Ajaccio vient s'imposer au Vélodrome (1-2) devant une décevante équipe marseillaise, pas assez conquérante en attaque et malveillante en défense. La méthode Troussier est-elle en train de faillir, alors que l'OM se livre à un rude combat pour accéder à la Ligue des Champions ? Les Phocéens perdent de précieux points en route. Retour sur cette relative désillusion avec Maxifoot !

Tension européenne

L'Olympique de Marseille a la pression sur ses épaules. En course pour une qualification européenne en Ligue des Champions, les Phocéens n'ignorent pas au moment du coup d'envoi la victoire "cruciale" de Lille contre Lens (2-1). A seulement six journées de la fin, tous les points comptent d'autant. En mal de réalisme devant les buts adverses, les attaquants olympiens doivent absolument retrouver leur efficacité et récupérer de belles ouvertures de la part de leurs milieux de terrain. Luyindula et Marlet auront la lourde tâche de multiplier les frappes. Dans l'axe, Troussier titularise Costa et Pedretti. Il accorde sa confiance à Koke et Nasri sur les ailes. En défense, Déhu devra monter l'exemple à ses coéquipiers pour serrer le jeu et permettre à Barthez d'intervenir le moins possible. Il conviendra de se méfier des Ajacciens qui luttent avec acharnement pour éviter de descendre en Ligue 2. Malgré les propos de Philippe Troussier, méfiant, Rolland Courbis estime «que la victoire semble difficilement à portée» .

Les temps forts

- Il pleut ce soir au Vélodrome et Monsieur Viléo s'expose déjà aux médisances des Marseillais. Luyindula a évincé quatre adversaires et adresse le ballon à Koke. Ce dernier s'effondre dans la surface, suite à une faute de Seck. Malgré cette situation, l'arbitre laisse jouer. Si l'OM perd, fort à parier qu'il en sera question.

- Le premier à se procurer une occasion n'est autre que Pedretti. Il récupère un ballon mal dégagé dans l'axe par Seck, contrôle et frappe. Collin se porte à hauteur et détourne en corner (9').

- Barthez s'empare en deux temps du ballon, consécutivement à une tentative d'Ouadah des vingt mètres (23').

- Ajaccio profite du manque de tranchant des Phocéens. Porato adresse une longue ouverture sur laquelle Beye ne peut intervenir correctement. Demont écope du ballon, s'approche de Barthez auquel il décoche une frappe enroulée impeccable qui trompe le portier marseillais (0-1, 25'). Marseille va vite devoir réagir.

- Coup franc enroulé de Pedretti qui manque de trouver une finalité heureuse, avec la tentative de la tête de Luyindula (30').

- Pedretti se montre très présent et adroit sur ses coups de pieds arrêtés. Il s'en faut de peu que Marlet ne marque (40').

- Porato détourne en corner une ultime frappe de Nasri du gauche (42'). Marseille devra convaincre plus en seconde période. Les Phocéens n'ont plus le choix. Ils doivent imposer leur présence physique et se montrer plus fringuants en attaque.

- Ajaccio crée la sensation, en inscrivant un second but qui vient dénoter les carences actuelles de la défense marseillaise. Demont prend le meilleur sur Olembe à droite, d'un petit pont. Il centre pour Edson, dont la tête piquée laisse pantois Fabien Barthez (0-2, 53').

- Marseille est en mauvaise posture, mais cherche à réagir quelque peu. Suite à un corner de Pedretti, Robin ne peut écarter correctement le danger. Koke récupère le ballon. Il tente sa chance mais se manque. Beye, situé à un mètre de la ligne de but corse, pousse le ballon au fond des cages (1-2, 59'). Sans se montrer séduisants, les Marseillais conservent l'espoir de revenir à la marque.

- Reprise de volée de Luyindula, suite à une déviation de la tête de Beye qui oblige Porato à une intervention décisive et délicate (68').

- A la suite d'une frappe d'Ouadah que Barthez repousse, Chapuis inscrit le troisième but corse. Il est logiquement refusé pour hors-jeu (71'). Les Corses vont devoir tenir.

- Marseille ne démontre rien de véritable et Courbis peut se satisfaire de la seconde victoire à l'extérieur de la saison d'Ajaccio.

La prestation de Marseille

Les Phocéens se heurtent à des problèmes visiblement récurrents. Relativement à l'aise dans le jeu, techniques et dominateurs, ils pêchent dans l'imagination pour aborder la défense adverse et créer le réel danger. Une absence d'opportunités, de réalisme et de rythme à domicile qui a de quoi décevoir les supporters du Vélodrome qui poussent leur équipe vers la qualification européenne, si justement désirée. Cela pourrait n'avoir rien de très inquiétant, si seulement les autres formations ne poussaient autant derrière, quoi que ! Les Phocéens, menés au score, ont logiquement cherché à presser les Corses en mettant du temps à se montrer plus tranchants. Les supporters pouvaient manifester leur mécontentement à la pause, expression logique d'une certaine frustration à répétition. L'OM était mené au score sans avoir su hausser son niveau de jeu durant une bonne demi-heure et avec une erreur fatale en défense qui mettait la formation marseillaise en grand danger. Pourtant, en défense, Troussier avait choisi d'aligner un autre dispositif tactique autour de Beye, Déhu et Meité pour apporter plus de mouvements devant. Le résultat se veut très loin des ambitions affichées.

La méthode Troussier a de quoi inquiéter au vu de la facilité avec laquelle un homme tel que Demont en est venu à bout. Il n'a eu de cesse de faire tourner en bourrique les Phocéens. Inquiétant, tout autant que les déchets en attaque. Les Marseillais n'ont pas su se serrer suffisamment les coudes pour relever le défi imposé par des Corses très réalistes et inspirés. A considérer la physionomie de cette rencontre, on ne peut que s'inquiéter des ambitions olympiennes. Heureusement, les adversaires ne semblent pas vouloir en profiter. Quelques points de satisfactions tout de même, avec la prestation encourageante de Pedretti dont l'assise sur les coups de pieds arrêtés a été indéniable. Sans être parfait, Dehu a également su rassurer lors de ses interventions propres. On lui reconnaît cette faculté de concentration. On ne peut pas nier non plus que des joueurs tels que Koke, Luyindula ou Marlet ne cherchent pas à rompre le mauvais sort. Ils se montrent trop maladroits devant les cages. Nasri conserve son enthousiasme. Il demeure néanmoins un problème flagrant de fluidité dans le jeu en règle général. Troussier doit encore trouver les solutions. L'espoir est venu de Beye, avec un but synonyme d'opportunisme retrouvé. Marseille semble pourtant bien fatigué, malgré l'indéniable présence d'individualités fortes. Le spectacle a pu sembler affligeant à bon nombre. Le temps de grâce est passé, mais il convient de relativiser. Lyon ne connait aucune concurrence. Derrière, Marseille reste plus efficace que bien des formations à un niveau que l'on se doit de juger toutefois insuffisant dans la manière.

La prestation d'Ajaccio

Incroyable mais vrai ! Cette remarque convient à merveille pour les Ajacciens qui se paient le luxe de s'imposer au match aller tout comme au match retour contre la formation marseillaise. Les Corses remportent ainsi une précieuse seconde victoire à l'extérieur et de prestige. Rolland Courbis peut se satisfaire du comportement de ses joueurs qui ont affiché suffisamment de niaque pour saisir cette chance de s'imposer. Les Corses ont parfaitement su jouer le contre, profiter des passes imprécises des Phocéens, des duels perdus en milieu de terrain et du manque de rythme. Les Corses ont parfois ridiculisé la défense adverse, à l'image de la prestation de Demont. Homme du match, il s'est montré intraitable sur son flanc droit. Edson a quant à lui profité d'une totale absence de marquage véritable à son encontre. Chapuis, sans un hors-jeu maladroit, aurait pu en faire de même. Les Corses ont brillé d'intelligence et d'inspiration, comme en témoigne l'arrêt réflexe de Porato qui aurait bien pu changer la donne, dans le cas contraire. Ajaccio a utilisé au mieux ses armes. Cela 'a pas été le cas de tous le monde.

Dans son malheur, Marseille a de la chance. Personne ne semble vouloir accrocher le strapontin européen qui permet d'accéder au tour préliminaire de la Ligue des Champions. Aucun des adversaires ne semble vraiment décider à saisir sa chance. L'OM conserve donc toutes ces chances, avant de se déplacer à Nantes qui se sentira moins menacé par la Ligue 2. Toutefois, comme pour Ajaccio, le maintien reste non assuré.

Réactions

Troussier (Entraîneur de Marseille) : «On savait qu'on pouvait construire une dimension européenne au bout de ca match. Tel est notre objectif. On est cruellement déçu de ne pas avoir pris trois points, de nos manques, de notre carence offensive. Sur l'ensemble du match, Ajaccio a montré un visage plus prompt que le nôtre. Au classement, on reste troisième et mathématiquement dans la course. Donc on n'a pas le droit de ne pas y croire. Il nous faut chercher à comprendre pourquoi on n'a pas été capable de s'imposer.»

Marseille 1-2 Ajaccio
Stade Vélodrome / Spectateurs : 45 000 environ
Arbitre : M. Viléo
Buts : Beye (59') / Demont (25'), Edson (53')
Avertissements : Meite (45'), Eduardo Costa (56'), N'Diaye (73'), Yahiaoui (88') / Rodrigo (26'), Dzodic (34'), Seck (67'), Demont (88')

Les équipes :
Marseille : Barthez (cap), Beye, Dehu, Meite, Olembe, Pedretti, Eduardo Costa (N'Diaye, 57'), Koke (Bamogo, 74'), Nasri (Yahiaoui, 84'), Marlet, Luyindula

Ajaccio : Porato, Laurenti (cap), Seck, Dzodic, Collin, Demont, Ouadah (Gaspar 91'), Andre Luiz (Merlin, 87'), Rodrigo, Robin, Edson (Chapuis, 70')