essouflé.
On va alors assister à deux coups de théâtre consécutifs.
C'est tout d'abord Sylvain Wiltord qui fausse compagnie à la défense
slovène. Simeunovic sort à toute vitesse de sa surface et
met les deux poings pour dégager ce ballon. On s'attend à
ce que l'arbitre expulse logiquement le gardien slovène, mais Monsieur
Messina laisse la partie se dérouler comme si de rien n'était.
Amateur de substances illicites ou pas, toujours est-il que Monsieur l'arbitre
commet là une faute de jugement grossière, devant des Tricolores
complètement ahuris (65').
Et, comme c'est souvent le
cas en football, dans les secondes qui suivent le match bascule, puisque
Claude Makélélé reçoit un second carton jaune
pour une faute de main (tiens donc !). Le milieu au trois poumons est donc
expulsé et les Bleus se retrouvent à dix pour cette fin de
match (66'). Jacques Santini décide alors de faire entrer Olivier
Dacourt (29 ans, 11 sélections) à la place de David Trezeguet,
pour ne pas laisser le seul Patrick Vieira dans l'entrejeu. Et le coaching
du sélectionneur français va s'avérer pour le moins
payant. A peine trois minutes après ce changement, les Slovènes
assistent à un une-deux millimétré entre Dacourt et
Henry. Le Romain se retrouve en superbe position et ne laisse aucune chance
à Simeunovic avec une frappe des 18 mètres à bout
portant sous la barre (0-2, 71'). Les Bleus réalisent donc
l'exploit de s'octroyer deux buts d'avance, alors qu'ils sont pourtant
en infériorité numérique. C'est du grand art !
Le festival de Fabulous
Fab
Mais les Tricolores ne sont
pas pour autant totalement à l'abri. En atteste ces deux magnifiques
parades réflexes de Fabien Barthez, qui empêchent les Slovènes
de reprendre espoir dans cette partie (73'). L'actuel troisième
gardien de Manchester est dans une forme exceptionnelle ! C'est ensuite
Patrick Vieira qui s'illustre, de façon négative cette fois,
puisqu'il reçoit un avertissement qui, tout comme Makélélé,
le privera du match face à Israël en octobre prochain. Les
Français se contentent de gérer désormais. Avec deux
buts d'avance et à 10 contre 11, c'est tout à fait logique.
Jacques Santini en profite pour effectuer ses deux derniers changements
: Willy Sagnol (26 ans, 18 sélections) remplace Wiltord, tandis
que Robert Pires (29 ans, 63 sélections) entre à la place
du revenant Zinedine Zidane. Le public slovène continue à
chanter malgré tout. La perspective d'une place de barragiste ne
semble pas trop les contrarier. Les Bleus étaient tout simplement
trop forts ce soir. Dans les arrêts de jeu, Fabien Barthez réalise
un nouvel exploit, en repoussant du pied une frappe puissante au ras du
sol de Siljak (92'). Pas de doute, le "divin chauve" est bien le gardien
numéro 1 des Bleus ! C'est tout de même son quatrième
match consécutif sans encaisser de but. Et c'est sur cette énième
parade du portier français que l'arbitre renvoie les deux équipes
aux vestiaires, envoyant du même coup les Bleus au Portugal. C'est
évidemment la satisfaction du devoir accompli qui domine dans le
camp français, même si le capitaine Marcel Desailly met en
garde contre un éventuel excès d'optimisme. En attendant
les matchs tests face aux Pays-Bas, à l'Allemagne, ou au Brésil,
la France est qualifiée pour l'Euro 2004, et c'est bien là
l'essentiel !
Les Tricolores avaient
besoin d'un point pour se qualifier, ils en ramènent trois de ce
déplacement qui s'annonçait comme un traquenard en puissance.
Les Bleus, intelligents et déterminés, ont ajouté
le panache en plus de la qualification. Ne boudons pas notre plaisir, cette
équipe de France nous comble de bonheur. Vivement l'Euro 2004 !
Les équipes :
Slovénie :
Simeunovic, Vugdalic (Snofl, 83e), Cesar, Cipot, Knavs, Sukalo (Kapic,
88e), Acimovic, Ceh, Karic, Pavlin (Cap.), Zahovic (Cimirotic, 64e)
France : Barthez,
Thuram, Desailly (Cap.), Lizarazu, Silvestre, Makélélé,
Vieira, Zidane (Pires, 78e), Wiltord, Trezeguet (Dacourt, 70e), Henry
Classement du groupe 1
:
Points J
1. France
21 7
2. Slovénie
13 7
3. Israël
8 6
4. Chypre
7 7
5. Malte
0 7
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à cet article - Par Philippe Lelievre
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