La
France assure le spectacle |
C'est une Equipe de France
appliquée et efficace que l'on a pu voir samedi soir au Stade de
France. Une victoire nette et sans bavure (5-0) qui permet d'aborder sereinement
le déplacement de mercredi en Slovénie.
Pas de surprise au niveau
de la composition de l'Equipe de France ce soir. Jacques Santini aligne
un 4-4-2 habituel, avec Barthez dans les buts et une défense composée
de Lizarazu, Silvestre, Desailly, et Thuram. Vieira et Makélélé
sont à la récupération, tandis que Wiltord côté
droit et Pires côté gauche seront chargés d'offrir
de bons ballons aux deux hommes de pointe, Henry et Trezeguet. Du côté
chypriote, Moka Vukotic fait confiance à son talentueux duo d'attaquants
Okkas-Konstantinou pour tenter d'inquiéter la défense française
en contre.
Le Stade de France, encore
dans sa configuration des Mondiaux d'athlétisme, est loin d'afficher
complet, puisque seulement 52000 spectateurs sont présents ce soir
à Saint-Denis. L'ambiance est néanmoins chaleureuse, et un
immense maillot bleu est déployé dans les tribunes au moment
où les vingt-deux acteurs pénètrent sur le terrain.
Le coup d'envoi du match est donné de façon symbolique par
un petit garçon atteint de leucodystrophie, maladie contre laquelle
essaie de lutter l'association ELA de Zinedine Zidane. Des "allez les Bleus"
s'élèvent des tribunes lors de cette entame de match, qui
voit les Français mettre de suite le turbo.
Les Bleus démarrent
fort
Dès la 2e minute,
Wiltord frappe, le ballon revient dans les pieds de Trezeguet qui trompe
le gardien chypriote. Mais ce but est logiquement refusé pour un
hors-jeu flagrant. Ce n'est que partie remise pour le Turinois, puisque
six minutes plus tard, il hérite d'un bon ballon de Lizarazu. Trezeguet
ne se pose pas de question et du pied gauche croise parfaitement sa frappe
à mi-hauteur dans le petit filet de Panayiotou (1-0, 8').
L'ancien Monégasque, déjà auteur d'un doublé
la semaine dernière avec la Juventus, marque ici son vingt-troisième
but sous le maillot bleu en 45 sélections.
On se demande alors si les
Chypriotes vont enfin montrer un visage un peu moins défensif. Mais
ce but encaissé ne change en rien leur attitude. Et ils repoussent
tant bien que mal les assauts français. L'Equipe de France est appliquée,
sereine, et a pris ce match par le bon bout. Après un quart d'heure
de jeu, la possession de balle reflète parfaitement la situation,
avec un impressionnant 72 % en faveur des Bleus. Sylvain Wiltord
ne se faisait pas prier pour tromper lui aussi tranquillement Panayiotou
du pied gauche (2-0, 20'). C'est Thierry Henry qui avait trouvé
son compère d'Arsenal dans un trou de souris. Ce but a le mérite
de réveiller le public du Stade de France, qui se remet à
chanter.
Panayiotou limite les
dégâts
La France continue son pressing
permanent, et on est tout près de voir un troisième but quelques
minutes après celui de Wiltord. Panayiotou réalise un triple
exploit sur sa ligne, en repoussant les tentatives successives de Pires,
Henry, et Trezeguet. C'est ensuite Silvestre qui a l'occasion d'aggraver
le score sur un coup-franc excentré de Pires. Mais sa tête
aux six mètres ne trouve pas le cadre.
La première demi-heure
de l'Equipe de France est de bonne facture. On note avec plaisir l'activité
incessante de Bixente Lizarazu, qui multiplie les dédoublements
avec Pires et Henry sur son flanc gauche.
Thierry Henry s'apprête
à tirer un coup-franc dans sa position favorite, légèrement
décalé sur le côté gauche. La balle enveloppée
du Gunner échoue sur le poteau droit de Panayiotou (34'). Le gardien
chypriote est de nouveau mis à contribution. Sur une frappe à
bout portant de Trezeguet, il parvient à détourner le ballon
du genou. Et ce n'est pas fini puisque le Turinois vient une nouvelle fois
buter sur un très bon Panayiotou quelques secondes plus tard (37').
C'est le treizième tir français de la rencontre, contre un
seul pour les chypriotes.
Et c'est Witord qui va se
faire un plaisir d'inscrire un doublé dans ce match. Trois minutes
avant la pause, sa frappe des dix-huit mètres au ras du poteau laisse
Panayiotou sans réaction (3-0, 42'). Le Gunner signe ici
sa vingtième réalisation en 57 sélections. Le Stade
de France entame alors sa seconde Marseillaise de la soirée, cette
fois-ci a capella. Fabien Barthez se fait plaisir avec une sortie aux trente
mètres, et un dégagement d'une superbe tête plongeante
qui ravit le public. La mi-temps est sifflée sur un énième
hors-jeu chypriote. Les Français dominent ce match de la tête
et des épaules.
Henry et Barthez assurent
le spectacle
Le début de seconde
période est assez calme, et l'ambiance est retombée dans
les tribunes. Seul le son de la trompette se fait entendre dans les travées
du Stade de France, on se croirait presque à Félix Bollaert
! Thierry Henry continue lui son festival technique, tandis que Bixente
Lizarazu se permet même de placer une frappe au-dessus. A l'heure
de jeu on va assister à un véritable chef d'œuvre de Thierry
Henry, qui fait chavirer le public de bonheur. Le buteur d'Arsenal, à
vingt mètres des buts, enroule sa frappe de l'intérieur du
pied droit. Le ballon finit sa course dans la lucarne opposée, ne
laissant aucune chance au pauvre Panayiotou (4-0, 60'). Les statistiques
de Thierry Henry parlent d'elles-mêmes : 23 buts en 52 sélections,
dont 17 du pied droit, 3 du gauche, et 3 de la tête. Impressionnant
! Le premier changement français intervient à la 64e minute,
quand Willy Sagnol (Bayern Munich, 26 ans, 17 sélections) remplace
Lilian Thuram. La France reprend tranquillement sa domination. A noter
le très bon match de Claude Makélélé, malgré
son manque de compétition. Il forme avec Patrick Vieira une paire
de récupérateurs très efficace, ratissant tous les
ballons. Le rythme retombe alors quelque peu. Les Bleus en profitent pour
apprendre que la Slovénie a battu Israël (3-1) dans l'autre
match du groupe 1, et donc qu'ils devront encore attendre pour obtenir
définitivement leur billet pour le Portugal… Thierry Henry a droit
à une véritable ovation du public lorsqu'il quitte le terrain
(77'). Le natif des Ulis a réalisé un match plein, il n'a
cessé de mettre le feu dans la défense adverse, et a de plus
signé un but magnifique. En somme un Henry toujours au sommet de
son art ! Le Gunner est remplacé par le néo-Marseillais Steve
Marlet
(29 ans, 18 sélections,
5 buts).
Seulement quelques minutes
plus tard, un centre parfait de Willy Sagnol trouve la tête piquée
de David Trezeguet (5-0, 82'). Le héros de la finale de l'Euro
2000 signe ainsi un doublé, ce qui lui permet d'atteindre le total
de 24 buts en sélections. Cela fait de lui le meilleur buteur en
activité, avec toujours un but d'avance sur son compère Thierry
Henry et deux sur Zinedine Zidane. La qualité de centre de Sagnol
est une nouvelle fois démontrée sur cette passe décisif
du Munichois. En fin de match, Fabien Barthez se permet même d'assurer
le spectacle en dehors de sa surface."Fabulous Fab" nous offre une série
de jongles au milieu de deux Chypriotes, pour le plus grand plaisir du
public qui l'ovationne. Les dernières secondes du match permettent
à Lizarazu, Pires, et Makélélé d'atteindre
le nombre impressionnant de cent ballons joués dans ce match. Le
temps pour le public d'entamer une dernière Marseillaise, et l'arbitre
Monsieur Irvine peut renvoyer tout le monde aux vestiaires. Jacques Santini
et les siens repartent le sourire aux lèvres, avec la sensation
du devoir accompli.
Même si la qualification
pour l'Euro 2004 n'est pas encore en poche, la France a su faire ce qu'il
fallait pour ne pas se compliquer la tâche inutilement. Les joueurs
se sont montrés concentrés et sûrs de leur fait. Un
nouveau festival offensif et une solide assise défensive permettent
aux Bleus d'aborder sans pression un déplacement sans doute un peu
plus délicat en Slovénie.
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à cet article - Par Philippe Lelievre
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