Ce
n'est pas l'entente cordiale entre le président lyonnais Jean-Michel
Aulas et son entraîneur Jacques Santini, ces temps-ci. Ce dernier
estime que l'équipe ne s'est pas renforcée suffisamment et
traîne sa mauvaise humeur sans vraiment la masquer. Une situation
que la défaite enregistrée d'entrée à Lens
samedi en championnat (2-0) ne risque pas d'arranger.
Au jeu des petites phrases, l'entraîneur
de l'OL Jacques Santini ne s'en laisse pas compter. De l'offensif international
brésilien Juninho Pernambucano, recruté pour près
de 60 MF, il a ainsi pu dire : "Je ne l'ai eu que huit jours en stage.
Je ne le connais pas !" Autre thème, les objectifs : "Favoris
du championnat, nous ? En ce moment, je dis non." Mais pourquoi l'ancien
Stéphanois est-il à ce point de mauvaise humeur ? Le président
Aulas devait le rencontrer ce week-end pour faire le point, mais la tension
est palpable.
Une préparation gâchée
Santini estime qu'il n'a absolument
pas pu préparer correctement la saison à venir. Celle-ci
s'annonce pourtant décisive pour l'Olympique Lyonnais, qui ne peut
plus se cacher et doit lutter pour un titre de champion de France qu'il
n'a jamais décroché. Un titre qu'il n'a dû qu'à
la réussite nantaise et à de trop nombreux matches nuls de
ne pas obtenir la saison passée. Il est vrai qu'on aurait pu rêver
d'un meilleur été pour s'y projeter : arrivées décalées
des internationaux retenus pour la Coupe des Confédérations
(les Brésiliens éliminés en demi-finale Edmilson,
Claudio Caçapa et Sonny Anderson ; les Français vainqueurs
Steve Marlet, Grégory Coupet et Jérémie Bréchet),
blessures importantes (Edmilson, Sidney Govou, Steve Marlet, Sonny Anderson),
départ de Juninho Pernambucano pour la Copa America, et conséquemment
matches amicaux ne permettant surtout pas de dégager une équipe-type.
Tant mieux pour les jeunes, mais Lyon ne dépense pas des millions
pour aligner son centre de formation en D1.
Ce début de saison est également
perturbé par la lenteur du règlement des cas de Vikash Dhorasoo
et de Tony Vairelles. Le meneur de jeu n'est toujours pas parti vers ce
qui ressemble de plus en plus à un mirage italien, même si
le directeur sportif Bernard Lacombe pense avoir une petite chance de le
caser à la Juventus de Turin. L'attaquant venu de Lens il y a deux
ans, lui, aurait refusé des offres de clubs qu'il estime inintéressants,
de même que son club aurait refusé des propositions jugées
trop faibles pour un international français. Surtout, il estime
que Santini est la seule personne à le juger indésirable
et semble prêt à attendre que la situation empire pour éventuellement
profiter de l'éviction de celui-ci.
Des transferts venus d'ailleurs
?
Les deux joueurs s'entraînent
à part, mais évoquer ce qui leur arrive amène tout
naturellement sur le terrain des transferts et des relations entre Aulas
(voire Aulas + Lacombe) et Santini. Ce dernier comptait apparemment sur
Steed Malbranque, n'a peut-être pas demandé Juninho Pernambucano
si l'on se fie à ce qui est mentionné plus haut, et estime
que l'équipe ne s'est pas renforcé, ce qui comblera d'aise
Frédéric Née, arrivé de Bastia avec le titre
officieux de meilleur buteur français du championnat de France,
mais également le président Aulas, qui a déjà
investi 160 MF dans l'achat de joueurs (transfert définitif de Caçapa,
et achats de Juninho Pernambucano et Née). Malbranque va partir
pour Fulham pour 54 MF, parce qu'il veut jouer plus - mais selon Lacombe
il aurait joué plus à Lyon cette saison - mais sans doute
aussi parce que Née a coûté 51 MF et n'était
peut-être pas impérativement prévu au casting avant
les blessures d'Anderson et de Govou. Santini a été furieux
que Malbranque parte, en l'annonçant un jour avant le premier match
de championnat perdu à Lens (2-0), à l'issue duquel il était
assez remonté : "Les circonstances ne nous ont franchement pas
aidés, si l'on se réfère aux dernières vingt-quatre
heurs avant le match."
L'entraîneur lyonnais ne participe
visiblement pas au recrutement du club. Il veut le milieu de terrain nantais
Eric Carrière depuis longtemps et aurait demandé à
Aulas, qui n'a pas exclu d'engager un international supplémentaire,
de reprendre contact avec le FCNA à son sujet. Ce dernier, pour
en revenir aux petites phrases, n'a pas manqué l'occasion d'en sortir
une au sujet de Carrière : "J'ai appris, par la presse, que c'était
la priorité de l'entraîneur." La priorité de Lacombe
était Juninho Pernambucano, Santini voudrait son joueur. Mais Aulas
avait déjà, lors de la présentation de Née,
adressé au coach un message selon lequel il n'avait rien à
réclamer : "On doit avoir un entraîneur très heureux
de disposer d'un effectif de cette qualité-là."
Mais à quoi jouent-ils
? L'Olympique Lyonnais a plus de moyens que jamais, s'appuie sur un groupe
stable qui s'est construit au fil d'un parcours national et européen
digne d'éloges. Il serait dommage - pour le club et pour un football
français auquel il est susceptible d'apporter beaucoup - que des
querelles de personnes ou des divergences de vue au sein de l'équipe
technique ou dirigeante viennent gâcher une progression avérée.
A moins que cette agitation ne soit qu'une des soubresauts inhérents
au développement d'un "grand club".
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à cet article - Par Yann Peltier
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