Monaco ne perd plus. A la manière d'un grimpeur, le club du Rocher remonte la pente et semble s'être assuré du maintien. Si l'Europe n'est qu'à portée de fusil, la fin de saison est surtout l'occasion de préparer la saison prochaine.

Depuis deux mois, Monaco est l'une des plus efficaces équipes de L1 : une seule défaite à Paris (2-4) pour quatre succès, le dernier en date face à Nantes (2-1). Sans le début de championnat complètement raté de l'ère Boloni (7 défaites lors des 10 premières journées), nul doute que les Monégasques seraient en lutte pour la Ligue des Champions. Les différents remaniements d'effectifs ont porté leurs fruits, comme en témoigne la forme internationale de Frédéric Piquionne.

Le mercato fait recette

Membre des quatre nouveaux mousquetaires des Bleus appelés par Raymond Domenech, l'ex-Stéphanois n'a rien perdu de son efficacité devant le but en s'exilant en Principauté. Le plus souvent associé à Jan Koller (6 buts en 25 matchs de L1 cette saison), Piquionne a dû s'acclimater au jeu de déviation du Tchèque, sensiblement différent à celui d'Ilan, son ancien partenaire sous le maillot Vert. Les automatismes avec le colosse se rodent et permettent au néo-international de continuer à briller : 3 réalisations en 7 rencontres, et beaucoup de mouvements, de courses devant le but, de poids offensif.

Son arrivée coïncide avec celle d'un jeune international colombien de presque 20 ans : Juan Pablo Pino. Star dans son pays, à l'Independiente de Medellin, ce milieu offensif a démontré, en l'espace de 144 minutes jouées, d'immenses qualités. Contre le PSG, à peine entré en jeu, il provoque un penalty ! Vitesse, dribble, technique impeccable… Un hybride de Ludovic Giuly et de Marcello Gallardo, en quelque sorte. Si le réveil monégasque ne leur est pas uniquement imputable, ces deux nouveaux occupants offrent beaucoup plus de solutions à Laurent Banide, l'entraîneur. Celui-ci n'a plus à titulariser le milieu espagnol Gérard aux avant-postes, faute d'attaquants valides !

Reconstruire, mais en douceur

Alliage entre joueurs expérimentés (le gardien Flavio Roma, 32 ans, l'attaquant Jan Koller) et jeunes pousses offensives (Serge Gakpé, Jérémy Menez, Pino), Monaco est une équipe qui peut paraître hétérogène : pas moins de 28 joueurs ont été utilisés par le club depuis la première journée ! La nécessité de trouver une ossature, de dégager une équipe type pousse Laurent Banide à composer au gré des mécontents et des méformes. Ainsi, le meneur de jeu Camel Meriem n'est plus systématiquement titulaire ; il n'est même pas entré en jeu au Mans (2-0). En écartant des compositions d'équipe certains joueurs comme l'attaquant uruguayen Vargas ou le latéral gauche Manuel Dos Santos, Banide les incite implicitement à plier bagages. L'incorporation de Pino, si prometteur soit-il, doit être progressive : découvrant le football européen, le prodige doit aiguiser ses lames. Les neufs dernières rencontres de la saison lui en donnent l'opportunité.

Banide semble d'ailleurs vouloir d'abord assurer ses arrières plutôt que prôner un beau jeu idéalisé : «je pense plus au club qu'à moi et j'estime qu'il y a des moments où il vaut mieux prendre des points plutôt que de bien jouer» , déclarait-il en mars. Monaco peine encore à s'exprimer à domicile, et le succès contre Nantes ressemblait davantage à un sursaut d'orgueil qu'à une maîtrise collective. Le jeu est ainsi tourné vers la contre-attaque, par les percées de l'Ivoirien Yaya Touré, de Gapké ou de Piquionne. Le défenseur François Modesto confirme : «c'est clair qu'actuellement, il est plus facile pour nous de jouer à l'extérieur qu'à domicile. Cette année, on est une équipe de contre. Nous sommes capables de bien défendre pour aller ensuite très vite vers l'avant grâce à des joueurs comme Piquionne et Touré. C'est quelque chose qui s'applique plus facilement à l'extérieur car nous ne sommes pas obligés de faire le jeu.»

Avec Pino, Touré, Menez, Piquionne, Monaco dispose d'un collier offensif assez rutilant. Sans doute un peu tard pour rêver d'escapades européennes, mais suffisant pour envisager la saison future avec sérénité. Les priorités sont plutôt du côté de la défense, où Gaël Givet devrait partir pour permettre à Sylvain Monsoreau, transformé latéral gauche, de retrouver son poste de prédilection, au centre de la défense. Plusieurs arrières gauches sont ainsi pressenties, comme le Lillois Grégory Tafforeau ou le Belge Sébastien Pocognoli, du RC Genk. Comme dans beaucoup de clubs, l'AS Monaco est en travaux. Mais en Principauté, le chantier est déjà bien avancé.

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