Les joueurs de Gérard Houllier souffrent, se blessent, mais continuent de gagner. Avec le fossé qui sépare le club rhodanien de ses poursuivants en Ligue 1, Lyon peut désormais voir venir. Et se tourner encore davantage vers l'Europe.

Lyon joue décidemment de malchance avec ses attaquants. Après Fred, puis Benzema, John Carew et le polyvalent Sylvain Wiltord ont à leur tour rejoint l'infirmerie. Lyon pourrait donc se déplacer chez son dauphin lensois sans avant-centre de métier. Florent Malouda, Sydney Govou, voire le jeune Loïc Rémy pourraient bien jouer les utilités à la pointe de l'attaque rhodanienne. Un souci qui n'en est pas vraiment un pour le club de Jean-Michel Aulas. Face à Paris, dimanche dernier, l'OL a arraché la victoire dans les dernières minutes grâce à des réalisations de Cris, son défenseur, et de Florent Malouda, son ailier gauche. Aucun attaquant de pointe n'était alors sur le terrain côté lyonnais.

Preuve de la faculté d'adaptation assez impressionnante d'une équipe qui continue de gagner, sans sourciller, malgré les tuiles qui se succèdent au sein de son effectif. Son bilan, en Ligue 1, est exceptionnel. 15 victoires en 17 matches, une petite défaite, la meilleure attaque (une moyenne de 2 buts par match), et la meilleure défense (11 petits buts encaissés en 17 matches). Et surtout, 14 points d'avance sur Lens, son actuel dauphin. A deux matches de la mi-parcours, les dés sont déjà jetés. Lyon plane, survole les débats à tous les niveaux. Comme l'OM du début des années 1990, dernière hégémonie en date sur le football français avant les Gones.

Les rois du finish

Ce qui frappe cette saison encore plus que les cinq précédentes années estampillées «OL» , c'est cette faculté qu'ont les Lyonnais à se sortir des situations compliquées, même quand leur emprise sur une rencontre n'est pas aussi soutenue qu'à l'accoutumée. L'équipe marche au mental, et dispose d'une énorme force de caractère. A six reprises cette saison, les Lyonnais ont ainsi arraché une victoire en Ligue 1 dans le dernier quart d'heure, alors qu'ils étaient jusqu'alors tenus en échec. Les succès face à Bordeaux (2-1, Wiltord, 87ème), Saint-Etienne (2-1, Juninho, 88ème), Valenciennes (2-1, Cris, 87ème, Squillaci, 88ème) et donc Paris en témoignent particulièrement. Les Gones ne lâchent jamais l'affaire. «Staff comme joueurs, tout le groupe va dans le même sens, on est tous des compétiteurs» , apprécie Cris, le défenseur brésilien, qui a joué les sauveurs contre Paris, comme quelques semaines plus tôt contre Valenciennes.

Cris, seul joueur de Lyon (avec, peut-être, Juninho) à être aujourd'hui clairement indispensable au sein de l'équipe lyonnaise. Sa seule absence depuis le début de la saison s'est traduite par la seule défaite des hommes de Gérard Houllier, à Rennes. Il s'agit de l'exception qui confirme la règle. Car Lyon dispose aujourd'hui d'une profondeur de banc unique en Ligue 1, qui lui permet de garder sa qualité de jeu en dépit des blessures et des suspensions. Contre Paris, c'est le jeune Hatem Ben Arfa, remplaçant des remplaçants, qui a mis le feu dans la défense parisienne. Au milieu de terrain, Diarra et Kallström sont plus que de simples doublures, Réveillère et Clerc se tirent la bourre pour le poste de latéral droit… le tout dans la sérénité la plus complète.

En route vers la consécration européenne ?

Un effectif sans cesse performant, malgré les changements et les blessures, une faculté à gagner les matches les plus compliqués… En bref, l'OL a aujourd'hui plus que jamais les caractéristiques d'un grand club européen, label Ligue des champions. Désormais craint et respecté, le meilleur club français semble enfin taillé pour décrocher la lune. La saison dernière, en quarts de finale, les Lyonnais avaient flanché dans les dernières minutes contre le Milan AC. Trop craintifs, ils avaient reculé devant la pression des Rossoneri. Aujourd'hui, l'OL ne craint plus personne. Et n'a pas de préférence pour les 8èmes de finale, pour lesquels il connaîtra son adversaire aujourd'hui. Qui pourrait être le Barça, ou l'Inter Milan.

D'ici à cette confrontation, l'OL se sera peut être encore renforcé, avec l'arrivée d'un nouvel attaquant de pointe, destiné à renforcer un secteur fragilisé par les blessures. En Ligue 1, Lyon peut improviser, faire avec les moyens du bord. Mais la Ligue des Champions est d'un tel niveau que l'OL ne peut se permettre de livrer un joueur inexpérimenté à ce poste en pâture aux plus hermétiques des défenses. Gérard Houllier veut donc se montrer prévoyant, et enroler un nouvel avant-centre. L'Argentin Milito et le Français Piquionne seraient suivis.

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