L'AS Monaco, qui menait depuis la 84ème minute grâce à Rodriguez face à des Lyonnais réduits à dix, a été rejointe à la dernière seconde, crucifiée par un but de Clément sur un coup-franc de Juninho (1-1). Les Monégasques laissent ainsi passer une occasion unique de revenir à six points du leader.

Les enjeux

On reprend les mêmes et on change les rôles ! La saison dernière, à la même époque de l'année, Monaco avait une avance confortable au classement devant des Lyonnais qui étaient venus prendre trois pions à Louis II (3-0) qui les renvoyaient à 10 points de leurs vainqueurs. On pensait alors que le championnat était terminé, que les Monégasques ne laisseraient jamais les Rhodaniens revenir. On connaît la suite. Cette saison, c'est Monaco qui est derrière aux deux tiers du championnat. Quatrièmes à 9 points du leader lyonnais (mais avec un match en moins, à jouer à Strasbourg), les hommes de Didier Deschamps, s'ils gagnaient face à ceux de Paul le Guen, conserveraient toutes leurs chances de revenir sur leur rival. Auteurs d'un très bon début d'année 2005 (4 victoires et un nul), les joueurs de la Principauté savent ce qu'ils leur reste à faire. «C'est comme une finale, car si l'écart devient plus important ça sera difficile» , a estimé le milieu de terrain argentin Lucas Bernardi dans l'Equipe. Pour cette rencontre, Deschamps sera privé de Chevanton, mais pourra en revanche compter sur Squillaci et Perez, de retour de blessure. Ces deux joueurs ne sont toutefois pas alignés au coup d'envoi, le premier étant laissé au repos et remplacé par Rodriguez aux côtés de Givet.

Pour n'importe quelle équipe de Ligue 1, un résultat nul sur le Rocher serait un bon résultat. Mais les Lyonnais ne chercheront que la victoire à Monaco, forts de leur parcours impressionnant à l'extérieur depuis le début de la saison (une seule défaite à Lille). Les Gones voudront surtout reléguer les Monégasques à 12 points et les exclure presque définitivement de la course au titre. Il faudra pour cela faire mieux que les années précédentes, les joueurs de le Guen restant sur trois défaites consécutives à Louis II. «Il faut balayer et oublier ces pénibles souvenirs. Aujourd'hui, nous sommes en position de force» , rappelait Réveillère à l'AFP. Le défenseur latéral, blessé à la cheville, sera le seul grand absent côté rhodanien. Le Guen a concocté une équipe très offensive, avec Bergougnoux, Juninho, Malouda, Wiltord et Govou titulaires.

Les temps forts

- Monaco commence très fort ! Adebayor est lancé sur la droite et se présente en bonne position devant Coupet. Sa frappe est un poil trop croisée. Quel début de match (1') !

- Sur une remise dans l'axe de Maicon, Kallon fait une feinte de corps pour Adebayor, qui reprend instantanément des 20m. Coupet est vigilant dans sa prise de balle (4').

- Cétait juste pour Evra ! Sa passe en retrait un peu molle pour Roma oblige le gardien italien à sortir pour aller tacler devant Govou (12').

- Maicon profite d'un faux rebond sur une ouverture de Bernardi. Le Brésilien passe Abidal, repique dans l'axe le long de la ligne de but, et tente une frappe dans un angle fermé. Coupet repousse du pied en corner (15').

- Penalty oublié par M. Garibian pour une main grossière d'Evra dans sa surface. Tout le monde l'avait vue (18') !

- Coupet détourne un coup-franc enroulé de Maicon, qui prenait la direction de sa lucarne (26'). Monaco ne relâche pas la pression, notamment sous l'impulsion de son latéral brésilien, le plus dangereux des Monégasques pour l'instant (26').

- Ouverture aérienne de Bernardi pour Adebayor, qui fait passer le ballon au dessus de Coupet sorti de sa surface, mais est pris de vitesse par le retour de Cris, qui dégage (33').

- Essien est expulsé ! Alors que le match devient très heurté, le jeune Ghanéen pète les plombs. Après deux fautes grossières sur Kallon (une grosse semelle et une manchette), le défenseur rhodanien laisse ses coéquipiers à dix (65'). Le tournant du match ?

- Incroyable percée de l'intenable Maicon, qui dribble toute la défense lyonnaise (même Cris ! ) et se présente seul face à Coupet, qui réussit à détourner son extérieur du pied. Quel match du Brésilien. (68') !

- But pour Monaco ! Ca semble mérité ! C'est Julien Rodriguez qui marque ! Maicon (décidément !) dose parfaitement son centre pour le défenseur monégasque, qui place une jolie volée couchée dans le coin droit du but de Coupet. A 11 contre 10, les carottes semblent cuites pour les Lyonnais (1-0, 84').

- INCROYABLE ! Lyon égalise à la dernière seconde, par Clément, sur un service en or de Juninho ! Le coup-franc à 35m du Brésilien est parfaitement repris par le jeune milieu de terrain, qui d'une superbe tête en arrière laisse Roma sur place. Quel scénario ! Et l'arbitre siffle la fin du match ! (1-1, 90+4').

La prestation de Monaco

Tout le monde pensait que les Monégasques avaient fait le plus dur avec cette ouverture du score de Rodriguez à 10 minutes de la fin du match. Ce but du défenseur était venu récompenser une belle prestation d'ensemble des joueurs de la principauté, qui ont globalement dominé ce match aux couteaux face à des Lyonnais très solides défensivement. Mais Juninho et son pied droit ont réduit à néant tous les efforts des hommes de Deschamps, qui peuvent regretter que le match ne se soit pas fini une minute plus tôt. Après une première mi-temps très plaisante, dans laquelle ils ont beaucoup tenté, mais aussi profité d'une erreur de M. Garibian, le seul à n'avoir pas vu la main d'Evra dans sa surface, les Monégasques ont eu une petite baisse de régime dans un début de deuxième acte très heurté. Tellement heurté qu'ils se retrouvèrent en supériorité numérique (merci Essien), et haussèrent alors considérablement leur pression sur le but, notamment par un Maicon assez impressionnant sur son côté droit. On connaît la suite, et les coéquipiers de Roma devront avoir des ressources pour bien repartir après cette déception, afin de ne pas poursuivre par une mauvaise série comparable à celle de l'automne dernier qui avait suivi la défaite incroyable face à Nice (3-4).

Parmi les Monégasques les plus frustrés, Flavio Roma doit être bien placé. Au chômage technique durant toute la rencontre excepté sur une sortie devant Govou, le gardien italien n'a rien pu faire sur le coup de tête de Clément. Sa défense s'en était jusqu'alors admirablement bien sortie face à Wiltord, Govou et Malouda, réduits au silence. A noter sa participation offensive, puisque le revenant Rodriguez a marqué sur un centre parfait de Maicon. Le Brésilien a réalisé un match énorme de percussion, s'offrant même une magnifique occasion après une série de dribbles alliant puissance et technique. Au milieu de terrain, Bernardi, précieux une nouvelle fois dans la récupération, a parfois été trop nerveux. Zikos l'a bien secondé dans son travail de ratissage. Plasil, cible de beaucoup de coups, a réalisé une bonne première période avant de s'éteindre peu à peu. En attaque, Saviola est au contraire monté en puissance après une première mi-temps bien timide. Le jeu de passe de l'Argentin est décidément un régal pour les yeux. Adebayor a été muselé par Cris malgré quelques bonnes opportunités en début de match alors que Kallon n'a pas été très dangereux. Entré en jeu, Nonda a été battu de la tête par Clément sur le but lyonnais.

La prestation de Lyon

Dominés aux points par l'ASM, les Lyonnais peuvent être satisfaits de ce résultat obtenu à la dernière seconde d'un match qui a bien failli leur échapper. Très bien regroupés autour d'un Cris une nouvelle fois impeccable, ils se sont attachés à garder leur cage inviolée, soignant leur relance pour profiter des contres à chaque fois qu'ils en avaient l'occasion. Après avoir laissé passer l'orage en première période, les coéquipiers de Govou semblaient prendre petit à petit l'ascendant sur leurs hôtes après la pause. L'expulsion d'Essien sur deux bêtes erreurs de jeunesse a complètement changé la donne. Contraints de reculer, les Lyonnais ont plié puis rompu. Nullement découragés par le but concédé à la 84ème minute, ils sont repartis aussitôt à l'attaque. Il faut dire que ça aide d'avoir dans ses rangs un joueur de la précision de Juninho. Autre pari gagné par Paul le Guen, la confiance en ses jeunes pousses, même dans des sommets aussi cruciaux que celui-ci. Le buteur lyonnais de ce soir, Jérémy Clément, n'a que vingt ans.

Si les Lyonnais peuvent remercier leur jeune milieu de terrain, ils peuvent également dire un grand merci à Coupet, impérial ce soir, notamment face à Maicon, qui a buté trois fois sur le gardien lyonnais. En défense, Abidal a parfois souffert face au Brésilien, mais s'en est honorablement tiré. Cris a une nouvelle fois prouvé qu'il était sans doute le meilleur spécialiste de la Ligue 1 à son poste dans les duels. Son compère de la défense centrale, Essien, une fois n'est pas coutume, a pénalisé son équipe en se faisant sortir sur deux coups de sang. Dommage, il avait auparavant effectué une bonne première période. Au milieu de terrain, Diarra a été très actif dans son rôle de récupérateur et de relanceur, de même qu'un Juninho passeur décisif sur coup franc. En attaque, Wiltord, Malouda et Govou n'ont jamais été en réelle position de marquer.

Il s'en est fallu de peu pour que Lyon chute une deuxième fois cette saison. Mais les Monégasques ont échoué comme les autres, et devront à présent espérer une baisse de régime des Rhodaniens pour avoir une chance de revenir. Mais celle-ci aura-t-elle lieu ?

La fiche technique :
Monaco 1-1 Lyon
A Louis II, 17 000 spectateurs environ
Arbitre : M. Garibian
Buts : Rodriguez (84’) / Clément (90+4’).
Avertissements : Zikos (18’), Bernardi (63’), D. Perez (88’) / Diatta (28’), Essien (63’), Juninho (90+1’)
Expulsion : Essien (65’).

Les équipes :

Monaco : Roma - Maicon, Givet, Rodriguez, Evra - Kallon (D. Perez 87’), Zikos, Bernardi (Nonda 79’), Plasil (P. Farnerud 79’) - Saviola, Adebayor

Lyon : Coupet - Diatta (Frau 86’), Cris, Essien, Abidal - Govou (Cacapa 67’), M. Diarra, Juninho, F. Malouda - Bergougnoux (J. Clément 46 ‘), Wiltord