Voilà l'OM qu'on aime ! Au terme d'un match épique, les Marseillais remportent la finale retour Intertoto 5-1 face à La Corogne, et se qualifient brillamment pour la Coupe de l'UEFA.

Les enjeux de la rencontre

Avec un seul point pris en quatre journées de championnat, Marseille ne pouvait pas commencer plus mal la saison. L'équipe se cherche, se découvre, se rode et requiert du temps pour progresser. Problème, La Corogne n'attend pas ! Trois jours seulement après la défaite à Rennes (3-2), les Olympiens se retrouvent cette fois face à un défi à durée limitée. 90 minutes pour renverser une situation compromise au match aller (2-0) et accrocher une qualification en Coupe UEFA, aux dépens des Espagnols. Un autre scénario à l'issue de cette finale retour Intertoto, après six matchs éprouvants, laissera à coup sûr des stigmates. «On ne va pas faire une croix dessus. On va jouer cette finale retour de l'Intertoto sereinement. On est arrivé jusqu'en finale, ce n'est pas pour rien faire» . Echouer si prêt du but après avoir notamment écarté brillamment la Lazio Rome (1-1, 3-0) pourrait nourrir un peu plus la crise montante. Pourtant Fernandez tient un autre discours, affirmant que la priorité est désormais portée sur le championnat. «On fera le meilleur match possible, mais il est clair que, des deux matches de la semaine, c'est celui contre Ajaccio qui est le plus important» . L'heure n'est pas à l'optimisme. Lamouchi pour sa part est sceptique quant aux chances de qualification. «Il faudrait un match de folie de notre part. C'est-à-dire ne pas prendre de but, ressembler à une vraie équipe et jouer pour être capables de croire en nos chances» . Dans ce contexte et privé à nouveau de plusieurs joueurs, Fernandez propose une fois de plus une formation inédite. En l'absence de Déhu (élongation des adducteurs), Ferreira (suspendu) et Andre Luis (non qualifié), il aligne un 4-4-2 inédit composé de Carrasso dans les buts, Nakata et Méité en défense centrale, Taiwo et Beye sur les côtés, Delfim et Lamouchi à la récupération, Oruma et Ribéry en soutien du duo Niang - Mendoza.

La tâche s'avère d'autant plus difficile pour l'OM que La Corogne débute son championnat dans trois jours. Plus affûtés qu'au match aller, cette rencontre est l'occasion pour les Espagnols de se tester avant de se lancer dans le bain de la Liga, à Majorque. Forts de leur victoire au match aller, les Galiciens ne veulent pas lâcher le sésame européen si prêt du but. Habitués des joutes continentales, ils se présentent à Marseille confiants et concentrés, comme le démontre leur entraîneur, Caparros. «Ce serait une grosse erreur de croire que la qualification est déjà acquise. On va aborder cette rencontre comme si c'était une finale qui se joue sur un seul match. On va jouer le coup à fond» . Même si la formation espagnole a perdu de son lustre, les joueurs sont prévenus et s'attendent à un vrai test dans un Vélodrome bouillant. «Marseille est un bloc puissant et nous sommes conscients que l'OM fera tout tactiquement et techniquement pour passer ce cap» , commentait le technicien espagnol avant le match. Préparée et avertie, La Corogne bénéficie de l'avantage psychologique acquis au match aller mais se présente néanmoins sans ses attaquants Luque et Victor Sanchez. Le premier n'a pas été retenu dans le groupe car son départ à Newcastle est imminent, le second s'est blessé au ligament interne du genou gauche lors d'un l'entraînement. Caparros propose un 4-4-2 classique avec Molina dans les buts, Andrade et Juanma en défense centrale, Pablo et Capdevilla sur les côtés, De Guzman, Duscher, Scaloni et Munitis au milieu, Ruben et Tristan en pointe.

Les faits marquants du match

- Dans un stade Vélodrome quasiment plein, Ribéry est le premier à s'illustrer. Sur un missile de vingt mètres de Taiwo sur un coup franc face au but, Molina ne parvient pas à capter le ballon et le repousse dans les pieds de Ribéry qui a bien suivi. Ce dernier ne tremble pas et bat le portier espagnol à bout portant de l'intérieur du pied gauche. L'entame de match idéale pour les Marseillais (1-0, 4'). L'ambiance est exceptionnelle.

- Attention à la réaction espagnole. Sur un coup franc côté gauche, Carasso dévie d'un arrêt réflexe sur une reprise à dix mètres de Scaloni. Mais dans une mésentente avec Lamouchi, le gardien olympien pousse le ballon dans les pieds d'Andrade qui égalise tranquillement (1-1, 8').

- Le but est un coup de massue pour l'OM et le match s'emballe. Après une faute de Ribéry sur Capdevilla, les deux hommes se retrouvent tête contre tête. Les esprits s'échauffent, provoquant le regroupement des deux équipes autour des deux joueurs. L'arbitre tente de ramener le calme avant de sortir le carton rouge pour Ribéry et Duscher qui a pleinement pris part à l'altercation (10').

- Les Marseillais sont désorientés après ce double coup du sort mais repartent néanmoins de l'avant. Sur un nouveau coup franc plein axe, Mendoza dévie légèrement la frappe tendue à ras de terre d'Oruma. Molina est battu mais le ballon passe de peu à côté. Les supporters marseillais y ont cru (28').

- Le mistral s'est invité à la soirée, à l'inverse des occasions de but, rares en cette deuxième moitié de mi-temps. Les Marseillais dominent mais peinent à se montrer dangereux. Niang se bat bien dans la surface côté gauche et récupère le ballon au milieu de deux défenseurs. Il frappe en pivot du gauche mais Molina capte en deux temps (41').

- Les Marseillais entament la seconde période en sachant qu'il faut inscrire trois buts. Sur un corner tiré par Oruma, le ballon dégagé par la défense lui revient dessus. Il centre fort à mi hauteur mais Meité ne peut reprendre face à Molina à deux mètres du but (48').

- Poussé par tout un stade, l'OM commence le siège du but de Molina et hérite d'un coup franc indirect à l'intérieur de la surface pour un pied très haut d'Andrade sur Niang. Taiwo s'en charge et expédie le ballon dans le petit filet mais l'arbitre refuse le but logiquement. Le coup franc était indirect ! (60')

- Sur un corner de Mendoza, Taiwo dévie de la tête au premier poteau. Le ballon navigue dans la surface et Meité opportuniste s'élève plus haut que tout le monde et marque de la tête à cinq mètres. Le défenseur olympien s'est nettement appuyé sur Juanma mais l'arbitre valide le but (2-1, 66').

- La Corogne est réduite à neuf ! Suite à une faute d'Acunia sur Oruma dans le rond central, Capdevilla proteste et écope d'un deuxième carton jaune synonyme d'expulsion. Le match est complètement relancé, les supporters l'ont bien compris et encouragent leur équipe de plus belle (72').

- L'OM pousse de plus en plus. Batlles centre côté droit à l'attention de Niang parti à la limite du hors-jeu. Molina vigilant le précède mais repousse mal le ballon. Il boxe la balle sur la poitrine de Niang qui accompagne dans le but vide. C'est du délire au Vélodrome (3-1, 74').

- Le KO est proche d'un côté comme de l'autre. La pression est terrible dans le stade. Avec 19 joueurs sur la pelouse, les espaces deviennent des boulevards. L'OM repart de plus belle pour marquer le but de la délivrance (80').

- Sur un centre côté gauche de Taiwo mal repoussé par la défense, Niang placé à dix mètres de Molina marque le but de la qualification d'un intérieur du droit enroulé à mi hauteur qui finit dans le petit filet opposée. Le Vélodrome exulte de bonheur (4-1, 88').

- Les Espagnols sont démobilisés et prennent l'eau de toutes parts. Oruma récupère le ballon à vingt mètres et slalome dans la défense espagnole aux aboies. A dix mètres du but côté droit, il décoche une frappe croisée de l'intérieur du droit qui finit dans le petit filet opposé. Les supporters sont au bord de l'apoplexie (5-1, 90').

La prestation de Marseille

L'OM aurait pu s'en mordre les doigts. Un but concédé bêtement dès la 10' sur un cafouillage est venu un temps assombrir les espoirs des Olympiens. Mais c'était sans compter sur leur abnégation. L'égalisation a eu le mérite d'intervenir tôt dans le match et leur a permis de se relancer. Sous la pression d'un public qu'il ne faut plus décevoir, les Marseillais ont fait montre de solidarité et de patience pour finalement faire exploser La Corogne. Dans un match à tension, ils ont su résister aux provocations, mis à part Ribéry, et renverser une situation bien compromise.

Carrasso laisse une impression mitigée sur le but espagnol. Irréprochable sur son arrêt réflexe, il manque de lucidité et remet le ballon dans les pieds d'Andrade. Heureusement pour lui, la qualification arrondit les angles. Impeccable par la suite. La défense à quatre, peu employée par Fernandez depuis le début de saison, a bien tenu. Mention spéciale à Taiwo qui réalise un match plein. Solide défensivement, le Nigérian a apporté son soutien en attaque tout au long du match. Beye et Nakata ont fait un match sérieux et bien bloqué les attaquants espagnols, même si le Japonais manque encore d'expérience à ce niveau et aurait dû éviter certaines fautes inutiles. Au milieu, Lamouchi a touché beaucoup de ballons et assuré la liaison entre les lignes défensives et offensives. Un bon match entaché d'une hésitation sur le but espagnol. A ses côtés, Delfim a été bien discret. Devant, Oruma et Niang se sont démenés et ont provoqué sans arrêt la défense adverse. Auteurs de trois des cinq buts, ils ont été de véritables poisons pour la défense galicienne.

La prestation de La Corogne

La Corogne a proposé aux Marseillais une opposition solide pendant une heure. Rugueuse en défense et rapide au milieu, la formation de Caparros a bien cru tenir sa qualification en Coupe UEFA. Elle a en outre usé de toute son expérience pour tenter de faire disjoncter les Marseillais. Fautes, provocations, interventions rugueuses, les Espagnols ont durci le match et étalé l'éventail du truqueur. Mais après avoir bien tenu pendant une heure, ils ont fini par craquer aux assauts phocéens dans les vingt dernières minutes. Les Galiciens finissent à neuf et peuvent avoir des regrets, ils n'ont pas réussi à gérer la fin de match et repartent la valise pleine.

Molina n'a pas été des plus rassurants pour son équipe. Deux fautes de main lui coûtent autant de buts. Juanma et Andrade ont fait preuve d'expérience. Toujours à la limite de la rupture pendant une heure, mais jamais dépassés. Et puis le trou noir… Sur son côté Pablo, très affûté physiquement, s'est démené pour contrer les velléités marseillaises et apporter son soutien au milieu. Munitis côté gauche s'est montré très vif et a provoqué de nombreuses fautes. Il n'a cependant pas réussi à être décisif. En attaque, Tristan et Ruben ont été très discrets et n'ont jamais été servi dans de bonnes conditions.

Devant leur public heureux, les Marseillais peuvent soulever la coupe Intertoto et savourer une superbe victoire. Le rendez-vous est pris pour la Coupe UEFA.

Marseille 5-1 La Corogne
Stade Vélodrome
Arbitre : M. Ivanov (RUS)

Avertissements : Scaloni (15’), Lamouchi (15’), Capdevilla (23’), Nakata (31’), Juanma (39’), De Guzman (47’), Pablo (59’), Meité (81’), Hector (87’), Niang (87’)

Expulsion : Ribéry (10’), Duscher (10’), Capdevilla (70’)

Buts : Ribéry (4’), Andrade (8’), Meite (66’), Niang (74’ et 88’), Oruma (90’)

Marseille : Carrasso - Taiwo, Beye (Barry, 77’), Meité, Nakata - Delfim (Koke, 55’), Lamouchi (Batlles, 68’), Oruma, Ribéry - Mendoza, Niang

La Corogne : Molina - Capdevilla, Manuel Pablo, Andrade, Juanma - De Guzman, Duscher, Scaloni (Acunia, 63’), Munitis - Ruben, Tristan (Fernandez, 57’)