Les Marseillais solidaires se sont inclinés (2-0) à La Corogne, en finale aller de l'Intertoto. Une défaite sévère au goût amer qui nourrit la spirale infernale.

Les enjeux de la rencontre

L'équipe marseillaise affiche un double visage en ce début de saison. D'un côté, elle est transparente en championnat, de l'autre, elle brille en Intertoto. C'est ainsi, Marseille est capable du meilleur comme du pire. «Je ne connais pas encore le niveau de mon équipe» , avoue Fernandez, agacé de ne jamais pouvoir aligner le même onze de départ. Après la Lazio en demi-finale, les Olympiens retrouvent une autre pointure européenne, La Corogne, en finale. «Cela n'a plus rien à voir avec la Coupe Intertoto» , déclare Anigo, à la fois déçu d'avoir à affronter de telles "pointures" et excité par le combat qui s'annonce. La dernière marche en vue d'une qualification en Coupe de l'UEFA s'annonce délicate mais l'OM a l'avantage de recevoir au match retour. L'objectif du jour est donc de préserver les chances de qualification intactes, avant un match de feu au Vélodrome. Pour cela il faut rééditer la bonne performance du tour précédent à Rome (1-1). Au-delà du calibre de l'adversaire, l'ambiance est plutôt morose à Marseille et les joueurs doivent faire abstraction des affaires qui courent pour éviter une désillusion. Le navire marseillais est chahuté. Aux mauvais résultats en championnat s'ajoutent d'autres tracas. L'affaire Dreyfus, appelé à comparaître en correctionnelle pour des affaires de transferts, les cas Ljuboja et Baldé, annoncés un temps puis démentis et les absences de Luyindula, prêt à partir, de Beye et Meité suspendus et de Lamouchi laissé au repos, n'arrangent pas les choses. Le technicien olympien jongle ainsi avec un effectif réduit et compose un 5-3-2 inédit avec Carrasso dans les buts, Déhu, Ferreira et Nakata en défense centrale, Taiwo et N'Diaye sur les côtés. Au milieu, Delfim est chargé d'alimenter Oruma et Ribéry. Enfin, Niang et Mendoza ont pour mission de marquer le fameux but à l'extérieur.

A l'instar de Marseille, La Corogne n'est pas au mieux. Elle semble loin l'époque du titre de champion d'Espagne, en 2000. Les Galiciens, huitièmes du dernier championnat, veulent revenir sur le devant de la scène après une saison galère. Le coach emblématique du club, Irureta, a été remplacé cet été par l'entraîneur du FC Séville, Caparrós, pour insuffler un nouvel élan. Physiquement, La Corogne, encore en préparation - car le championnat ne reprend que le 28 août avec un déplacement à Majorque - se méfie des Olympiens qui comptent déjà six matchs officiels dans les jambes. «Marseille est une équipe très affûtée physiquement avec de bons joueurs qui peuvent nous surprendre en contre si nous nous lançons trop vers l'attaque, observe l'attaquant espagnol Luque. Ainsi nous devons rester concentrés» . Ce handicap n'empêche pas les Galiciens de nourrir quelques ambitions. Forts de leur double victoire sur Newcastle (2-1, 1-2) au tour précédent, ils affichent une volonté de vainqueur. «Il faut gagner, d'une part parce que nous jouons chez nous et d'autre part parce que nous voudrions arriver à Marseille au match retour avec un avantage» , déclare Luque. Pour ce faire, Caparros doit se passer du latéral gauche Capdevilla et de l'attaquant Munitis, tous deux suspendus, ainsi que du stoppeur Coloccini, blessé au genou. Il aligne donc un 4-4-2 classique avec Molina dans les buts, Juanma et Andrade en défense centrale et Pablo et Romero sur les côtés. Duscher et Sergio se chargent de la récupération, Luque et Victor de l'animation offensive. A la pointe de l'attaque, Tristan et Ruben Castro doivent faire trembler les filets olympiens.

Les faits marquants du match

- La partie commence sur un rythme modéré. Les deux équipes se jaugent et sont bien en place. Luque côté gauche, hérite de la première occasion. Il déborde et centre du gauche vers Tristan au deuxième poteau qui rate son tir de l'intérieur du droit (6').

- Ca chauffe devant le but marseillais. Le Déportivo hausse le ton emmené par Luque et Ruben et tente de déborder la défense marseillaise, sans vraiment y parvenir. Le public espagnol aimerait voir ses protégés marquer et accentue ses encouragements (15').

- La Corogne a mis le pied sur le ballon mais n'inquiète pas vraiment l'OM qui procède en contre. Aucune occasion nette jusqu'à ce débordement de Romero sur l'aile gauche qui se joue de Delfim et centre au cordeau pour Ruben à huit mètres du but qui ouvre trop son pied. Le ballon trop décroisé finit sa course en sortie de but (30').

- Voilà la réaction marseillaise. Lancé en contre par Ribéry, Niang part seul au but. Il décoche une frappe des seize mètres de l'intérieur du droit, mais Molina bien placé dévie d'une manchette du bras gauche. (32').

- L'intensité monte d'un cran. Poussés par leurs supporters, les Galiciens repartent de plus belle mais les Marseillais solidaires en défense tiennent bien le choc. Attention toutefois à Luque qui récupère le ballon près du poteau de corner. Son centre enroulé vers le deuxième poteau est rentrant vers le but. Carrasso vigilant dévie en corner d'une claquette avisée (43').

- Les deux équipes font jeu égal en ce début de deuxième mi-temps. Le milieu olympien renforcé par Nasri qui a remplacé Mendoza, pèse plus sur la partie. Le jeu se concentre surtout au milieu de terrain car les imprécisions techniques empêchent toute action d'aller au bout (50').

- La Corogne a repris le jeu à son compte. Sur un centre aérien depuis l'aile gauche de Luque, Carrasso sort au deuxième poteau mais passe à travers. Taiwo bien positionné devant Tristan, peut repousser le danger d'un dégagement du gauche. Le public s'impatiente (55').

- L'OM ne tient plus le ballon et s'expose aux attaques espagnoles. Luque toujours sur son aile gauche centre tendu au deuxième poteau. Nakata de la tête est un peu court et Ruben seul derrière lui contrôle du droit et frappe des six mètres du coup du pied droit. Carrasso ne peut rien faire. Le stade chavire de bonheur (1-0, 67').

- Oruma lance Niang en profondeur à la lutte avec Juanma. Le Marseillais emmène bien le ballon du pied droit à l'entrée de la surface et frappe en bout de course sur Molina qui bloque bien (73').

- Alors qu'une pluie fine s'abats sur le Riazor, Niang récupère à trente mètres et slalome dans la défense de La Corogne. Juanma dépassé l'accroche du bras à l'entrée de la surface, mais l'arbitre ne dit rien. Il y avait bien faute (81').

- La fin du match approche. L'OM a laissé passé l'orage et tente d'égaliser. Sur un ballon mal négocié par la défense, Niang se joue de Juanma au milieu de la surface de réparation et se présente une nouvelle fois face à Molina, mais le défenseur espagnol revenu accroche le maillot du Marseillais. L'arbitre ne bronche toujours pas. C'est invraisemblable ! (86').

- Sur la contre attaque, Sergio au milieu, lance Carril parti à la limite du hors-jeu dans le dos de N'Diaye. Celui-ci contrôle le ballon de l'extérieur du droit avant de glisser le ballon sous le ventre de Carrasso en retard. Les Marseillais qui méritaient un penalty, sont KO debout (2-0, 87').

La prestation de La Corogne

Bien organisée, La Corogne a rapidement pris le jeu à son compte en dominant les milieux de terrain marseillais et en monopolisant le ballon. Si le physique a bien suivi, les offensives peu tranchantes n'ont pas suffi en revanche pour forcer le verrou olympien en première mi-temps. Les défenses ont pris le pas sur les attaques et les Espagnols n'ont pas réussi à se procurer d'occasions franches. Plus fatigués par la suite, ils ont cependant su user la défense olympienne en alternant des phases de jeu lentes, de conservation du ballon, avec des attaques rapides sur les ailes notamment. En deuxième mi-temps, l'abnégation a fini par payer sur un énième centre, aidé il est vrai par une erreur de Nakata.

Même si les joueurs ont souffert physiquement et commis pas mal d'erreurs techniques, certains se sont particulièrement illustrés. Molina a préservé sa cage par des interventions impeccables face à Niang. Le portier a été assurément un des meilleurs artisans du match. On ne peut pas en dire autant de la charnière centrale, à chaque fois débordée sur les percées de Niang. Juanma a d'ailleurs usé de tous ses subterfuges pour palier ses carences physiques. Sur les ailes en revanche, Romero et Pablo ont relancé sans cesse vers l'avant et soutenu Luque et Victor par de nombreuses montées. Luque, a énormément pesé sur le match en multipliant les débordements et les centres sur le côté gauche. Véritable poison pour N'Diaye, il est sûrement le meilleur homme du match. A l'inverse de Tristan bien discret, Ruben s'est démené en attaque et na pas hésité à revenir chercher des ballons plus bas. Récompensé par un but.

La prestation de Marseille

L'OM n'a pas démérité ce mardi soir même si le résultat est peu flatteur. Solidaire tout au long de la partie, l'équipe a bien résisté aux assauts espagnols en première mi-temps. Bien organisée, elle a su tenter sa chance a plusieurs reprises en contre attaque. Le milieu de terrain à trois, privé de ballons, a cependant beaucoup souffert. Et le changement tactique à la mi-temps, avec le remplacement de Mendoza par Nasri n'a pas eu l'effet escompté. La plupart des ballons ont été perdus trop vite ce qui a empêché l'équipe de développer son jeu. Les fautes techniques, inhabituelles n'ont pas aidé.

Dans ses buts, Carrasso a connu des journées meilleures. Limite sur les sorties aériennes, il n'a pas suffisamment anticipé sur le deuxième but. La charnière a bien tenu en première mi-temps. Nakata a fait un match très sérieux et solide, avant la boulette entraînant le premier but. A un poste inhabituel, Ferreira s'en est bien sorti. Déhu, censé couvrir ses défenseurs, était absent sur les deux buts. Au milieu, Delfim a livré un bon match pour sa rentrée et récupéré des ballons dans les pieds espagnols. Oruma positionné en soutien des attaquants, n'a pas eu son rayonnement habituel. Maladroit dans le dernier geste, il s'est toutefois rattrapé par des courses incessantes pour récupérer le ballon. Ribéry a lui aussi connu les pires difficultés pour faire valoir ses dribbles dévastateurs. Bien bloqué et souvent isolé, il n'a pas pu créer de décalages. A la pointe de l'attaque, Niang a été le marseillais le plus percutant. Il a multiplié les appels de balle et empoisonné la défense galicienne. Mal récompensé, comme sur cet accrochage de Juanma qui méritait un penalty. Il a par ailleurs manqué une belle occasion.

Les Marseillais vont devoir frapper fort au Vélodrome pour renverser une finale mal engagée. Poussés par leurs supporters et avec une équipe au complet au match retour, ils peuvent encore y croire. Il faudra enflammer le match !

Fiche technique

La Corogne 2-0 Marseille
Stade du Riazor
Arbitre : M. Zara

Avertissements : Ferreira (11’), Sergio (22’), Ribéry (25’)

Buts : Ruben Castro (67’), Carril (87’)

Les équipes :

La Corogne : Molina - Romero, Juanma, Andrade, Pablo - Duscher, Victor (Scaloni, 72’), Sergio, Luque (Carril, 72’) - Tristan ( Valeron, 69’ ), Ruben Castro

Marseille : Carrasso - Taiwo, Ferreira, Déhu, Nakata, N’Diaye - Delfim (Batlles, 73’), Oruma, Ribéry(Koke, 80’) - Mendoza (Nasri 46’), Niang