Ballon d'Or : Hakimi, ce n'est pas tabou

Par Youcef Touaitia - Actu Ligue 1, Mise en ligne: le 25/06/2025 à 14h30
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Vainqueur du quadruplé avec le Paris Saint-Germain, décisif dans tous les grands matchs, jamais blessé, et plus influent que jamais à son poste, Achraf Hakimi a réalisé une saison 2024–2025 d'un niveau rarissime pour un latéral. Suffisant pour se mêler à la course au Ballon d'Or ?

Ballon d'Or : Hakimi, ce n'est pas tabou
Achraf Hakimi, une saison monumentale.

Chaque année, le Ballon d'Or déclenche la même mécanique : chiffres, émotions, symboles, mémoire courte. Et chaque année, les votants se tournent majoritairement vers les postes offensifs, comme si le football ne s'écrivait qu'avec des dribbles et des buts. Défendre, créer le déséquilibre sans être le buteur, organiser sans être spectaculaire, reste perçu comme secondaire. Le reste ? Des mentions d'honneur dans un classement conçu pour les génies du dernier geste.

En 2025, cette logique pourrait vaciller. Car dans la meilleure équipe du monde, le Paris Saint-Germain, un joueur a été constant, décisif, inarrêtable. Il n'a pas volé la lumière, il l'a méritée. Il ne s'est pas contenté d'être solide, il a été brillant, et plus encore. Ce joueur, c'est Achraf Hakimi (26 ans). Et s'il ne correspond pas à l'archétype d'un Ballon d'Or, c'est peut-être ce qui rend sa saison encore plus impressionnante.


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Une saison sans faille

Le Marocain a disputé 59 matchs cette saison, pour un total de 12 buts et 15 passes décisives, toutes compétitions et équipes confondues. Ces chiffres, déjà impressionnants pour un latéral, le deviennent encore davantage lorsqu'on les place dans leur contexte : Hakimi a été buteur en quart de finale, en demi-finale et en finale de Ligue des Champions. Son but face à Aston Villa a lancé le run décisif. Sa frappe imparable contre Arsenal a scellé la qualification pour la finale, lors de laquelle il a ouvert la marque face à l'Inter. Pendant que d'autres brillaient par intermittence, lui a tenu le couloir droit du PSG sans jamais lever le pied. Pas une blessure, pas une absence prolongée, pas un creux. Il a traversé l'année avec une fiabilité chirurgicale, dans une zone de jeu où l'erreur se paie cash et l'endurance est un prérequis.

Ce niveau de disponibilité n'est pas un simple bonus. C'est un critère fondamental dans une saison où l'intensité des matchs, le calendrier, les exigences physiques ont broyé des stars par dizaines. Hakimi, lui, sort d'un enchaînement de deux saisons sans interruption : CAN en janvier 2024, Jeux Olympiques l'été dernier, reprise en août, 17 matchs quasiment disputés dans leur intégralité en Ligue des Champions de septembre à mai... Il a été laissé au repos seulement dix fois sur 69 matchs potentiels. Et dans les 59 disputés, il a été remplacé à seulement cinq reprises. Si les talents créatifs sont souvent loués, il faudrait aussi mesurer l'exploit de rester performant, disponible, régulier et décisif à très haut niveau. C'est ce qu'a fait Hakimi cette année. Sans pause. Sans faille.

Deux latéraux ont fini sur le podium depuis 30 ans

Depuis la création du Ballon d'Or en 1956, seulement trois défenseurs ont remporté le trophée : Franz Beckenbauer (1972, 1976), Matthias Sammer (1996) et Fabio Cannavaro (2006). Les latéraux ? Aucun. Deux joueurs légendaires sont parvenus à grimper sur le podium : Paolo Maldini, 3e en 1994 et 2003 puis 6e en 2005, et surtout Roberto Carlos, 2e en 2002, mais aussi 5e en 1997 et 8e en 2003. Des monstres sacrés, des icônes de leur époque. Ni Cafu, ni Dani Alves, ni Marcelo, n'est parvenu à intégrer le TOP 10, où ont tout de même atterri Lilian Thuram (7e en 1998), Philipp Lahm (6e en 2014) et Dani Carvajal (4e en 2024). C'est dire combien la position de latéral reste ignorée, marginalisée, reléguée aux compliments de second plan. Comme si briller en bord de terrain revenait à jouer en bord de débat.

Hakimi n'est pas juste un bon latéral. Il est, de l'aveu de Jean-Michel Larqué, «un joueur qui a réinventé le poste» . Il ne se contente pas de courir, de bloquer, de centrer. Il mène les transitions, dicte le tempo, absorbe et lance les vagues. Il fait gagner des mètres, des duels, des temps de jeu. Il attaque comme un ailier, défend comme un central, pense comme un relayeur. Avec Nuno Mendes à gauche, le PSG dispose de la meilleure paire de latéraux au monde cette saison. Mais Hakimi a été celui qui a mis la main sur les matchs. Celui dont la montée changeait le cours des choses. Celui dont la percussion déclenchait l'action. La rareté de son profil, son volume de jeu et son intelligence de lecture font de sa saison non pas une simple réussite individuelle, mais une anomalie statistique et tactique qui le place de facto parmi les potentiels Ballon d'Or.

Dans un groupe de six joueurs

Dans une saison sans Euro ni Coupe du monde, les clubs ont repris tout leur poids. Ousmane Dembélé a été élu meilleur joueur de Ligue 1 et de Ligue des Champions, et son explosion à partir de janvier a porté le PSG vers la saison parfaite en attendant le dénouement durant la Coupe du monde des clubs. Incontournable contre Aston Villa, décisif face à Arsenal et très précieux en finale contre l'Inter, l'ailier français a incarné l'élan offensif de l'équipe. Mais Dembélé a aussi traversé une première moitié de saison plus effacée, irrégulière, frustrante. Son déclic n'a eu lieu qu'après la trêve hivernale. Hakimi, lui, a été là d'août à juin, titulaire tous les trois jours, impactant dans le jeu, au marquage, dans la relance et dans la finition. Toujours au-dessus de la moyenne et de très loin.

Lamine Yamal ? Un sérieux client. L'ailier du FC Barcelone a été impressionnant, souvent magique, mais il lui manquera la Ligue des Champions pour regarder les Parisiens dans les yeux. Un constat que l'on peut aussi faire pour Raphinha, qui vient de boucler la saison de sa vie. Mohamed Salah ? Phénoménal en Premier League – meilleur joueur, meilleur buteur et meilleur passeur - mais éliminé en 8es de finale de la Ligue des Champions par… le PSG. Une sortie bien trop précoce pour faire de l'ombre aux champions d'Europe. Un groupe de joueurs dans lequel on peut intégrer Vitinha, exceptionnel d'intelligence, mais plus discret en chiffres. Le seul à avoir été décisif de bout en bout sans faiblir, à avoir surgi au moment attendu, à avoir brillé sans discontinuer sur la scène européenne comme nationale, c'est Hakimi.

Le poids de l'Afrique

Depuis le sacre de George Weah en 1995, l'Afrique n'a jamais vu l'un des siens remporter le Ballon d'Or. Samuel Eto'o (10e en 2005, 6 en 2006, 5e en 2009, 8e en 2011), Didier Drogba (8e en 2006, 4e en 2007, 9e en 2009, 8e en 2012), Mohamed Salah (6e en 2018, 5e en 2019, 7e en 2021, 5e en 2022), Riyad Mahrez (7e en 2016, 10e en 2019) ou Sadio Mané (4e en 2019, 2e en 2022) ont brillé, mais toujours été devancés par d'autres. En juin 2025, 22 pays africains figurent parmi les 100 votants habilités à désigner le vainqueur. Et cette fois, il n'y a pas débat sur la figure de référence : Salah a été immense en Premier League, mais sa sortie de route en Ligue des Champions et l'absence de compétition internationale cette saison devraient laisser le champ libre à Hakimi.

«La dernière fois qu'un Africain a dominé autant une saison, c'était Eto'o en 2010 avec l'Inter» , a fait remarquer Olivier Dacourt pour Afrik Foot. Et à l'époque déjà, le Lion Indomptable n'avait pas été couronné, malgré un triplé avec l'Inter, terminant même à une très décevante 12e place. Que manque-t-il donc à Hakimi ? Rien. Il a le palmarès, les statistiques, les matchs décisifs, la longévité, la victoire en confrontation directe, la portée mondiale. Ce qu'il représente dépasse sa seule nationalité. Il incarne le joueur moderne par excellence. Dans un football qui évolue, où les postes hybrides prennent le pouvoir, Hakimi est l'incarnation du présent. Sa seule limite, c'est peut-être son poste. Mais après le sacre de Rodri au nez et à la barbe de Vinicius Junior, après la fin de la rivalité entre Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, tout peut sembler possible.

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