Cette saison devait être celle du renouveau. Hélas, seulement 4ème de Liga, le Real Madrid se démarque davantage par ses bruits de couloir que par son jeu sur le terrain. Une déliquescence que la victoire contre Munich (3-2), en 8ème de finale aller de Ligue des Champions, n'a pas réussi à atténuer.

En arrivant en juillet avec dans ses valises Mahamadou Diarra, Emerson et Cannavaro, Fabio Capello pensait clore 3 ans d'insuccès. L'effervescence autour du FC Barcelone avait contraint le nouveau président Calderon à accorder les pleins pouvoirs à l'ancien entraîneur de la Juve. Rapidement, Capello mit au banc David Beckham en bouleversant les habitudes d'un club soucieux de retrouver son lustre d'autan. Alors, comment expliquer un échec qui s'annonçait imprévisible ?

Le maître contesté

Le tort de Capello, c'est qu'il a tenté d'importer au Real ce qui faisait sa force en Italie, sans prendre en compte les caractéristiques du club. Prépondérance de la défense sur l'attaque, anoblissement des barons Canavarro et Emerson, intransigeance disciplinaire : son acharnement à faire de l'équipe un bloc infranchissable a conduit à une dépréciation du spectacle que les supporters goûtent assez peu. Pour preuve, les misérables 12 buts inscrits en 11 rencontres à domicile, symbole d'une équipe ayant égaré ses valeurs sur le bord de la route. Certains joueurs regrettent cette évolution, comme l'Espagnol José Antonio Reyes : «nous avons un jeu très défensif parce que le coach veut que l'on joue comme ça, pour empêcher l'autre équipe de marquer. Mais il faut également marquer pour gagner un match. Si on défendait un peu moins, nous aurions plus de liberté en attaque. Nous sommes le Real Madrid, et nous ne devrions pas jouer pour défendre» , explique-t-il.

Le double jeu de Capello a également dérouté : ses efforts pour relancer Raul, en perdition depuis quelques années, n'étaient pas en adéquation avec sa volonté de mettre au placard Guti, Salgado et consort. Il a récemment rappelé Beckham et Helguera parmi les titulaires, après les avoir répudiés, puis s'est mis à dos Emerson, qui a refusé d'entrer en jeu en fin de rencontre contre Munich. Clairement, devant l'échec de ses méthodes, il fait volte-face et tente de recoudre ce qu'il a défait : n'est-ce pas un peu tard ?

Une politique de transfert opaque

La politique de recrutement madrilène est pour le moins étrange : si l'achat de "prodiges" de 20 ans est compréhensible pour un club à l'effectif vieillissant (particulièrement en défense), dépenser 60 millions pour le faire l'est beaucoup moins. Higuain est un bon joueur, mais vaut-il pour autant 13 millions d'euros ? Que représentent les 26 millions de Diarra, maintenant que le Malien est remplaçant ? Seul le milieu défensif Fernando Gago a justifié les 20 millions placés en lui : l'Argentin a d'ailleurs rayonné lors du récent France-Argentine (0-1). Conséquence : en titularisant Higuain (déjà 6 matchs depuis son arrivée), Capello s'est mis à dos le Brésilien Robinho, qui lui reproche de ne pas lui faire confiance. Celui-ci serait déjà en partance l'été prochain… Quant à Ronaldo, c'est avec Milan qu'il vient d'inscrire un doublé contre Sienne (4-3), se rappelant au bon souvenir de son ancien coach qui le jugeait "trop gros" .

Evoluer pour mieux repartir ?

On n'ose penser que Capello survivra jusqu'aux vendanges de l'été : son successeur devra, une nouvelle fois, recomposer avec les moyens du bord. S'appuyer sur les valeurs sûres : Casillas, Gago, van Nistelrooy. Renouer avec le jeu offensif, croire à Robinho – formidable attaquant ! – et souder un vestiaire trop divisé pour régner. Peut-être devra-t-il s'appuyer davantage sur son centre de formation, à l'instar de Barcelone. Le maillot blanc du Real, dans tous les cas, ne saurait supporter une nouvelle année à l'ombre des lauriers.

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