L'Equipe de France n'a pas eu besoin de forcer son talent pour battre tranquillement une sélection d'Andorre longtemps agglutinée en défense mais débordée de toutes parts en seconde période (4-0). Wiltord s'est rassuré, Zidane et Henry ont récupéré, l'attaque a marqué et la cage tricolore est toujours inviolée, tous les voyants sont donc au vert à quinze jours de l'Euro.

Les données de la rencontre

Huit jours après avoir rencontré le Brésil, l'Equipe de France affronte la sélection d'Andorre, 146e nation au classement FIFA et décidée à ne pas repartir avec une valise. A quinze jours du coup d'envoi de l'Euro, ce match de préparation doit avant tout permettre à Jacques Santini de vérifier l'état de forme de son groupe et de donner plus de temps de jeu à ceux qui en ont besoin, à l'image de Sylvain Wiltord et Marcel Desailly. En stage depuis le début de la semaine à la Grande-Motte, les Bleus ne semblent pas particulièrement motivés à l'idée de disputer cette rencontre amicale sans enjeu, à l'image de Zinedine Zidane : «C'est un match comme ça. C'est un petit match de préparation, mais moi comme tous on ne le voit pas d'une grande importance, même si c'est bien de gagner un match et de bien jouer. Cette semaine, c'est un match qui vient bizarrement, mais ce qui est sûr c'est qu'avant l'Euro il fallait un ou deux matchs. Celui-là vient un peu tôt. On ne va pas y prêter trop d'importance. On va courir.» Un match aux allures d'entraînement donc, d'autant plus que les Bleus restent obnubilés par la peur de la blessure, les pépins de Zidane à quelques jours du Mondial 2002 étant toujours dans les esprits. En face, le sélectionneur andorran affiche la couleur : «on n'a pas peur, seulement du respect.»

Les meilleurs moments :

- Frappe enveloppée de Robert Pires sur une remise de Steve Marlet aux 16 mètres mais le ballon manque sa cible (17').

- Pires tente sa chance dans un angle très fermé mais Koldo Alvarez repousse parfaitement (21').

- Volée topée de Louis Saha avec un rebond vicieux qui est tout près de lober Alvarez, qui sort le ballon d'une claquette (23').

- Enchaînement contrôle poitrine-frappe en pivot de Saha aux 11 mètres, bel arrêt d'Alvarez en deux temps (24').

- Percée de Patrick Vieira dans l'axe, qui lance Pires en profondeur sur le côté gauche. Le Gunner se présente seul face au gardien et tente un plat du pied droit «à la Thierry Henry» qui trouve le poteau droit andorran (26').

- Tentative de lob de près de 40 mètres de Juli Sanchez. Le ballon est parfaitement cadré mais Grégory Coupet est vigilant (35').

- Débordement et centre de Mickaël Silvestre sur le flanc gauche. Le ballon est repoussé difficilement par la défense jusqu'à Sylvain Wiltord, qui passe devant son adversaire, contrôle et enchaîne avec une frappe tendue du gauche qui termine dans le petit filet opposé (44').

- Superbe frappe des 20 mètres de Sivera qui vient heurter la barre transversale de Coupet. Dans la continuité de l'action, les Bleus sont sanctionnés pour jeu dangereux et les Andorrans obtiennent un coup-franc indirect dans la surface de réparation. La frappe en force de Lima est repoussée par le mur tricolore regroupé devant la ligne de but (45'+2').

- Très bon débordement de Bixente Lizarazu, tout juste entré en jeu, sur son aile gauche. Le Basque centre en retrait pour Saha, qui ne peut suffisamment décroiser sa reprise de volée (48').

- Magnifique transversale tendue de Benoît Pedretti pour William Gallas sur le côté droit de la surface. Le joueur de Chelsea exécute parfaitement un contrôle orienté de la poitrine et centre à ras de terre au second poteau pour Wiltord, qui n'a plus qu'à pousser le ballon au fond des filets (54').

- Centre en retrait de Wiltord à mi-hauteur pour la reprise de volée smashée de Saha, qui avec un peu de réussite parvient à placer son ballon entre Alvarez et son poteau droit pour inscrire son deuxième but en Bleu (67').

- Ouverture aérienne de Willy Sagnol pour David Trezeguet dans la surface côté droit. Le buteur de la Juventus contrôle de la poitrine et centre du bout du pied pour Marlet, qui se jette pour pousser le ballon au fond des filets.

- Pires accélère dans l'axe et tente sa chance des 20 mètres. Le ballon frôle le poteau droit d'Alvarez (81').

- Une tête de Gallas quasiment à bout portant oblige Alvarez à une belle parade. Le ballon revient sur Trezeguet, qui tente la bicyclette mais la poitrine de Lima est là pour repousser le ballon sur la ligne (83').

La performance des Bleus :

La performance des Français pourrait légitimement être divisée en deux parties. En première période, les Tricolores ont eu beaucoup de mal à trouver la faille dans une défense andorrane très regroupée. Les Bleus se sont trop souvent obstinés à passer par l'axe et jusqu'au but de Sylvain Wiltord seul Robert Pirès a paru en mesure de mettre à mal l'arrière-garde d'Andorre. Une première mi-temps au cours de laquelle les hommes de Jacques Santini ont bien failli se faire surprendre sur l'une des rares incursions de leurs adversaires, mais la barre transversale les a sauvés de la catastrophe. La seconde période des Bleus s'est avérée nettement meilleure, avec notamment l'apport considérable de Lizarazu et Gallas sur leurs ailes. Les partenaires de Marcel Desailly ont véritablement étouffé leurs adversaires, qui n'ont jamais approché les buts de Coupet. Les occasions se sont multipliées et le score est devenu nettement plus en rapport avec le prestige des deux équipes. En plus de ce festival offensif, les Tricolores peuvent se satisfaire de ne plus avoir encaisser le moindre but depuis 950 minutes, ce qui commence à devenir vraiment considérable.

Sur le plan individuel, Grégory Coupet s'est montré vigilant et sûr de lui tout au long du match, mais a bien failli s'incliner sur la frappe de Sivera en fin de première mi-temps. La charnière centrale Desailly-Gallas a parfaitement tenu la route et ce dernier, replacé en latéral droit en seconde période, s'est offert de très belles montées sur son côté et est d'ailleurs à créditer d'une jolie passe décisive sur deuxième but français. Willy Sagnol s'est montré moins précis qu'à l'accoutumée, tandis que Mickaël Silvestre ne s'est véritablement illustré que sur le centre qui amène l'ouverture du score. Bixente Lizarazu, entré à la pause, a quant à lui exploité à merveille les brèches de la défense andorrane en multipliant les débordements sur son flanc gauche. Patrick Vieira a montré beaucoup d'envie et son impact physique a fait des dégâts au milieu de terrain, tandis que Benoît Pedretti a une nouvelle fois prouvé sa qualité de passes aériennes et son important volume de jeu malgré quelques imprécisions en première période et deux ou trois tacles un peu trop appuyés. Robert Pirès a été tonitruant durant les 45 premières minutes de jeu, n'hésitant pas à provoquer balle au pied et s'offrant quelques belles opportunités, avant de s'éteindre peu à peu par la suite. Quasiment invisible sur le terrain jusqu'à son ouverture du score, Sylvain Wiltord s'est bien rattrapé par la suite et nous a rassurés sur son état de forme. Steve Marlet s'est montré assez maladroit et malheureux dans ses dribbles tout au long du match, mais l'attaquant marseillais a eu le mérite d'inscrire son nom sur a liste des buteurs. Très remuant sur le front de l'attaque tricolore, Louis Saha a su concrétiser une de ses nombreuses occasions, tandis que David Trezeguet, entré en fin de match, n'a pas eu de réussite mais impressionne toujours pas sa qualité de placement et de jeu dans les petits espaces.

La performance des Andorrans :

Regroupés devant leurs 18 mètres en première période, les Andorrans se sont battus avec leurs armes et ont longtemps retardé l'échéance. Ils ont fait preuve d'une belle solidarité qui s'est traduite par quelques sauvetages in extremis, et auraient même pu créer l'exploit sur une ou deux opportunités. Dépassés physiquement après la pause, ils ont dû déposer les armes mais n'ont vraiment pas à rougir de leur prestation d'ensemble.

Les principales déclarations d'après match (AFP) :

Jacques Santini : "Je suis naturellement satisfait de cette victoire. Mais je suis surtout satisfait de l'animation offensive, des occasions et des centres. C'était important dans notre dynamique de groupe. J'ai également noté la grande envie manifestée par certains joueurs. A l'image de Vieira que j'ai voulu «canaliser» à la pause. J'ai surtout essayé de donner du temps de jeu à ceux qui en avaient le plus besoin. Dans cette optique, au niveau des remplacements j'aurais pu faire du poste pour poste, mais les choix ont finalement été imposés par cette volonté de répartir le temps de jeu. Sur le plan physique on va voir maintenant les retombées de ce match. C'est le cas notamment pour Wiltord, qui s'est rassuré et a retrouvé ses bonnes sensations. Un joueur qui revient a besoin de ses repères. Même si Zidane et Henry n'ont pas été alignés ils ne se sont pas reposés pour autant, car ils ont eu droit à une grosse séance de décrassage. Contre l'Ukraine, après une semaine de préparation à Clairefontaine qui sera beaucoup plus intense à partir de mardi, certains joueurs qui n'ont pas joué aujourd'hui devraient entrer en jeu" .

Patrick Vieira: «C'était une équipe franchement défensive. C'était important d'être très patient et de ne pas faire de fautes techniques pour éviter les déchets. C'est ce qu'on a su faire, on est satisfait de notre prestation» .

Rober Pires: «C'était un bon match. Après France-Brésil, on avait aussi besoin de faire un match de ce type où tout en respectant l'adversaire, on pouvait retrouver des sensations et des combinaisons. Après un stage où on a fait surtout du physique et très peu de ballons, c'était important de le retrouver ainsi que le terrain, et de finir par un bon petit match» .

Bixente Lizarazu: «On a fait un match sérieux. En première mi-temps, les Andorrans défendaient très bien et ils avaient encore du jus. En seconde période, le travail de sape des 45 premières minutes a fini par payer. On s'en est bien sorti compte tenu du contexte. C'était un bon match pour préparer l'Euro» .

Benoît Pedretti: «On est content, car les Andorrans ont joué vraiment le jeu. Cela finit bien le stage. Ca faisait plaisir de retrouver le ballon après une semaine où on ne l'a pas touché» .

Comme prévu, ce match ne restera pas dans les annales pour le spectacle proposé, mais les objectifs de Jacques Santini ont assurément été remplis. Les Bleus ont livré une partie sérieuse, quoique un peu brouillonne en première période, mais comme souvent dans ce genre de rencontres. Un match à la suite duquel aucune blessure n'est à déplorer et qui a permis à certains Tricolores comme Marcel Desailly et surtout Sylvain Wiltord de revenir sur le devant de la scène. Le bialn est donc positif pour cette partie aux allures d'entraînement intensif.

Fiche technique

A Montpellier (stade de la Mosson): France bat Andorre 4 à 0 (mi-temps: 1-0)
Temps: beau et chaud
Terrain: excellent
Arbitre: M. Daani (TUN)
Spectateurs: 27.753

Buts:
France: Wiltord (45', 56'), Saha (68'), Marlet (73')

Avertissements:
Andorre: I. Lima (29), Alonso (74), Sonejee (90+2)

Les équipes:

France: Coupet - Sagnol, Gallas, Desailly (cap, Thuram, 69, cap), Silvestre - Wiltord, Pedretti, Vieira (Lizarazu, 46), Pires - Marlet (Boumsong, 79), Saha (Trezeguet, 69)

Andorre: Alvarez de Eulate - Ramirez (Escura, 86), Fernandez (Jimenez, 75), I. Lima, J.M. Garcia - Ayala (Alonso, 57), Sivera, A. Lima (Rodriguez, 90+3), Justo Ruiz (cap, Sonejee, 65), Pujol (G. Garcia, 90) - Sanchez (Riera, 81)