Slovénie-France
: présentation |
L'équation est simple
pour l'Equipe de France ce mercredi : si elle ne perd pas en Slovénie,
elle ira à l'Euro en juin prochain. Face aux Tricolores, se
dresse une équipe de Slovénie décidée à
jouer son va-tout dans son antre de Ljubljana. Présentation de ce
match des éliminatoires de l'Euro, Slovénie-France.
Faut-il pour autant jouer
le match nul ? "Non" répondent en cœur les Bleus, car les Français
ont assurément faim de victoires en ce moment.
Depuis la piteuse élimination
en Coupe du Monde, l'Equipe de France a semble-t-il retrouvé goût
à la victoire. En témoignent ces dix succès d'affilée
remportés par les Bleus de Jacques Santini. Mais, face à
des adversaires comme Chypre, Malte, ou la Nouvelle-Zélande, on
peut se demander la véritable valeur de cette série. Surtout
que le dernier match disputé face à une équipe digne
de ce nom, en février dernier contre la République Tchèque
(0-2), ne laisse pas que des bons souvenirs. Si le match de samedi face
à Chypre s'est révélé être une petite
promenade de santé (5-0), difficile d'en faire un match référence.
En effet, les chiffres parlent d'eux-mêmes : 18 tirs cadrés
contre 0 pour les Chypriotes, ou encore 11 corners à 2 en faveur
des Bleus, difficile de dire qu'il y ait eu une véritable opposition.
C'est d'ailleurs ce qui suscite quelques interrogations chez Robert Pires
: "c'est difficile de situer précisément l'Equipe de France
aujourd'hui. Cela peut même être le danger pour nous. Nous
savons que nous avons un énorme potentiel, mais où se situent
les Bleus aujourd'hui ?"
La Slovénie : un
test grandeur nature
Alors le match de mercredi
en Slovénie arrive peut-être à point nommé.
Car si l'équipe de Bojan Prasnikar n'a ni le palmarès ni
le prestige de l'Italie ou de l'Allemagne, elle peut tout de même
s'enorgueillir d'avoir participé aux deux dernières grandes
compétitions internationales (Euro 2000 et Mondial 2002). Et c'est
sans nul doute un vrai test que les Bleus vont disputer à Ljubljana.
David Trezeguet, auteur de quatre buts sur ses deux derniers matchs, est
bien conscient de la tâche qui attend les Français : "ce
sera un match très difficile. Ça va être un match plus
tactique que technique. Nous sommes conscients qu’avec un nul, nous serons
qualifiés. Mais nous irons là-bas pour la victoire. A nous
de bien négocier ce match, même si ce sera très difficile."
Même son de cloche du côté du Gunner Patrick Vieira,
impressionnant samedi dernier à la récupération :
"on ne doit pas s'endormir mais, au contraire, enchaîner et mettre
la pression sur l'adversaire. Il ne faut pas permettre à l'autre
de penser que c'est possible". L'indéboulonnable capitaine Marcel
Desailly (111 sélections mercredi) est quant à lui beaucoup
plus optimiste. Selon lui, "les Slovènes vont forcément
nous attendre car ils ont des joueurs capables de faire la différence
sur des contres. Mais si on attaque le match comme on l'a fait contre la
Suisse (2-0) ou Chypre (5-0), il n'y aura rien à faire pour l'adversaire.
Il y a tout dans cette équipe. D'où je suis, je vois à
quelle vitesse ça va." Le défenseur central de Chelsea estime
de plus que la très nette victoire du match aller (5-0) confère
aux Bleus un "ascendant psychologique". Et c'est finalement le Mancunien
Mickaël Silvestre qui résume le mieux l'état d'esprit
des Bleus, à savoir la confiance en soi alliée à la
conscience du danger : "ce sera très dur en Slovénie.
J'ai vu l'état du terrain, ce ne sera pas du caviar, le public est
très chaud. Ils ont l'air en forme. Cela dit, il n'y a pas de grands
noms. Si on bloque Zahovic, on aura déjà fait beaucoup. La
Slovénie ne fait pas partie des cadors européens. On va forcément
subir à des moments du match. C'est normal : on joue à l'extérieur.
Mais si on garde cet état d'esprit, on aura le répondant
nécessaire."
Quelle sera l'attitude
des deux équipes ?
C'est la question qui se
pose avant le match de mercredi. Du côté tricolore, si on
a répété maintes et maintes fois qu' "on ira là-bas
pour la victoire", certains membres du clan français, comme
Bixente Lizarazu, rappellent que l'essentiel est tout de même de
revenir de Ljubljana la qualification en poche : "on y va pour faire
un bon match, pour gagner si possible, mais surtout pour se qualifier.
Si, à dix minutes de la fin, on est à 0-0 ou à 1-1,
on n'ira pas bêtement chercher la gagne, c'est évident".
Alors, les Français entameront-ils la rencontre pied au plancher
? La question reste en suspens…
Du côté slovène,
on sait qu'un match nul serait à coup sûr synonyme de deuxième
place dans ce groupe. Mais on peut légitimement penser que les hommes
de Prasnikar joueront ce match à fond, sans le moindre calcul. Tout
d'abord, une victoire face aux Bleus et ce serait l'espoir d'une éventuelle
qualification directe, certes hypothétique, mais mathématiquement
réalisable. C'est cet argument de poids qui fait le plus peur à
Jacques Santini : "les Slovènes ont encore une possibilité
mathématique pour finir premiers du groupe. Quand on connaît
l'orgueil de ces pays, on peut s'attendre à un engagement très
important de leur part. Tout le monde s'est convaincu que la Slovénie
jouait seulement la deuxième place, mais elle a toujours la possibilité
de nous passer devant." Cette qualification directe serait d'autant
plus intéressante que les barrages risquent de s'avérer particulièrement
difficiles cette année, vu la situation des cadors européens
dans les autres groupes. Ensuite, les Slovènes savent qu'une défaite
face à la France n'aurait pas forcément des conséquences
fâcheuses. En effet, leur victoire face à Israël samedi
dernier (3-1) leur a donné un bon bol d'air, et ils sont désormais
bien accrochés à leur seconde place. Même en cas de
mauvais résultat face aux Bleus, les Slovènes conserveraient
deux points d'avance sur ces mêmes Israéliens avant une dernière
journée qui leur semble favorable sur le papier. Enfin, l'envie
de battre les Champions d'Europe en titre et par là même de
prendre leur revanche sur la gifle reçue au match aller est très
forte chez les joueurs et les supporters slovènes.
Une star face à
la constellation
La composition des équipes
permet tout de même de contempler un profond déséquilibre.
En effet, côté slovène, un seul homme paraît
en mesure de se dresser face à la constellation de stars tricolores.
Cet homme, c'est Zlatko Zahovic, le meneur de jeu du Benfica Lisbonne.
A 32 ans, il propose un bilan assez remarquable de 34 buts en 74 sélections.
Auteur de 2 buts dans ces éliminatoires de l'Euro 2004, il a réalisé
un très grand match le week-end dernier face à Israël
(3-1). Pour signaler clairement son grand retour en forme, le capitaine
slovène a délivré 3 passes décisives pour ses
coéquipiers. Zahovic sera donc le principal danger pour les Bleus,
même si mardi soir sa participation au match était jugée
"incertaine" à cause de problèmes musculaires à la
cuisse. Pour l'aider dans sa tâche, la star slovène sera accompagnée
de quelques joueurs évoluant dans des bons clubs européens.
C'est par exemple le cas du défenseur Aleksander Knavs (27 ans,
Kaiserslautern) ou des milieux Nastja Ceh (25 ans, FC Bruges) et Milenko
Acimovic (26 ans, Tottenham). On signalera également la présence
dans le groupe de l'ancien Bastiais Ermin Siljak, qui évolue aujourd'hui
dans le championnat chinois. Les autres membres de l'équipe sont,
sans vouloir leur faire offense, des joueurs de second plan. Mais ce déficit
individuel est en partie comblé par les qualités collectives
de l'équipe, solidaire et déterminée en toutes circonstances.
Du côté français,
on devrait retrouver l'ossature de l'équipe qui a étrillé
Chypre samedi. Fabien Barthez sera reconduit dans les buts, la défense
sera probablement la même, avec Desailly et Silvestre dans l'axe,
Thuram et Lizarazu sur les côtés. Claude Makélélé,
énorme face à Chypre malgré son manque de compétition
devrait accompagner Patrick Vieira à la récupération.
La petite interrogation concerne la présence de Zinedine Zidane
dans le onze de départ. Le numéro dix tricolore ne s'est
que peu entraîné depuis lundi, et il n'est pas question de
prendre le moindre risque, surtout que les Bleus ont prouvé qu'ils
pouvaient se débrouiller sans leur génie. Il se pourrait
donc que Pires et Wiltord soient reconduits à l'animation, et leurs
bons ballons devraient servir les deux hommes de pointe Thierry Henry et
David Trezeguet. Mais il n'est pas impossible que Jacques Santini apporte
un peu de sang neuf à cette équipe. Willy Sagnol par exemple,
auteur d'une très bonne rentrée face à Chypre (une
passe décisive pour Trezeguet notamment), pourrait avoir sa chance.
Titulaire dans un des plus grands clubs européens et doté
d'une qualité de centre impressionnante, le Munichois souffre dans
l'ombre de Thuram mais pousse de plus en plus fort derrière le héros
de France-Croatie. Cet exemple montre en tout cas l'incroyable richesse
du groupe France, un groupe qui ne souhaite aujourd'hui plus qu'une chose
: obtenir enfin son billet pour l'Euro.
Cette fois, la France
a son destin entre ses mains. Un match nul suffirait au bonheur des Bleus
et les enverraient tout droit à l'Euro. Mais pour la confiance et
le prestige, une victoire serait assurément la bienvenue et un signe
fort du renouveau français. Une victoire et la qualification, voilà
tout le mal qu'on peut souhaiter aux Tricolores pour ce périlleux
déplacement chez les Slovènes de Zlatko Zahovic. Allez les
Bleus, le Portugal se rapproche !
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à cet article - Par Philippe Lelievre
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