La fête
a battu son plein hier dans les rues de Nantes, pour célébrer
le huitième titre de champion du FCNA. Le public a ainsi partagé
la joie des joueurs, qui ont surtout voulu donner toute sa place au collectif
pour expliquer ce succès inattendu mais pas immérité.
Par une douce soirée, dans
la cité des Ducs...
Tout un stade en train de pagayer.
A la limite, l'image était encore plus inattendue qu'un titre de
champion de France. Qui se serait douté que Marama Vahirua marquerait
tant de buts ? Par quel miracle a-t-il réussi à inventer
une mimique de buteur inconnue jusque là, en ces temps où
certains attaquants font plus d'effort pour en trouver que pour marquer
avant ? Comment se fait-il qu'aujourd'hui Luis Figo et Marlon Brando connaissent
ce Tahitien de 21 ans, que d'aucuns avaient déjà jeté
dans les oubliettes de leur ténébreuse cervelle un soir maudit
de l'automne 1999, quand Vahirua avait complètement manqué
son entrée face à un PSG à qui tout réussissait
(0-4) ?
Le titre, le huitième du FCNA,
n'en est pas moins une surprise, au même titre que l'éclosion
du gentil Marama. Pour autant, les Nantais ne se sont pas fait prier pour
le fêter dignement. Pas besoin d'attendre pour apprécier.
Samedi soir, dans la cité des Ducs, sous une douceur estivale d'une
superbe actualité (alors qu'il faut bien avouer que depuis huit
mois, les rayons de soleil font leur apparition... au compte-gouttes !),
après avoir célébré toute l'équipe à
la Beaujoire, ou après avoir suivi la retransmission sur écran
géant à Beaulieu, ou après avoir vibré dans
les bars du centre-ville, ou après avoir simplement suivi tout cela
de chez soi, c'est une véritable marée humaine qui, pour
ne pas déroger à une tradition maintes fois observée
depuis trente-six ans, a envahi la place Royale.
Après la tension d'un match
crispé, la délivrance et la joie collective. Le traditionnel
bain dans la fontaine de Neptune, lui même garni d'une floppée
de fêtards hilares, s'accompagne des chants de la masse accourue
là, "ce soir, on vous met le feu" en tête : la goutte d'eau
qui met le feu aux poudres, en quelque sorte. Un concert de klaxons accompagne
tout cette euphorie jusqu'au bout de la nuit...
La victoire d'un groupe
Pendant ce temps, les joueurs livrent
leur premières réactions aux médias, mais honneur
d'abord à leur entraîneur, Raynald Denoueix, le sage, le garant
d'un esprit que tous espèrent éternel : "Ce titre, on
va l'apprécier chaque jour un peu plus. La saison est tellement
longue, on est passés par tellement d'états, que la joie
est à la hauteur de ce qu'on a pu ressentir depuis juillet. Le jeu
à proprement parler, c'est de vivre des moments comme ceux-là.
On n'éprouve qu'un énorme sentiment de bonheur. C'est le
paradis ce soir." Un commentaire qui rappelera singulièrement
celui fait au soir du maintien, acquis à la dernière journée
l'an passé...
La parole au buteur, Marama Vahirua
: "J'espère que mon nom va rester à vie dans l'histoire
du club. [...] J'avais deux fois plus envie de marquer en raison de mon
anniversaire. Je me suis donc offert mon cadeau et j'ai aussi pu montrer
que je n'étais pas qu'un joker. Je suis presque triste que ça
se termine, car ça passe tellement vite ! Et en même temps,
on est contents et soulagés d'en finir car il y avait tellement
de tension."
Ecoutons également Eric Carrière,
élu récemment meilleur joueur de D1 par ses pairs : "C'est
plus fort que nos deux Coupes de France. Les coupes, ce sont des titres
éphémères. Ce titre-là, il va durer."
Pour finir, comme un paradoxe, une
recrue dans un effectif composé très majoritairement de joueurs
issus du centre de formation, Nicolas Laspalles : "Ce soir, c'est la
consécration, le résultat d'un travail collectif, pas simplement
d'une équipe mais de tout un groupe. C'est le club le plus régulier
qui est récompensé. [...] J'espère que l'on va pouvoir
garder ce groupe, car il est vraiment pétri de qualités."
Ce dernier point est loin d'être
évident. Mais que l'ivresse du titre fasse un temps oublier des
lendemains qui ne chanteront pas forcément pour les supporters nantais,
très attachés au maintien de l'intégrité du
groupe, que les données économiques et les ambitions sportives
de chacun ne permettront sans doute pas d'assurer. Bravo Nantes !
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à cet article - Par Yann Peltier à Nantes
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