Deux matches
de championnat, deux défaites. Et surtout, un jeu inexistant. Ce
dernier point a de quoi susciter l'inquiétude pour Nantes, champion
en titre bien mal engagé. La sérénité de façade
ne peut pas cacher que quelque chose ne tourne pas rond dans le collectif
jaune et vert.
Supporters, spectateurs, observateurs...
chacun aura sa petite explication sur le mauvais début de saison
des Nantais, battus à Bordeaux (2-0) puis surpris chez eux par Lens
(1-2). De l'incapacité psychologique à digérer un
titre sans prendre la grosse tête à la constante nécessité
de remettre lentement en place un jeu qui ne va pas de soi, tout y passera,
même l'absence d'Eric Carrière blessé. Chacun aura
sans doute un peu raison, mais force est de constater que quelque chose
d'assez inquiétant s'est dessiné chez le champion de France
depuis dix jours.
Pas de jeu, pas de résultat
Comme toujours à Nantes, ce
n'est pas tant le résultat que la prestation d'une équipe
qu'il faut regarder. Si l'entraîneur Raynald Denoueix estime qu'il
"y
a eu un mieux évident par rapport au match de Bordeaux" lors
de la réception de Lens, l'indigence du jeu nantais a tout de même
fait peine à voir. Longs ballons, mobilité réduite,
ce n'était plus le FCNA.
Denoueix perce sans doute un peu
plus le problème en portant son attention sur la motivation. Le
jeu demande souffrance : "Dans la tête, ça ne sert à
rien de se dire qu'on est champion... C'est un problème collectif.
A Nantes, on existe quand on fonctionne collectivement, et actuellement
c'est vrai que ce n'est pas le cas. Il faut travailler pour les autres.
Couvrir un partenaire, c'est faire et refaire cent fois les mêmes
gestes, même si souvent cela ne sert à rien. Le football,
c'est tout sauf le confort. Je l'ai dit et redit aux joueurs."
Ne plus penser à l'an passé
Des joueurs qui n'écoutent
peut-être plus avec la même attention les consignes. Le jeune
effectif nantais se reposerait-il sur les lauriers acquis la saison dernière
? Celle-ci semble présente dans toutes les têtes, même
dans celles de l'expérimenté meneur de jeu Stéphane
Ziani, d'une certaine façon : "Après deux journées,
la saison passée, on n'était pas si bien que ça, alors..."
Cette dernière assertion mérite
vérification. Premier point : l'an passé, au bout de deux
journées, Nantes comptait une défaite et une victoire. Deuxième
point : celle-ci avait été obtenue sur le terrain du champion
de France monégasque, invaincu à Louis II la saison précédente,
et s'était soldée par un festival offensif (2-5). Comme l'an
passé, Nantes n'a pas encore ouvert le score dans un match de championnat.
Mais contrairement à l'an passé, Nantes n'a pour ainsi dire
marqué aucun but.
Le penalty obtenu presque pour rire
par Nestor Fabbri n'a pas eu le même retentissement que celui extorqué
par Pierre-Alain Frau à Sochaux contre Rennes, parce qu'il n'a finalement
pas influé par le résultat. Imaginaire, il n'a pas sauvé
Nantes d'une défaite bien réelle. La faute à la défense
?
La défense en question
Concéder un but mortel à
cinq minutes de la fin sur sa pelouse fait désordre. Que faisait
Nicolas Gillet quand El-Hadji Diouf a décroisé sa tête
pour tromper Mickaël Landreau et donner la victoire aux Lensois ?
Poser la question, c'est directement mettre en cause la défense
nantaise. On dit la charnière centrale trop lente. Fabbri serait
sur le déclin.
Mais pour reprendre l'action suscitée,
nul ne peut nier que la perte de balle d'Olivier Quint est tout aussi "décisive".
Et qu'elle n'est pas tant due à une erreur individuelle du joueur
en question qu'à un manque de solutions autour du porteur du ballon.
Disponibilité. On en revient au collectif.
Si l'engagement d'un défenseur
central d'envergure internationale, désormais envisagé sérieusement
- et sans obligation de vendre un élément du groupe - par
les dirigeants nantais serait évidemment une bonne chose pour le
FCNA, notamment parce qu'il faut plus de monde derrière pour aborder
toutes les compétitions, ce n'est pas de l'extérieur que
viendra la solution au problème actuel.
Un problème collectif
Ce problème est d'ordre collectif.
Ses dimensions sont mentales (gérer le titre) et physiques (se remettre
d'une préparation "très dure, moins basée sur le
dynamisme que la saison passée", selon Landreau). Savoir réagir
face à un adversaire plus agressif, ce qu'ont clairement été
Bordeaux et Lens. Jouer sans ballon, à savoir le récupérer
et solliciter le partenaire qui le détient.
Ce problème, le manque de
résultats ne fait que l'aggraver. Ce début de championnat
raté est d'autant plus dommageable que c'est l'été
et que les terrains sont bons, et qu'il est encore possible de ne jouer
que toutes les semaines. Dès septembre, Nantes plongera dans une
Ligue des Champions qui risque de mobiliser toutes les énergies,
avec enchaînement de matches tous les trois jours en prime.
L'an passé, le groupe a
prouvé qu'il savait gérer un tel rythme, mais il y a un jeu
et un esprit à retrouver. "Celui qui renonce à être
meilleur cesse déjà d'être bon." Ce n'est pas en
reniant ses valeurs que Nantes retrouvera les sommets.
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à cet article - Par Yann Peltier à Nantes
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