Etre attaquant à l'OM, c'est être en sursis : Djibril Cissé devrait être prêt d'ici cinq semaines, à en croire les prévisions d'Albert Emon. Et selon toute vraisemblance, l'ex-Auxerrois retrouvera vite une place de titulaire. Qui en fera les frais ?

En présence de Cissé, l'entraîneur phocéen Albert Emon envisage de faire évoluer son équipe en 4-2-1-3, avec un meneur de jeu (Ribéry), deux ailiers et un seul avant-centre, ou en 4-4-2, avec deux ailiers et deux attaquants. Selon l'option choisie, quelles sont les chances pour Pagis, Niang et Maoulida de conserver leur place de titulaire ?

Avec un attaquant axial

Albert Emon l'a assuré, Djibril Cissé jouera dans l'axe, son poste de prédilection. Hors de question pour le coach marseillais de décaler son buteur sur le côté droit comme le faisait Rafael Benitez à Liverpool. Dès lors, c'est Mickaël Pagis qui subirait le plus directement la concurrence de l'international français. L'ancien Sochalien, auteur de quatre buts en huit matches de L1 cette saison, n'a pourtant rien à se reprocher en terme de rendement. Il risque pourtant de payer son manque de polyvalence, le poste d'avant-centre étant le seul auquel il peut évoluer, alors que Niang ou Maoulida se partagent souvent les ailes.

A propos de Mamadou Niang, en voilà un qui, si le retour de Cissé avait lieu demain, ne serait pas mis en danger. Non seulement l'international sénégalais occupe le flanc gauche de l'attaque olympienne, mais surtout, il est actuellement en pleine forme. Certes, trois des quatre buts qu'il a inscrits cette saison en championnat l'ont été sur penalty ; cela ne doit toutefois pas masquer le fait que l'ex-Strasbourgeois, percutant et insaisissable, se montre souvent le plus dangereux des Phocéens. Ne lui manque encore qu'un brin d'efficacité, ce qui ne l'empêche pas d'être pour l'instant un titulaire indiscutable.

Dans un système avec deux ailiers et un avant-centre, Toifilou Maoulida profite du fait qu'il est, au sein de l'effectif olympien, le joueur le plus apte à occuper le couloir droit. Mais ses prestations actuelles, sans être mauvaises, ne sont plus aussi bonnes qu'en fin de saison dernière, quand il accumulait les buts et les passes décisives. L'état de grâce est fini, à tel point que l'ancien Rennais n'a été titulaire que cinq fois en L1. En décalant Niang à droite ou en installant Nasri à sa place, comme contre Bordeaux par exemple, Maoulida n'est plus indispensable. Cependant, sa spécificité le protège davantage que Mickaël Pagis.

Avec deux attaquants

Au cas où Albert Emon choisirait d'aligner un duo en attaque, Pagis et Niang seraient en concurrence pour épauler Djibril Cissé. Le premier jouit d'une complémentarité a priori plus grande avec l'ancien Red : sa technique, son jeu de tête et sa capacité à offrir des passes décisives sont autant de qualités que l'international français n'a pas. Tout du moins, elles ne font pas partie de ses points forts, lui dont la vitesse en fait typiquement un joueur de profondeur. Le duo Pagis-Cissé peut rappeler la doublette Bergkamp-Henry qui officiait à Arsenal jusqu'au début des années 2000, même si leur valeur respective est difficilement comparable.

Niang aurait sans doute plus à craindre d'une telle orientation tactique. On a en effet quelques difficultés à l'imaginer en soutien de Cissé, avec qui il présente beaucoup de similitudes. La vitesse notamment, même si Niang préfère conserver le ballon et partir en dribbles, alors que l'ancien Auxerrois s'en débarrasse en général assez vite : quand Cissé a le ballon dans les pieds, c'est pour le mettre au fond des filets. Le Sénégalais est toutefois capable de déborder et de servir son attaquant, en témoignent les trois passes décisives qu'il a déjà délivrées cette saison. Malgré tout, la complémentarité des deux joueurs ne saute pas aux yeux.

Dans un tel schéma tactique, les chances pour Toifilou Maoulida d'être titulaire seraient quasiment réduites à néant. Pour le poste de deuxième attaquant, l'ancien joueur du FC Metz est actuellement un troisième choix, derrière Pagis et Niang. La faute à un profil un peu mieux adapté au poste d'ailier, même si, durant toute la deuxième moitié de la saison dernière, Maoulida s'est adapté aux différents postes de l'attaque avec une réussite égale. En outre, lorsque l'OM a évolué en 4-4-2, Emon a préféré aligner Nasri sur le flanc droit.

Notons enfin le cas d'Habib Bamogo, déjà habitué à être remplaçant et dont l'efficacité en tant que joker (2 buts en n'ayant été titulaire que deux fois) tend paradoxalement à le conforter dans ce rôle de doublure de luxe.

Albert Emon a la chance de posséder dans son effectif plusieurs attaquants polyvalents et de qualité. Grâce à ses prestations et son positionnement, Niang possède en ce moment de l'avance sur ses compères en vue du retour de Cissé. Mais celui-ci n'interviendra que dans un bon mois, et les choses peuvent encore changer d'ici-là…