En recevant
la Russie ce mercredi soir au Stade de France, les Bleus vont faire autre
chose que tenter de prendre une revanche sur leur seule défaite
dans cette enceinte. Il va s'agir, dans ce match amical, de tirer une expression
collective des destins individuels en train de se jouer à l'approche
de la Coupe du Monde...
Jouer le jeu... L'expression a pu
être souvent galvaudée, mais sûrement pas par l'équipe
de France voici un mois face à de bien jeunes Ecossais (5-0). Il
serait toutefois illusoire de considérer qu'une équipe russe
bien plus expérimentée et techniquement supérieure
constituera une opposition de même calibre. Cela dit, les Bleus ne
manqueront pas de sources de motivation.
De la revanche dans l'air ?
Voici trois ans, en juin 1999, tout
au bout d'une longue saison, les Bleus fatigués avaient chuté
au Stade de France devant la Russie (2-3), venue rendre la monnaie de leur
pièce aux champions du monde, vainqueurs sur le même score
à Moscou au tout début des éliminatoires de l'Euro
2000. Cette défaite avait sérieusement marqué les
"éternels compétiteurs" de Roger Lemerre, Marcel Desailly
en tête. Il est vrai que la France ne déteste rien plus que
d'être battue par ce qui l'a longtemps caractérisé
de façon quasiment exclusive : l'imprévisibilité.
La Russie n'en manque pas, qui sera du prochain Mondial (groupe H, avec
le Japon, la Belgique et la Tunisie), après avoir manqué
le précédent.
Le capitaine de l'équipe de
France se veut en tout cas méfiant : "Les Russes sont, semble-t-il,
très motivés à l’idée d’affronter la France.
A nous de faire attention dès le coup d’envoi. Ce sont des joueurs
rapides et capables d’être au niveau technique de l’Equipe de France.
Ils joueront sans doute la carte offensive. N’allez pas croire que nous
allons remporter tous nos matches 5-0 !" Youri Djorkaeff n'y est pas
disposé : "La culture foot des Russes est quasiment identique
à la nôtre. On se souvient évidemment de la défaite
au Stade de France contre eux en 1999. La Russie est un adversaire difficile,
car imprévisible. Il nous faudra être très vigilants
et ne laisser aucun espace. Les Russes ont un jeu très latin. Leurs
bons résultats ne sont pas un hasard. Ce sera un match plus accroché
que face à la Roumanie ou à l’Ecosse."
Certains jouent leur dernière
carte
Le contexte est à la fois
identique à celui du match contre l'Ecosse, et différent.
La Coupe du Monde approchant, tout ce qui concerne la liste des vingt-trois
est exacerbé. Tel absent (Eric Carrière finalement blessé,
Willy Sagnol), tel revenant (Johan Micoud, Nicolas Anelka), tout donne
à penser, à réfléchir, à imaginer...
Il est certain que Micoud et Anelka jouent leur place au Mondial, mais
pas uniquement sur ce que les spectateurs verront ce soir, comme Lemerre
l'a expliqué : "S'il rentre à cinq minutes de la fin,
ce ne sera pas une grande indication pour moi, même si je crois plus
aux quarante-huit heures qu'il va passer avec nous qu'au laps de temps
qu'il passera sur le terrain."
Fidèle à lui-même,
le sélectionneur français entend accorder une importance
capitale à la vie du groupe, aux affinités entre les joueurs,
sur le terrain et en-dehors. Une question que Micoud ne se pose pas : "Le
temps est à présent compté avant le Mondial. C’est
un énorme plaisir d’être sélectionné à
nouveau. J’ai connu des périodes difficiles avec Parme, notamment
en décembre. Mais, je me suis toujours accroché, je crois
en moi, en mes chances. La blessure de Robert [Pirès, avec Arsenal,
NDLR] est triste. Elle donne une chance supplémentaire à
certains joueurs dont je fais partie. J’ai été associé
à Zinedine une seule fois, contre la Turquie. Evoluer aux côtés
de Zizou m’a beaucoup plu. Roger Lemerre me connaît suffisamment.
Ce France-Russie est une rencontre importante pour le groupe comme pour
moi."
Le groupe, voilà ce qu'il
ne faut donc pas négliger au moment d'aborder cette partie contre
la Russie. Au-delà des destins individuels, la France doit préparer
sa Coupe du Monde. En équipe, comme d'habitude désormais.
Une composition possible
David Trézéguet et
Sylvain Wiltord sont finalement forfaits, et Steve Marlet a été
rappelé. Fabien Barthez et Zinédine Zidane, un temps incertains,
devraient tenir leur place.
Barthez - Thuram, Leboeuf, Desailly
(cap.), Lizarazu - Vieira, Petit - Micoud, Zidane, Henry - Anelka
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à cet article - par Yann Peltier
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