Zidane
et Ronaldo sous-payés au Real ? |
Pas de souci pour leur retraite
mais les deux meilleurs joueurs du Monde ne sont pas les mieux rémunérés
par leur club. Les deux plus gros salaires du football européen
sont pour Campbell et ... Recoba ! A la veille de l'ouverture du mercato
d'été, des chiffres et quelques surprises dans le billet
de cette semaine.
Le P.S.G. ne pourra pas garder Ronaldinho
!
Si vous gagnez 2000 euros
par mois, vous êtes à peu près dans la moyenne des
travailleurs français. Si vous êtes footballeur et que vous
gagnez 10 fois plus, soit environ 20 000 euros mensuels, vous êtes
dans la moyenne des footballeurs français. Si vous gagnez plus de
100 fois ce montant, soit plus de 200 000 euros par mois (2,4 millions
par an), vous êtes une vedette du ballon rond et il y a de bonnes
chances pour que vous ne jouiez pas dans l'hexagone. En effet, selon l'enquête
annuelle de France Football sur les revenus des stars, parue la semaine
dernière (*), les salaires annuels (hors primes et publicité)
des plus grands oscillent entre 3,5 et 7,3 millions d'euros, et presque
tous jouent dans trois pays: l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie.
Un seul joueur en France
atteint de tel sommets, il s'agit de Ronaldinho dont le salaire
est estimé à près de 4 millions d'euros. Il devance
nettement les vedettes monégasques, Simone, Nonda
et Giuly (environ 2,5 millions), les stars brésiliennes de
Lyon, Anderson et Edmilson (environ 1,8 million) ou encore
le marseillais le mieux payé, Bakayoko (1,5 million) (**).
Dans ces conditions, on imagine mal le Paris Saint-Germain, en pleine restructuration
et sans challenge sportif motivant pour la saison prochaine, garder son
meilleur joueur. Ronaldinho va donc sans doute quitter la France pour l'Espagne
ou l'Italie (Barcelone ? Juventus ?). Seul l'Olympique Lyonnais pourrait
peut-être se mettre sur les rangs pour ajouter un joyau brésilien
à son équipe mais ce serait un risque financier et sportif
peu dans le style de son rigoureux président Jean-Michel Aulas.
Pressé par la DNCG, Monaco, malgré une fiscalité avantageuse,
devra également vendre quelques uns de ses gros salaires.
Recoba mieux payé que Zidane
!
Des salaires qui sont toujours
au plus haut dans les grands clubs européens. Mais le dossier de
France Foot révèle quelques surprises de taille. D'abord,
qui l'eut cru, la palme de la plus grosse fiche de paye revient à
un défenseur: Sol Campbell avec un salaire annuel de 7,3
millions d'euros, soit 610 000 € par mois. Sans conteste, le solide
défenseur d'Arsenal est un fin négociateur. Tout aussi surprenant,
la seconde place est pour Alvaro Recoba, l'attaquant de l'Inter,
avec 7 millions d'euros. Un rapport qualité/prix plus que douteux
? Viennent ensuite Roy Keane et David Beckham, milieux défensif
et offensif de Manchester United, le club le plus riche du Monde, avec
6,6 millions. Et puis seulement le quatuor du Real Madrid (Zidane,
Ronaldo,
Raul
et Figo) avec 6,4 millions d'euros. Pas de trace de
Roberto Carlos
dans ce palmarès un peu particulier. Les défenseurs ne sont
vraiment pas le souci principal du club Champion d'Europe ! Thierry
Henry, avec 3,6 millions d'euros, pourra quant à lui aller demander
une rallonge à ses dirigeants d'Arsenal, tout auréolé
qu'il est de son élection comme meilleur joueur de Premier League.
Au salaire, qui correspond
au minimum (!) garanti, il faut ajouter les primes de match et les primes
pour les titres remportés. Et là, surprise ! Alors que de
plus en plus de salariés voient leurs chèques de fin de mois
dépendre de leur rendement par le biais de primes sur objectifs,
les footballeurs font figure de véritables fonctionnaires. En effet,
les primes ne représentent que moins de 5% de leur salaire. Blessés,
sur le banc ou hors de forme, leurs faramineux salaires continuent de tomber.
Mouiller le maillot, faire le spectacle, gagner des titres, ce qui est
la justification de pourquoi on les paye, ne leur rapporte qu'à
peine plus !
Beckham et Nakata, les Kournikova du
foot
Après le salaire et
les primes, il faut rajouter les revenus provenant du marketing et de la
pub. Il n'est alors plus du tout question de valeur intrinsèque
mais seulement de popularité, de look et d'adéquation avec
le star-system et la mode du moment. Dans ce domaine, pas de surprise,
c'est le spice boy de Manchester, David Beckham, qui remporte le
jackpot avec 8,4 millions d'euros de revenus annexes, soit 56% de son revenu
annuel total, qu'il porte ainsi à plus de 15 millions d'euros !
Soit environ ce que gagne un ouvrier en 30 vies de dur labeur !
Merci Adidas, Pepsi ou Vodaphone
! Cette manne lui permet d'être le footballeur le plus riche du Monde.
La deuxième place revient logiquement à notre Zizou national
qui avec 7,4 millions de revenus publicitaires porte son total à
14 millions par an.
Ils sont une dizaine de superstars
à ainsi, grâce à la publicité, doubler leurs
revenus. Dans leurs rangs, on trouve bien sûr Ronaldo, et
aussi Del Piero, Vieiri, Owen, Batistuta, Maldini
et Henry. Bref, que des belles gueules, ce qui explique pourquoi
les Italiens sont en si bonne place ! Dans les produits qui rapportent,
la surprise vient du japonais de Parme, Hidetoshi Nakata, qui représente
une ouverture vers les marchés asiatiques, ce qui lui permet de
gagner autant que Ronaldo en revenus publicitaires, soit 5 millions d'euros
par an.
Évidemment, le risque
pour tous ces joueurs est de tomber dans le syndrome Kournikova, c'est
à dire plus penser à travailler leur look que leur technique
ou leur condition physique. Et puis il y a quand même quelques désagréments.
Barthez
est condamné à garder son crâne de Monsieur Propre
et Pires son look de minet du XVIème, ses cheveux longs et
son bouc étant des clauses obligatoires de ses contrats avec Pétrole
Hahn et Puma. De nos jours, le ridicule ne tue plus: il rapporte.
Réduire la fiscalité ou
ouvrir un salon de coiffure ?
Alors que revient la saison
des transferts et que l'on reparle de modération salariale, que
peuvent les clubs français pour espérer garder leurs meilleurs
joueurs face à la puissance économique des grands clubs européens
? Certains plaident pour une réduction de la fiscalité frappant
les footballeurs, arguant de la durée relativement courte de leur
carrière (excuse non recevable puisqu'ils gagnent en une carrière
plus que vous ne pourrez jamais espérer, même en jouant au
loto). Cette défiscalisation partielle me semble quelque peu immorale
même si elle pourrait s'avérer efficace. Le devoir de solidarité
doit s'appliquer à tous. Par contre, il faut essayer d'aller vers
une harmonisation européenne dans ce domaine, augmenter fortement
les indemnités versées aux clubs formateurs, et contrôler
plus sérieusement la gestion des grands clubs européens,
comme le fait la DNCG en France.
En attendant, pour attirer
les grands joueurs sans prendre trop de risques financiers, les présidents
français peuvent proposer des challenges sportifs motivants, agrémentés
de primes exceptionnelles en cas de réussite. Et, comme à
Lyon, ne pas mettre la charrue avant les bœufs, construire sur du solide
pour obtenir une continuité dans les résultats pour enfin
pouvoir ouvrir un salon de coiffure(***) et soigner le look de ses vedettes
en rentabilisant leur image !
(*) France Football n°2978
du 06/05/03
(**) Lyon Mag n°124
d'avril 2003
(***) OL Coiffure
A la semaine prochaine
pour une nouvelle édition du billet de Carl !
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à cet article - Par Carl Antoni
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