La 23e journée de Ligue 2 a livré son lot de surprises, avec les revers inattendus de Lorient et de Caen à domicile. Istres quant à lui maintient le cap en tête du classement, et Saint-Etienne suit de près en réalisant la bonne opération de la journée à Troyes.

Ce qu'il faut retenir de la 23e journée

Istres et Saint-Etienne ont évité le vent de révolte qui soufflait sur cette 23e journée de Ligue 2. La révolte a été en effet peu incisive du côté de Rouen (2-3) et de Troyes (0-1) pour les Istréens et les Stéphanois, suffisamment sérieux et appliqués pour empocher les trois points. En revanche, leurs poursuivants n'ont pas résisté à la tendance. Au rang des victimes, Amiens s'est laissé surprendre sur sa pelouse par Niort (2-3) et retombe à la troisième place, Lorient n'est plus impérial à domicile (0-1 contre Châteauroux) et campe au pied du podium, Caen sur ses terres a été victime à son tour de l'effet Dupont au Stade Lavallois (1-2) et en reste au même stade que les Merlus et les Chamois, et Le Havre ne s'est pas payé la peau du sanglier sedannais (2-0) et ferme la marche de ce peloton en septième position. En queue de peloton, Besançon a ravivé l'espoir aux dépens d'Angers (2-0).

Istres reprend goût aux voyages

Contesté en début d'année, le leader de la Ligue 2 a retourné la situation en sa faveur. Après avoir réprimandé Amiens lors de la journée précédente (1-0), les Provençaux ont déjoué de belle manière le piège rouennais (1-3). «Un match solide de notre part» se félicitait l'entraîneur d'Istres Mehmed Bazdarevic. Un match bien amorcé par son pilier sur la pelouse, Xavier Gravelaine, qui héritait à la limite du hors jeu d'une balle en cloche de Rémy pour ajuster Sopalski.

Et le FC Rouen a apporté une opposition trop timide à des Provençaux sérieux et appliqués pour les empêcher de faire le break par Courtois d'une magnifique reprise de 30 mètres sous la barre, et de tuer le match dès l'heure de jeu au terme d'une contre attaque rondement menée et conclut par Maurel. Baléguhé sauvait l'honneur pour Rouen avant le coup de sifflet final (1-3), une bien maigre consolation au regard du bonnet d'âne dont sont affublés les Rouennais, lanternes rouges de Ligue 2 avec dix huit petites unités et une incapacité chronique à l'emporter dans leur stade Robert Diochon qui court depuis le 30 août 2003. Pour Istres en revanche, la fin de série est plus positive car les Provençaux n'avaient pas ramené trois points d'un déplacement depuis le 13 septembre dernier. De quoi faire sourire son entraîneur : «on savoure» . Avec 46 unités, le club provençale consolide son fauteuil de leader et peut envisager de plus en plus concrètement la montée...

Saint-Etienne s'extirpe de la meute

Passée la déception de la demi finale de coupe de la Ligue, perdue en semaine au prolongation contre Sochaux (2-3) devant les caméras de France 3, l'AS Saint-Etienne est allée glaner trois points précieux en terre troyenne devant celles d'Eurosport (0-1). Émoussés physiquement et mentalement au terme d'une semaine difficile (suspension houleuse d'Hognon et de Bridonneau, défaite en coupe de la Ligue, décision en appel de ne pas rejouer le match Laval – ASSE), les Verts ont pris la rencontre par le bon bout face à une formation de Troyes condamné à l'emporter pour continuer d'espèrer à une éventuelle remontée. Compan ouvrait en effet rapidement la marque à la suite d'un coup-franc d'Hellebuyck mal dégagé par la défense. Un but suffisant à l'ASSE pour l'emporter au stade de l'Aube, tant la hargne et le liant collectif ont fait défaut aux Troyens pour contester la maîtrise stéphanoise malgré la fatigue. Saint-Etienne franchit ainsi la barre des 40 points (42) et fait le break sur ses poursuivants, tout en restant à quatre longueurs du leader.

Les autres matches

Car derrière Istres et Saint-Etienne, les outsiders ont passé une soirée difficile. A commencer par Amiens, formation en vue avant d'aller défier Istres la semaine précédente, et qui a depuis concédé deux défaites contre deux adversaires directs dans la course à la montée. Cette fois-ci ce sont les Chamois Niortais qui sont venus l'emporter au stade de la Licorne (2-3). Un succès bâti en première période, dans le sillage d'un Biakolo en grande forme (doublé), imité par O. Bangoura à la demi heure de jeu. Si Buron et Suarez (sur penalty) ont maintenu le suspense jusqu'au bout, les Amienois sont sortis finalement bredouille de ce match et voient Niort revenir à une petite unité (39 points pour Amiens contre 38 pour Niort).

Les Niortais rejoignent Lorient et Caen à la quatrième place. Les Merlus se sont fait surprendre sur leur pelouse pour la première fois de la saison face à Châteauroux (0-1). Un coup de bluff castelroussin que l'on doit à l'opportunisme de Paul, qui a trompé Audart à l'heure de jeu d'une frappe minutieuse entre les jambes du portier lorientais. Même stupeur au stade Michel d'Ornano, où Laval -après avoir infligé une claque à Troyes (4-0)- est venu s'imposer 2-1. Une victoire acquise dès la demi heure de jeu, grâce à une lucarne de Bernardet qui répondait à l'égalisation de Caen signée Mazure.

Le joueur de la semaine : Stéphane Biakolo (Niort)

A bientôt 22 ans (le 8 mars prochain), cet athlétique attaquant franco-camerounais d'un 1m85 pour 80kg présente une carte de visite déjà bien fournie, pour le meilleur comme le pire. Car si Stéphane Biakolo a rapidement attiré les convoitises des recruteurs italiens de l'Inter de Milan lorsqu'il n'était que pensionnaire du centre de formation de Montpellier, il n'a pas confirmé les espérances placées en lui lors de son escapade hors de l'hexagone. Prêté par le prestigieux club milanais à Charleroi (Belgique) pour s'initier au haut niveau, le natif d'Echirolles n'a pas confirmé tout le bien que l'on pensait de lui et c'est finalement à Niort en Ligue 2 qu'il atterrit à l'intersaison 2002-2003. Là aussi, son entame de championnat ne répond pas aux attentes, mais la patience du staff niortais s'est avérée payante. Associé à Laurent Gagnier sur le front de l'attaque, Stéphane Biakolo s'est peu à peu imposé pour devenir l'une des terreurs de la Ligue 2. Son doublé à Amiens lors de la 23e journée, qui porte son compteur personnel à 7 unités cette saison, témoigne de l'impact de son impact dans la bonne période que traversent les Chamois Niortais. De quoi nourrir l'appétit de Stéphane Biakolo, qui trouve à Niort la sérénité qu'il lui faut pour s'épanouir et continuer sa progression. De quoi redonner la puce à l'oreille aux recruteurs...

La déclaration de la semaine : Jean-François Domergue (entraîneur du Havre)

«Les résultats de la soirée montrent que ce championnat est ouvert. Les quinze prochaines journées promettent d'être âpres.»

Résultats de la 23e journée

Rouen 1-3 Istres
Gravelaine (2e), Courtois (35e), Maurel (59e), Baléguhé (85e)

Troyes 0-1 Saint-Etienne
Compan (13e)

Amiens 2-3 Niort
Biakolo (7e, 17e), Burton (15e), O. Bangoura (27e), Suarez (53e, s.p.)

Lorient 0-1 Châteauroux
Paul (32e)

Caen 1-2 Laval
Coulibaly (8e), Mazure (22e), Bernardet (28e)

Sedan 2-0 Le Havre
Mo. N'Diaye (68e, 94e)

Créteil 1-0 Nancy
Vida (32e)

Clermont 2-0 Grenoble
Joseph-Augustin (26e, c.s.c.), Aït-Alia (87e)

Valence 3-1 Gueugnon
Moreira (16e, 61e), Fayolle (21e), Aubanel (90e)

Besançon 2-0 Angers
Macio (9e, 37e)

Le classement des buteurs

1. Dufresne (Nancy), 13 buts
2. Suarez (Amiens), 12 buts
3. Compan (Saint-Etienne) 9 buts
4. Koné (Lorient), Fayolle (Valence), 8 buts

Si Istres et Saint-Etienne s'affirment de plus en plus précisément comme des prétendants très sérieux à la montée, les surprises de cette 23e journée confirment le caractère très ouvert de ce championnat de Ligue 2 version 2003-2004. Dans cette optique le leader istréen se devra d'être attentif à une réaction troyenne, tout comme les Stéphanois devront se méfier des velléités sedannaises. Pour Lorient (contre Créteil) et Caen (à Angers), il s'agira de récupérer les points perdus, alors que le duel Le Havre – Amiens fera nécessairement un malheureux si ce n'est deux. Enfin, l'euphorie niortaise est à surveiller de près, à moins que la lanterne rouge rouennaise n'y aille de sa surprise...