Parfois décrié en début de saison, l'international ivoirien Amara Diané est aujourd'hui l'un des artisans du sursaut du PSG. Le buteur revigoré se confie en exclusivité pour Maxifoot dans une interview à ne pas manquer.

Amara, t'attendais-tu à une première saison aussi difficile avec le Paris-SG ?

Je me suis blessé pendant la préparation. On a très mal débuté le championnat, et tout s'est enchaîné de travers. Mais il faut relativiser. Ce sont des choses qui arrivent dans la vie d'un footballeur.

Tu as déjà joué le maintien avec Strasbourg la saison passée…

C'est vrai que la situation au classement est la même. Mais tout le reste est assez différent. A Paris, ce n'est pas la même pression, pas le même effectif, pas le même budget. Lorsqu'une équipe comme Strasbourg descend, cela ne génère pas la même agitation médiatique que lorsqu'une équipe comme Paris est en difficulté. Nous, les joueurs, devons gérer cette situation.

La majorité de tes coéquipiers n'avaient jamais joué le maintien…

Oui, cela leur manque sans doute un peu. Enfin, je dis ça, mais je ne suis pas dans leur tête. Chacun doit savoir que, dans la carrière d'un footballeur, il y a des moments difficiles.

Quels sont les matches les plus difficiles qu'il vous reste à disputer ?

Les trois matches que je crains le plus sont ceux qui vont nous mettre aux prises avec nos adversaires pour le maintien : Nantes, Troyes et Nice. Ce seront certainement des matches au couteau ! Nous devrons être très forts mentalement…

Parlons de ton avenir. Saint-Etienne figurerait parmi les clubs à t'avoir contacté. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

(Il rigole) Tant mieux si je suis contacté ! Quel joueur n'aimerait pas voir de bons clubs le solliciter ? Ceci dit, ma seule priorité du moment est le maintien de mon équipe. Il me reste trois ans de contrat au PSG. Aujourd'hui, je n'ai pas envie de partir. Mais je ne peux vous donner aucune assurance. Les trois quarts des joueurs parisiens ont été choisis par Laurent Fournier, puis par Guy Lacombe. Imaginons que Paul Le Guen me dise qu'il ne compte plus sur moi et qu'il souhaite me remplacer, je devrai bien me chercher un autre club…

Amara, tu évolues soit au poste d'avant-centre, soit sur le côté droit. Quel est ton positionnement préféré ?

En pointe, dans l'axe ! Mais les choix tactiques, c'est pas moi qui les fait ! Il y a eu des moments en début de saison, où j'avais du mal à comprendre les options de Guy Lacombe. Ca variait d'un match à l'autre, en fonction de l'adversaire. Le schéma était un peu flou, on avait du mal à trouver des repères sur le terrain…

La Ligue 1 a battu ce week-end un record de stérilité offensive, avec huit buts inscrits en dix matches. En tant qu'attaquant, comment analyses-tu cette situation ?

Ca arrive, même si ce n'est pas très fréquent. Ca ne m'étonne pas tant que ça en fait : ce championnat est très serré, c'est l'un des plus difficiles. En 7 matches, une équipe peut se retrouver à jouer l'Europe, ou à lutter pour ne pas descendre.

On peut regretter cette frilosité…

Oui, c'est dommage, on perd le sens du jeu offensif. Dans la plupart des clubs, il y a deux ou trois bons attaquants. Souvent, un seul est titularisé. C'est difficile pour les autres…

En début de saison, Pauleta avait laissé entendre après une défaite du PSG que certains joueurs n'étaient pas à la hauteur. Qu'en avais-tu pensé ?

C'est vrai qu'à l'époque ces déclarations nous ont un peu frustrés. Pendant un moment, on s'est un peu demandés à qui il pensait…

Ironie du sort, l'équipe semble aujourd'hui mieux tourner avec Pauleta remplaçant. Comment vit-il cette situation ?

On ne peut pas penser uniquement à soi-même en ce moment. Le seul intérêt doit être celui du club ! C'est pour cela que Pauleta prend très bien les choses. Le coach doit choisir son équipe parmi près de 25 joueurs, il doit forcément faire des choix difficiles. Ma chance vient aussi du fait que je peux jouer à droite comme dans l'axe.

Tu as quitté Strasbourg pour un club plus prestigieux, suivant en cela la voie tracée par Mamadou Niang. Qu'en penses-tu ?

Ca me fait plaisir d'être comparé à lui ! Mamadou a quitté Strasbourg au moment où j'arrivais au club. On s'appelle régulièrement. C'est un gars très bien. Il a un gros potentiel. Notre jeu à tous les deux est basé sur la vitesse. Certains préfèrent les attaquants à la David Trezeguet, qui font avant tout preuve d'opportunisme. Nous devons prendre des risques, cela peut nuire à l'efficacité, mais il faut de tous les profils pour faire une équipe complète.

La saison du PSG a également été marquée par la mort d'un supporter. Comment réagis-tu à ce déferlement de violence sur les stades ?

Je n'y étais pas car le coach m'avait écarté du groupe. C'est triste, quand on pense que les tribunes sont pleines de pères de famille, qui emmènent leurs enfants voir du beau jeu. Mais il y a des gens qui ont mauvais fond partout dans le monde, y compris en Afrique. C'est la triste réalité. Même si je souffre de racisme, je ne me sens pas capable de prendre le micro au nom de tous pour porter la bonne parole.

As-tu vu le film de Vikash Dhorasoo ?

Non ! Les autres en ont parlé dans le vestiaire, je ne peux pas vous dire s'ils l'ont vu. Mais dans la situation dans laquelle on était, il aurait vraiment fallu être con pour aller voir un film. Je ne dis pas que ce film ne m'intéresse pas. Quand on sera maintenus, je me débrouillerai peut-être pour le regarder. Je n'ai pas beaucoup connu Vikash, je ne peux pas vous dire vraiment qui il est…

Amara, comme beaucoup de tes collègues, tu vis en couple, tu as deux enfants. Penses-tu que le célibat puisse perturber les footballeurs ?

On ne peut pas généraliser… Ca dépend de la mentalité de chacun. Certains jeunes joueurs célibataires peuvent très bien s'accommoder de ce statut, d'autres ont besoin d'affection au quotidien pour donner le meilleur d'eux-mêmes, il y a toutes sortes de cas…

Es-tu plutôt vinyles ou plutôt iPod ?

Plutôt iPod ! J'emporte de la musique partout avec moi. J'aime beaucoup le son africain, le coupé-décalé ou la musique congolaise. J'écoute aussi pas mal de rap américain, des gars comme Nelly ou Fat Joe.

Le football permet de gagner beaucoup d'argent, cela ne te tourne-t-il pas la tête ?

Je n'ai jamais tout misé sur l'argent. Il faut d'abord améliorer son jeu, travailler; quand tu es bon, tout arrive naturellement, y compris sur un plan financier. Quand tu n'es pas bon, tu ne peux pas te permettre d'avoir des exigences démesurées à ce niveau. Il faut d'abord penser au jeu, l'argent vient naturellement ensuite.

As-tu pensé à ce que tu ferais de ta vie une fois ta carrière terminée ?

J'ai des idées pour l'avenir. Mais je les garde pour moi. Je sais qu'il y a beaucoup d'impondérables. On peut prévoir une carrière de huit ou dix ans et ne finalement jouer que quatre ou cinq ans à cause d'une grave blessure… Alors, je reste prudent. Mais j'ai des idées de placements pour l'avenir…

Certains de tes collègues de Ligue 1 osent des looks et des coiffures très originaux. Que penses-tu de la nouvelle coupe de cheveux de Modeste M'Bami ?

(il éclate de rire) Ah Modeste ! Franchement je pourrais pas avoir une coupe comme ça ! Mais chacun son style…

Quel est selon toi le défenseur le plus dur de la Ligue 1 ?

Pape Diakhaté de Nancy ! Sans hésitation.

Merci beaucoup Amara pour cette interview exclusive Maxifoot !