Euro : le groupe de la mort est déjà mort
Présentée comme la poule la plus relevée de l'Euro, le groupe F n'a plus de représentants suite aux éliminations successives du Portugal, de la France et de l'Allemagne. C'est d'ailleurs le seul groupe absent des quarts de finale de la compétition.
Le champion du monde 2014, le champion d'Europe 2016 et le champion du monde 2018 réunis, il n'en fallait pas tant pour qualifier la poule F de «groupe de la mort» . Alors que l'Allemagne, le Portugal et la France pouvaient légitimement prétendre à un nouveau sacre dans cet Euro, aucun n'a réussi à franchir les 8es de finale. Comment expliquer ces sorties prématurées ?
Les duels de la poule ont laissé des traces
La première justification est simple : les joueurs de ces équipes ont perdu énormément de plumes dans les six matchs du groupe. Si l'Italie, les Pays-Bas ou encore l'Angleterre ont assez facilement dominé leurs poules respectives, ce n'était clairement pas le cas des formations concernées. Face à une Hongrie très accrocheuse qui n'a jamais rien lâché en proposant un combat physique de tous les instants, les Portugais et Français ont énormément souffert, le tout dans la chaleur suffocante de Budapest, dans une atmosphère très hostile. Les Allemands, eux, ont eu toutes les peines du monde pour arracher le nul face à des Magyars proches de l'exploit.
Les confrontations directes entre les trois grosses cylindrées du groupe ont d'ailleurs été les plus épiques du tournoi. Quel match, avant Croatie-Espagne (3-5), a proposé un spectacle aussi haletant qu'Allemagne-Portugal (4-2) ? Que dire du Portugal-France (2-2), avec un scénario rocambolesque et une quasi élimination des Lusitaniens après le second but de Karim Benzema ? Ou même du premier choc entre l'Allemagne et la France (0-1), qui reste jusqu'à maintenant le match le plus intense de l'Euro avec un combat physique bien au-dessus de la moyenne durant lequel les acteurs de la partie ont laissé énormément d'énergie, tant physiquement que psychologiquement.
Concernant l'aspect physique, le Portugal et la France n'ont clairement pas été avantagés par le calendrier. Si tous les acteurs de l'Euro, et c'est surtout le cas pour les joueurs des grands clubs, effectuent un véritable marathon depuis désormais plus d'un an, chaque jour de récupération supplémentaire vaut de l'or. Les Lusitaniens, battus par la Belgique (0-1), samedi, ont bénéficié de deux jours en moins pour préparer le match par rapport aux Diables Rouges. Pour nos Bleus, tombés face à la Suisse (3-3, 4-5 tab), ils ont même compté jusqu'à trois jours de récupération en moins pour ces 8es de finale. Une différence notable qui a pu peser dans la balance.
Les équipes n'étaient pas prêtes
Outre l'aspect fraîcheur et mental après des rencontres très disputées, il serait malhonnête de ne pas évoquer les problèmes qui concernent la tactique de ces trois équipes. Avec du recul, on peut se demander si elles étaient réellement prêtes à réaliser un parcours long avec tous les soucis rencontrés durant l'épreuve. Alors que Roberto Mancini, Roberto Martinez ou même Gareth Southgate se sont avancés avec une tactique bien définie, Fernando Santos, Joachim Löw et même Didier Deschamps ont eu beaucoup plus de mal à trouver la bonne formule. Un tâtonnement qui a été fatal aux trois sélectionneurs.
Durant toute l'épreuve, l'entraîneur portugais n'a jamais réussi à s'appuyer sur un onze clair. Bruno Fernandes derrière Cristiano Ronaldo pour commencer, un double pivot inefficace avec Danilo Pereira puis William Carvalho pour terminer avec un trio composé par Joao Moutinho, Joao Palhinha et Renato Sanches, Santos a failli dans sa recherche de l'équilibre. Chez Löw, la tactique mise en place avec un 3-4-3 n'a pas changé en quatre matchs, mais la réussite passait par un grand Thomas Müller. Rappelé seulement quelques jours avant l'Euro après trois années d'absence, l'attaquant du Bayern a été trop irrégulier. En dehors de son énorme match contre le Portugal, il est passé au travers, faisant plonger tous ses partenaires avec lui.
Quant à Deschamps, qui avançait avec un lourd statut de champion du monde sur les épaules, il n'a lui aussi pas répondu aux attentes en perdant le fil face à la Suisse. De son 3-4-1-2 de départ, rapidement rectifié en première période, à l'utilisation de certains joueurs (Pavard, Lenglet, Rabiot), en passant par des remplacements qui n'ont pas été très bien sentis (Sissoko pour Griezmann à 3-2), le technicien tricolore n'a pas eu le nez aussi creux que par le passé. Une accumulation de détails qui a précipité la chute de Bleus très fébriles sur le plan défensif. Pour le plus grand bonheur des huit quarts de finaliste, qui ne sont plus qu'à trois matchs du sacre..
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