L'entraîneur
bosniaque du LOSC, Vahid Halilhodzic, a finalement décidé
de continuer l'aventure lilloise ! Celui qui reprochait au club et à
son environnement de manquer d'ambition s'est vu offrir pour la saison
prochaine les pleins pouvoirs sportifs, qui en feront une sorte de manager
à l'anglaise. Quoi de plus normal à proximité du Channel
?
C'est la fin d'un feuilleton de plusieurs
mois : Vahid Halilhodzic reste à Lille. L'entraîneur bosniaque
disposera de prérogatives élargies au LOSC et devrait avoir
les moyens de conduire le club dans sa progression globale, qui doit soutenir
et accompagner une progression sportive fulgurante et sans doute dure à
digérer. En effet, Halilhodzic est arrivé en septembre 1998
dans un club de D2 menacé par la relégation en National,
alors qu'aujourd'hui le LOSC est assuré de disputer la première
coupe d'Europe de son histoire, à savoir au moins la Coupe de l'UEFA.
Entre modestie et ambition
L'ancien buteur nantais et parisien
se plaignait de ne pas être suivi dans son ambition pour le club
par ses dirigeants et la municipalité lilloise. Il s'en était
vertement ouvert aux médias et affirmait qu'un départ était
inéluctable si le LOSC devait être ainsi abandonné
à ses carences. Entre infrastructures limitées (conditions
d'entraînement, stade) et budget réduit, le Bosniaque pensait
ne pas pouvoir mener le club lillois, qui représente tout de même
la quatrième ville de France, où sa récente réussite
sportive lui permettait d'espérer aller.
Mais la municipalité a promis
son soutien au prochain passage du stade Grimonprez-Jooris de 20 000 à
35 000 places il y a un mois. Et les dirigeants ont dû convaincre
leur technicien quant à leur volonté de développer
le LOSC dans la durée : "J'ai aussi reçu des assurances
de dirigeants, y compris du maire de Lille, Martine Aubry, de soutenir
le club pour lui permettre d'être ambitieux." Halilhodzic, à
qui il reste quatre ans de contrat, a donc décidé de continuer
son chemin avec Lille, et se projette déjà dans la prochaine
saison : l'objectif est le "maintien", parce que "la deuxième
année après une remontée est toujours la plus difficile".
Les pleins pouvoirs sportifs
Le rôle du Bosniaque dans le
club sera accru. Assuré des pleins pouvoirs sportifs, il sera un
véritable manager, chargé du budget du recrutement. Cet aspect
des choses a certainement été déterminant dans son
choix, puisqu'il a refusé une augmentation de salaire mais n'aurait
jamais accepté de ne pas être le seul maître à
bord du point de vue technique : "Une carte blanche sur le plan sportif
est plus intéressant que l'argent." Le budget du club sera porté
à environ 150 MF, ce qui permet dès aujourd'hui à
Halilhodzic d'avertir "qu'aucun joueur de l'effectif ne sera bradé".
Ce qui lui permet également d'accorder à certains d'entre
eux des "augmentations substantielles de salaire" pour rester en
dépit des sollicitations extérieures : la masse salariale
sera augmentée de 30%.
L'attachement du groupe à
son entraîneur n'est pas à négliger dans la décision
de celui-ci de ne pas quitter le LOSC. Ces dernières semaines, quelques
mots échangés avec ses joueurs lui ont fait comprendre qu'il
comptait beaucoup pour eux. Les dirigeants ont également fait un
pas dans sa direction, puisqu'il sera actionnaire de la toute nouvelle
SASP (Société Anonyme Sportive Professionnelle) avec 3000
titres (entre 0,5% et 1% du capital, qui se montera à 50 MF et dont
les joueurs détiendront pour leur part 10%).
Malgré de nombreuses propositions
En restant au LOSC, Halilhodzic ruine
les espoirs de bon nombre de clubs qui souhaitaient l'engager, éventuellement
à prix d'or, comme l'a confirmé le président Francis
Graille : "Vahid a fait un choix qui n'est pas financier car il avait
de meilleures propositions ailleurs. Ce n'est pas un mercenaire et il reste
fidèle à l'équipe qu'il a commencé à
bâtir." Cette fidélité chagrinera sans doute des
clubs anglais, mais aussi Marseille et Monaco. Le club de la Principauté
a d'ailleurs confirmé Claude Puel dans ses fonctions il y a quelques
jours seulement, malgré la récente défaite en finale
de la Coupe de la Ligue, qui le privera de Coupe de l'UEFA : était-on
au courant du revirement d'Halilhodzic côté monégasque
?
Toujours est-il qu'à 48 ans,
Halilhodzic a fait un choix qu'il espère déterminant pour
l'histoire du club lillois, et qui le sera également pour sa carrière
de technicien, commencée à proximité du Nord, à
Beauvais, et poursuivie ensuite avec succès au Maroc, où
il aura remporté deux titres de champion et une Coupe d'Afrique
des clubs champions avec le Raja Casablanca. Après avoir pas mal
bourlingué, après avoir visité les plus grands clubs
européens pour observer leurs méthodes et leurs pratiques,
le voici qui se fixe au LOSC pour un bail qu'il espère long.
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à cet article - Par Yann Peltier
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