Le FC Lorient a connu une intersaison très calme, signe finalement que le changement d'entraîneur, transfert le plus significatif de l'été, ne sera pas un changement d'identité. Le coach argentin Angel Marcos a mené Le Mans à un certain standing en s'appuyant sur un jeu vif et léché que n'aurait pas renié son prédécesseur chez les Merlus, Christian Gourcuff. Rien d'étonnant à ce que les joueurs sur lesquels il va s'appuyer soient sensiblement les mêmes que l'an passé, les moyens financiers limités du promu breton ayant également leur part dans l'explication de ce fait.

Gardiens : Le Garrec confirmé

Le maintien, objectif évident, passe avant tout par la défense, assise sans laquelle produire du jeu est sans effet. Le gardien aura donc son importance, dernier rempart d'une formation qui souffrira peut-être dans ce secteur. De ce côté-là, rien n'a changé : comme en 1998/9, c'est Stéphane Le Garrec qui va garder les cages lorientaises, où son expérience devra parler. Il ne semble a priori pas vraiment inquiété par l'actuelle doublure Fabien Garnier, ni part Ronan Nédelec, et son professionnalisme devrait faire le reste. A moins qu'un nouveau gardien numéro deux ne soit recruté, ce qui était encore d'actualité voici deux semaines.

Défense : un peu juste

Devant Le Garrec, la situation est trop claire pour être satisfaisante. A l'heure actuelle, le FC Lorient ne dispose que de quatre défenseurs de métier confirmés, à savoir Loïc Druon, Anthony Gauvin, Christophe Ferron et Arnaud Le Lan. Une saison est longue, blessures et suspensions sont inévitables, et des renforts sont vivement souhaités : Marcos voudrait un arrière latéral et un stoppeur gaucher, mais il est peut-être un peu tard et un budget de 100 MF ne permet pas toutes les dépenses. Le jeune Guillaume Norbert, ancien (!) du PSG et d'Arsenal, actuellement mis à l'essai, fera peut-être l'affaire pour couvrir les latéraux. Il faudra éventuellement solliciter ceux qui attendent derrière, tels Edern Guyader, Frédéric Sonzogni et Franck Strugeon.

Milieu : tout pour réussir

Au milieu de terrain, Lorient s'est indéniablement renforcé tout en conservant ses forces vives de la saison passée. Sylvain Ripoll, Nicolas Cloarec, David Bouard et Xavier Dudoit sont toujours là, tout comme Ulrich Le Pen qui semble plus que ceux-là appelé à jouer un rôle pour son retour parmi l'élite. Le meneur de jeu Seydou Keita est resté également, mais rentre dans la catégorie des recrues : prêté l'an passé par l'Olympique de Marseille, il était apparemment dans les petits papiers du nouveau responsable sportif phocéen Bernard Tapie, mais Marcos a poursuivi dans la voie tracée par Gourcuff en insistant et en obtenant que le club l'engage pour cinq ans. Auteur d'une belle saison en D2, Keita devra confirmer.

Toujours dans le secteur offensif de l'entrejeu, le FCL attend beaucoup de l'international ivoirien Tchiressoua Guel sur le côté droit. L'ancien Marseillais a vécu une drôle de saison à Saint-Etienne, avec la descente et les affaires que l'on sait, bien évidemment, mais surtout des changements d'entraîneur qui l'ont fait passer alternativement du statut de titulaire important à celui de joueur inutilisable. Avec le technicien argentin, Guel retrouvera un 4-4-2 certes différent, mais un 4-4-2 offensif qui avait fait son bonheur sous la houlette de Robert Nouzaret. Il devrait être en concurrence avec la recrue caennaise Nicolas Esceth-N'Zi, mais celui-ci a beaucoup à prouver après n'avoir en rien confirmé en Normandie, dans un environnement évidemment moins favorable sportivement, les belles perspectives entrevues à Gueugnon voici deux ans. Marcos a par ailleurs fait venir du Mans Cédric Chabert, milieu défensif qu'il compte visiblement utiliser régulièrement.

Attaque : un bon trio

En attaque, on retrouve un autre international ivoirien, Eli Kroupi, dont l'efficacité a fait merveille la saison passée. Sa complémentarité avec le puissant Jean-Claude Darcheville n'est plus à démontrer. Mais se révéler en D2 et y confirmer est déjà difficile, alors Kroupi devra sans doute se surpasser pour apporter autant à son club en D1. Marcos ne s'est donc pas endormi sur les lauriers de l'actuel coach rennais et a enregistré une arrivée appréciable, même si elle n'implique pas un joueur aussi confirmé que pouvait l'être Patrice Loko voici deux ans - l'ancien international était certes arrivé au mercato d'hiver.

Il s'agit du jeune Guinéen Pascal Feindouno, qui avait offert le titre de champion de France aux Girondins de Bordeaux à la dernière seconde contre le PSG au Parc en 1999, qui a été prêté un an par ses derniers. Elie Baup veut qu'il s'aguerrisse dans un autre club plutôt que de cirer le banc marine et blanc ; il espère donc que Feindouno sera titularisé le plus souvent possible et jouera quatre-vingt-dix minutes complètes de nombreuses fois. Marcos fera sans doute tourner en attaque. En quatrième choix, on retrouvera Pascal Bedrossian ou Koffi Fiawoo, qui auront certainement leur chance à un moment donné.

Quelle composition d'équipe ?

Marcos n'abandonnera pas son 4-4-2 à vocation offensive. En supposant que Keita jouera le rôe d'un véritable meneur de jeu, un entrejeu en losange se dessine. L'incertitude majeure demeure l'attaque, où trois éléments se disputeront le plus régulièrement deux places. Il est possible que l'entraîneur argentin ne fixe pas de duo d'attaque et alterne très régulièrement.

Marcos voudrait que le FC Lorient devienne "une équipe difficile à battre tout en proposant un jeu alléchant et intelligent". C'est pour lui la clé d'un maintien évidemment prioritaire, comme elle l'était pour son prédécesseur Gourcuff. Cette fois-ci, le promu morbihannais ne voudra pas attendre la dernière journée et manquer son objectif à cause d'un malheureux but de différence, comme au profit du Havre en 1999.