Voir un jeune joueur français partir dans un grand club étranger avant d'avoir signé son premier contrat professionnel avec son club formateur, ce n'est pas grave, selon le Directeur technique national Gérard Houllier. S'ils souhaitent conserver plus longtemps leurs services, les clubs français n'ont qu'à y mettre le prix.

Alors que les clubs français aimeraient une protection accrue pour éviter d'être pillés de leurs meilleurs jeunes, le Directeur technique national, Gérard Houllier, n'est pas défavorable au départ des jeunes joueurs français vers les grands clubs étrangers. «Si on regarde bien, très peu de joueurs sont recrutés par les clubs étrangers à l'âge de 18 ans. Mais dès qu'il y en a un, ça fait beaucoup de bruit comme avec Gaël Kukuta passé de Lens à Chelsea» , a-t-il jugé lors d'un entretien avec le quotidien L'Est Républicain. Le bruit était en l'occurrence justifié puisque le club londonien a écopé d'une interdiction de recrutement jusqu'en 2011 pour transfert illicite !

Les clubs français trop timides

«Au risque peut-être de vous choquer, ce n'est pas forcément une mauvaise chose pour un joueur de moins de vingt ans d'aller dans un grand club étranger» , poursuit-il. «C'est difficile, sans aucun doute, mais ça lui permet aussi de progresser en côtoyant le top niveau. C'est comme quand un jeune décide de partir aux Etats-Unis dans le cadre de ses études» , a comparé l'ancien sélectionneur national. Houllier en connait un rayon puisqu'il avait notamment débauché du Havre les jeunes lycéens Florent Sinama-Pongolle et Anthony Le Tallec, alors âgés de 16 ans, et désormais pensionnaires de l'Atletico Madrid et du Mans.

Selon Houllier, les responsables des départs prématurés de jeunes sont les clubs français eux-mêmes. «Je comprends et je dis bien que nos jeunes ont tout pour s'épanouir en France. Mais parfois, nos clubs sont trop tièdes, trop timides, pour proposer un bon contrat à un gamin talentueux. Je me suis déjà heurté avec certains présidents à ce propos. Il faut savoir investir, faire des paris» , a-t-il insisté. «D'ailleurs, je remarque une évolution positive depuis quelque temps» , a-t-il conclu sur une note positive. Les clubs français peuvent néanmoins se rassurer, Houllier n'a aucun pouvoir décisionnel sur les lois encadrant les transferts, à l'inverse du président de l'UEFA Michel Platini dont la politique vise plutôt à protéger les formateurs.