Après
une saison exceptionnelle qui l'a vu remporter le championnat allemand
et la Ligue des Champions, le Bayern de Munich a été rappelé
à l'ordre avec une défaite chez un promu en ouverture du
présent exercice. Pour Oliver Kahn et Bixente Lizarazu, il faut
mettre de côté les gloires passées pour retrouver cette
volonté de fer qui a tout bousculé. Parce qu'on n'oublie
jamais ce que procure la victoire...
Trois titres de champion d'Allemagne
d'affilée, quatre en cinq ans. Une Ligue des Champions acquise en
2001 après un échec en 1999. Il y aurait de quoi être
blasé. Le sujet n'a d'ailleurs pas tardé à sortir
outre-Rhin, sitôt connue la défaite du Bayern de Munich sur
le terrain du Borussia Mönchengladbach en ouverture de la Bundesliga
: les stars n'en voudraient plus, elles seraient épuisées
mentalement et n'auraient plus la gnac. La tête encore dans les délices
d'un championnat conquis à la dernière seconde, dans les
réjouissances d'un trophée européen que le club attendait
depuis vingt-cinq ans, les joueurs du Bayern ne seraient pas prêts
à faire les efforts nécessaires pour contrer une concurrence
qui montre les crocs.
Kahn honoré mais égal
à lui-même
Pas facile pour Oliver Kahn, par
exemple, d'oublier la saison passée. Un titre honorifique vient
de nouveau de lui être remis, celui de joueur de l'année,
par les journalistes sportifs allemands. Avec un score insolent d'environ
trois voix sur quatre... Comment se projeter vers l'avenir quand tout invite
à se reposer sur ses lauriers ?
En se montrant exigeant et critique
: "La saison passée, chez nous, il y a eu des hauts et des bas,
et peu de constance." Neuf défaites en championnat, notamment,
ont agacé au plus haut point le président Franz Beckenbauer,
de même qu'une mémorable défaite sur le terrain de
Lyon (3-0) au deuxième tour de la Ligue des Champions.
En n'oubliant pas qu'avec les frères
croates Niko et Robert Kovac, Pablo Thiam et surtout Claudio Pizarro, contre
la seule défection de Patrik Andersson, l'effectif a subi une ventilation
salutaire : "Nous nous sommes bien renforcés. Il est normal,
en début de saison, que nous ayons des problèmes. C'est une
réaction humaine tout à fait normale. La tension physique
et mentale était élevée l'an passé. Et en plus,
on se met à croire que tout va continuer comme avant. Mais ça
ne marche pas comme ça. Au contraire, il nous faut travailler plus
dur qu'avant. Il faut du temps pour retrouver la véritable envie."
Qui dit succès dit sollicitations.
Concernant les rumeurs de transfert, Kahn a sa manière bien à
lui d'éluder la question. Dites-lui Espagne, il vous répond
que c'est "un beau pays pour passer ses vacances". Dites-lui Italie,
il vous sort "un encore plus beau pays pour passer ses vacances".
Tentez Angleterre, et vous obtenez "surtout pas un pays pour passer
ses vacances". Kahn et le Bayern, c'est loin d'être fini, pour
le meilleur et rarement pour le pire.
Lizarazu confiant et attentif
Bixente Lizarazu, de son côté,
a l'air très apprécié en Allemagne par la presse,
car ses interviews, dont il a avoué lui-même qu'il ne les
relisait pas parce qu'il ne saisissait pas tout, sont légion. Le
kicker
d'hier jeudi ne s'est pas privé d'interroger une fois de plus le
latéral gauche de l'équipe de France.
Volontairement provoqué sur
le mauvais départ du Bayern en championnat, il a d'abord mis les
choses au point : "C'est incroyable de poser cette question de la motivation
après une journée ! Après cinq matches, nous pourrons
faire un bilan de notre début de saison. Avant, ça n'a aucun
sens. Nous sommes très motivés, et nous savons que ce qui
compte, c'est le classement à la dernière journée,
pas celui de la première." L'assurance d'un club qui a remporté
ses deux derniers championnats au bout du suspense, à la trente-quatrième
levée.
Néanmoins, il sait comme son
gardien de but que tout sera plus difficile cette année. Première
raison, les autres équipes se sont munies de recrues jamais vues
en Allemagne. Le Borussia Dortmund a ainsi recruté l'attaquant brésilien
de Parme, Marcio Amoroso, pour 175 MF, plus de deux fois le précédent
record pour un transfert outre-Rhin. C'est l'équipe menée
par Matthias Sammer que Lizarazu cite d'ailleurs spontanément :
"C'est
vrai, la Bundesliga est très forte, plus que la saison passée.
Dortmund a engagé de très bons joueurs, c'est une meilleure
équipe qu'avant. Et si Schalke continue de jouer comme ils l'ont
fait, ils seront également dangereux."
Deuxième raison, le Bayern
domine depuis trop longtemps, et son succès européen n'a
rien arrangé : "A la fin, ce serait encore très serré.
La saison sera difficile pour nous. Mais aussi pour tous ceux qui veulent
devenir champion. La saison est très très longue. Et nous
avons l'expérience et savons parfaitement ce que c'est que finir
devant à la fin. [...] Le Bayern est devenu comme l'équipe
de France. Tout le monde veut aussi le battre. Quand la France joue, pour
les autres, c'est le match de leur vie. Mais si nous travaillons, que nous
nous concentrons et que nous retrouvons cette combativité de la
saison passée, nous connaîtrons de nouveau le succès.
Il faut juste que nous soyons très clairs : avec de grands noms,
on ne gagne aucune rencontre."
Si l'on se fie à un précédent
récent, Manchester United, le Bayern de Munich devrait connaître
un coup d'arrêt en coupe d'Europe et continuer à dominer son
championnat. Mais les données sont bien différentes, notamment
parce que le club bavarois n'écrase pas la Bundesliga comme
MU la Premier League. Réponse en mai prochain.
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à cet article - Par Yann Peltier
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