A 34 ans, le
légendaire attaquant international argentin Claudio Caniggia a retrouvé
en Ecosse l'occasion de se mettre en valeur et de rêver. De rêver
à la prochaine Coupe du Monde, une compétition qui reste
son jardin, celle où il a construit un destin hors du commun.
Deux buts au match retour d'un second
tour préliminaire de Ligue des Champions contre Maribor. Les Glasgow
Rangers ont sorti les Slovènes sans coup férir (3-1, 0-3
à l'extérieur à l'aller), mais le doublé de
Claudio Caniggia n'est pas passé inaperçu. Archétype
du génie inconstant, l'Argentin a envie de prouver que l'enterrer,
à 34 ans, est prématuré.
Coups d'éclat et coups
d'arrêt
L'enterrer, certains l'avaient déjà
fait au début des années 1990. Parce que ses exploits semblaient
derrière lui, parce qu'il ne confirmait pas vraiment en club la
marque qu'il a su laisser en sélection.
24 juin 1990, Turin, huitième
de finale de Coupe du Monde. Le Brésil étouffe l'Argentine
depuis une heure et vingt minutes, une Argentine qui sort d'un premier
tour bancal, troisième du groupe B derrière le surprenant
Cameroun et la prometteuse Roumanie. C'est le moment que choisit Diego
Maradona pour sortir de sa boîte et crucifier le rival lusophone
: il sert astucieusement Caniggia, qui va éliminer Claudio Taffarel
d'un crochet et conclure victorieusement (1-0). Le Brésil est à
terre, l'Argentine en quarts.
3 juillet 1990, Naples, demi-finale
de Coupe du Monde. L'Italie est chez elle, la victoire finale est la seule
issue envisagée. Même à Naples, même chez Maradona,
rien ne peut entraver sa marche triomphale. D'ailleurs, Salvatore Schilaci,
ce buteur que l'on n'attendait pas, a déjà ouvert le score,
au bout d'un quart d'heure. Que peut-il arriver à la Squadra
Azzura, qui n'a encore encaissé aucun but dans la compétition
? Il peut lui arriver que Caniggia, plus haut que tout le monde, égalise
de la tête en seconde période, sur une sortie hasardeuse du
portier italien Walter Zenga. Il peut lui arriver qu'il faille aller à
des tirs aux buts qu'affectionne tout particulièrement Javier Goicochea,
encore un que personne ne voyait là. Il peut lui arriver que ce
soit cette Argentine pourtant moribonde qui aille en finale défier
l'Allemagne (1-1, 1-1 ap, 4-3 tab).
Ces deux faits d'armes, Caniggia
les a peut-être portés comme un boulet. La gloire, la célébrité,
les excès... Surtout, il est de ces joueurs que l'enjeu réveille.
Quatre ans plus tard, donc, nombreux sont ceux qui ne savent plus trop
qui est Caniggia, ou alors qu'il joue encore au football - il sort d'une
saison blanche à la Roma. Il est pourtant aux USA pour la World
Cup. Il est même titulaire aux côtés de Gabriel
Batistuta en attaque. Le 25 juin 1994, à Boston, il envoie le puissant
Nigeria méditer sur le réalisme offensif en lui soufflant
la victoire d'un doublé magistral, en huit minutes (2-1). Déjà,
la renaissance...
Les Ecossais (ne) sont (pas) des
fous
Au FC Dundee, on devait avoir un
sacré grain l'été dernier, lorsque l'on s'est décidé
à recruter Claudio Caniggia. C'est du moins ce qu'ont dû se
dire beaucoup de gens dans les Highlands et ailleurs. Qu'irait faire
dans un club moyen de Scottish Premier League ce vieil attaquant
argentin, le latin pur, passé par River Plate (1985/8), Vérone
(1988/9), l'Atalanta Bergame (1989/92), l'AS Rome (1992/4), le Benfica
Lisbonne (1994/5), Boca Juniors (1995/9) et à nouveau Bergame (1999/2000)
?
Une saison plus tard, personne ne
se pose plus la question. Surtout pas Dick Advocaat, le manager néerlandais
des Rangers, qui l'a engagé pour deux ans. Et au sortir de son match
à Ibrox Park contre Maribor, où ses deux buts ont donné
la victoire à son équipe (3-1), Caniggia pouvait pavoiser
sur cette nouvelle renaissance écossaise : "A Dundee, j'ai pu
faire montre de mes talents. J'ai également aidé ce petit
club, qui a eu avec moi le second meilleur joueur du championnat après
Henrik Larsson, et pu quitter le bas de tableau. Je suis conscient qu'ici,
ce n'est pas l'Espagne ou l'Italie, mais j'y suis venu parce que je peux
jouer régulièrement. Beaucoup de gens pensaient que j'étais
fini, que je ne rejouerais plus au haut niveau, mais désormais ça
m'amuse d'entendre ça, ça me motive. Evidemment, j'allais
plus vite quand j'avais 20 ans, mais je me sens encore très bien
physiquement. Et puis j'ai développé d'autres qualités."
Caniggia se plaît bien en
Ecosse, avant peut-être de retouner à River ou à Boca.
Pour peu que les Rangers passent l'obstacle turc de Fenerbahçe au
troisième tour préliminaire, on pourrait même le voir
écumer les surfaces en Ligue des Champions. Pour des matches excitants,
ceux qui motivent le buteur argentin. A 34 ans et à un an de la
Coupe du Monde 2002 en Corée du Sud et au Japon, tous les rêves
lui sont permis.
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à cet article - Par Yann Peltier
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