La Russie a
réussi dans son entreprise d'ennuyer au maximum l'équipe
de France, contrainte de partager les points sur sa pelouse en dépit
d'efforts croissants (0-0). Un bon gardien et un but refusé sans
raison aucune ont eu raison de la bonne volonté des Bleus, qui ont
bien su défendre lors des contres adverses.
Mine de rien, la Russie a mis fin
à une série de victoires françaises au Stade de France
qui durait depuis octobre 2000 et la réception du Cameroun (1-1).
Basée sur une organisation rigoureuse, emmenée par le toujours
vert Victor Onopko, elle a su également mettre en lumière
ses capacités à remonter le ballon avec justesse, servie
par une technique hors norme et une grande capacité à multiplier
les appels. Elle a pu rendre le jeu des Bleus parfois poussif, n'oubliera
pas cependant ce qu'elle doit à son gardien de but Rouslan Nigmatouline
lors des temps forts français - qui se sont multipliés après
le repos - mais saura bien se vanter des quelques contre-attaques qu'elle
a su placer - sans en mener une seule au bout, la défense française
s'étant montrée vigilante et déterminée.
De l'emprise sans maîtrise,
et un but refusé
L'équipe de France se présentait
dans son 4-2-3-1 habituel, avec Nicolas Anelka en pointe et Youri Djorkaeff
côté droit, notamment. Mais ce sont les Russes qui rentraient
le mieux dans la partie, avec un pressing tout terrain agressif à
souhait. Bousculés dix minutes, les Bleus ont ensuite eu l'emprise
sur la rencontre. La bascule a eu lieu à la 11' : échappée
de Vladimir Bestchastnykh côté gauche et centre capté
par Fabien Barthez, accélération de Thierry Henry sur la
relance et centre... capté par Nigmatouline.
La maîtrise, elle, attendrait
un peu. Car c'est sans trop inquiéter son adversaire que la France
a évolué en première période. Zinédine
Zidane, souvent brillant et parfois brouillon hier soir, s'essayait également
au centre, sans grand succès. Il servait alors Frank Leboeuf pour
une tête sur coup-franc, puis Anelka en profondeur, mais la réussite
du match précédent contre l'Ecosse ne pouvait décemment
pas se reproduire (quatre tirs et autant buts en première période)
!
A vrai dire, la France a marqué
dans cette rencontre. Anelka, tellement attendu au tournant, a même
été le buteur : corner côté droit, ballon rasant
transmis à Emmanuel Petit, qui s'approche pour frapper du gauche,
sur le poteau, ce dont profite le joueur de Liverpool pour conclure sans
difficulté (34')... Sauf qu'intervenait alors un arbitre assistant
un peu halluciné pour signaler un hors-jeu d'Anelka, alors qu'il
était quelques mètres derrière l'avant-dernier défenseur
au moment du tir de Petit, et qu'une action aussi statique ne saurait appuyer
l'éternelle remarque qu'on ne peut voir le départ du ballon
et celui du joueur en même temps... Passons sur la lancinante énigme
du niveau de ceux qui ne veulent plus se faire appeler "juges de touche",
mais ne sont jamais arbitres centraux au contraire de leurs homologues
au rugby...
Du côté russe, quelques
contres semaient parfois le trouble, comme celui de Bestchastnykh bien
rattrapé par Marcel Desailly (29'), mais la plus grosse occasion
était une frappe d'Igor Titov, bien détournée par
Barthez (39'). Signalons pour conclure avant la pause un coup-franc au
ras du poteau de Zidane.
Des Russes toujours aussi habiles
La pression française s'est
faite plus forte en seconde période, mais elle s'est souvent écrasée
contre le mur russe, dont il faut immédiatement noter qu'il était
toujours prêt à jaillir en attaque à la moindre possession
de balle. Les Bleus ont donc eu quelques ballons de contre, mais le placement
d'Onopko a souvent fait la différence. Les Russes n'ont pas été
en reste, et la fin de match a failli tourner au vinaigre, comme la dernière
fois, avec un face-à-face bien éludé par Barthez,
et une tête d'Onopko mal ajustée alors que plus personne ne
bougeait...
Le repos n'a pas fait que du bien
à Valery Karpine, qui s'est mis successivement Zidane, Bixente Lizarazu
et Patrick Vieira à dos. En s'en prenant à ce dernier, il
s'est attiré les foudres de l'arbitre, puis du public, qui n'avait
guère autre chose à attendre de ce talentueux et fantasque
milieu offensif. Ces petits incidents ont donné du piment à
une rencontre engagée, au cours de laquelle les Bleus ont répondu
présents, mais sans toujours réussir dans leurs entreprises
offensives. Les bonnes accélérations d'Henry, l'excellente
rentrée d'un Steve Marlet très accrocheur (sans doute inspiré
par quelques jolis actes de bravoure d'Anelka), et l'apport musclé
- mais pas seulement - d'Alain Boghossian sont à noter. Zidane a
tenté de mener l'affaire, parfois seul, parfois en passeur. Sa puissante
tentative a mis en valeur Nigmatouline, excellent sur sa ligne à
défaut d'être parfait dans sa surface, avant que Desailly
ne catapulte une tête sous la barre... virtuellement, car le portier
adverse veillait.
Boghossian se signalait en fin de
rencontre pour son apport offensif, avec une frappe violente captée
par Nigmatoulin, et une tête juste au-dessus du but russe, sur corner,
à la dernière seconde (90+3').
Comme souvent, ce match contre
la Russie a été incertain et difficile. Nul doute que la
réussite a parfois fui les Bleus autant qu'elle les avait gâtés
contre l'Ecosse, mais un tel match recèle certainement plus d'enseignements
qu'une promenade de santé. L'équipe de France a tenté
avec détermination, mais sait plus qu'hier encore combien l'organisation
et la technique russes la gênent particulièrement.
Réactions
Roger Lemerre (sélectionneur
français) : "Il y a un peu de frustration côté français,
mais du côté russe, je pense que c'est la même chose.
La première période a été équilibrée,
les gardiens ont été déterminants. On part donc sur
un score d'équité, mais nous n'avions pas l'étincelle,
pas le peps qui nous aurait permis de mettre la balle au fond des filets.
Nous avons eu des opportunités, beaucoup d'occasions, mais la qualité
défensive de l'adversaire ne nous a pas permis de résoudre
le problème. En ce qui concerne la Russie, j'espère qu'on
ne les rencontrera pas en quarts de finale au Mondial !"
Patrick Vieira (milieu de terrain
français) : "On a toujours été confiant. On s'attendait
à un match difficile, contre une équipe bien organisée
qui nous a posé beaucoup de problèmes. Mais c'était
important de ne pas perdre. Dans mon cas, la deuxième mi-temps a
été un peu difficile physiquement. On a essayé, sur
les côtés, dans l'axe. A l'arrivée, c'est un 0-0 avec
beaucoup d'enseignements. La Russie est une très bonne équipe,
qualifiée pour le Mondial. On est tombé sur une bonne défense,
bien organisée."
Fiche technique
Au Stade de France, France - Russie
0-0
Spectateurs : 80.000 environ
Arbitre : M. Riley (Ang)
Avertissements
France
Candela (84')
Russie
Karpine (72'), Nikiforov (86')
Equipes
France
Barthez - Thuram, Desailly, Leboeuf
(Christanval, 46'), Lizarazu (Candela, 79') - Petit (Boghossian, 62'),
Vieira - Djorkaeff (Marlet, 62'), Zidane, Henry - Anelka (Micoud, 82')
Russie
Nigmatouline - Dayev, Onopko, Nikiforov,
Sennikov - Smertine, Ismaïlov - Karpine, Titov, Mostovoï - Bestchastnykh
(Sychev, 65')
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à cet article - par Yann Peltier
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