Le
Lille Olympique Sporting Club ne s'étant pas maintenu, comme prévu,
au sommet de la hiérarchie, l'Olympique Gymnaste Club de Nice s'engouffre
dans la voie du succès. Financé par la municipalité,
l'OGC Nice devient en 1951-52, selon les dires de France Football, l'équipe
la plus complète, la plus efficace et la plus moderne du football
français.
1951-52 : Olympique Gymnaste Club
de Nice
Bilan : 34mj, 21v, 4n, 9d,
65bp, 42bc
Equipe-type : Domingo - Firoud,
Poitevin, Gonzalès - Bonifaci, Belver - Nuremberg, Carré
- Courteaux, Bengtsson, Ben Tifour
Effectif : Belver(26), Bengtsson(26),
Ben Tifour(27), Bonifaci(31), Carniglia(10), Carré(30), Cesari(21),
Courteaux(30), Domingo(33), Firoud(19), Gonzalès(33), Lupi(1), Martinez(1),
Nuremberg(8), Pedini(22), Poitevin(30), Rossi(26)
Meilleurs buteurs : Bengtsson
12 buts (19ème D1), Courteaux 11 buts (23ème D1), Ben Tifour
10 buts
Le Gymnaste Club de Nice, fondé
en 1904, ouvre une section football en 1907. Il faut attendre 1924 pour
voir apparaître officiellement l'Olympique Gymnaste Club de Nice
suite à une fusion avec le FAC Nice. Pour anecdote, l'un des premiers
présidents se nomme M. Goitshel (le père de Marielle et Christine,
les skieuses). L'aventure professionnelle attire le club niçois
qui s'engage dans le premier championnat en 1932-33 mais les résultats
ne suivent pas. En 1947, un triumvirat conduit par MM. Cotta, Sattegna
et surtout Jean Médecin, maire de Nice, décident de tout
mettre en oeuvre pour que la ville de Nice possède une grande équipe.
La municipalité n'hésite pas à financer le club et
dès 1948, la montée en première division est acquise.
Après deux saisons moyennes, la grande surprise intervient en 1950-51.
L'OGC Nice pointe en dernière
position avec un seul point inscrit en sept journées. L'entraîneur
Elie Rous en fait les frais, d'autant plus que ses méthodes quasi
militaires ne plaisent à aucun joueur. Suppléé par
Jean Lardi puis Numa Andoire, le fameux choc psychologique du changement
d'entraîneur transcende les Niçois et dans le sillage de son
extraordinaire Brésilien, Yeso Amalfi, l'équipe fond sur
les leaders du championnat. A l'avant-dernière journée, Nice
prend le commandement au goal-average devant Le Havre, Lille et Nîmes.
En ajoutant Reims, ils sont cinq à se disputer le titre sur la dernière
journée. Le Groupement professionnel (ancêtre de la LNF) décident
d'interdire toutes les retransmissions radiodiffusées pour conserver
toute équité. Les Niçois s'imposent à Paris
face au Stade Français et devancent finalement Lille au goal-average.
Autant la saison 1950-51 fut celle
de l'inattendu, autant la saison 1951-52 est celle de la consécration.
Le club niçois perd son phénoménal Brésilien
Amalfi à l'intersaison mais récupère un bon gardien,
Marcel Domingo, de retour de Madrid, et un défenseur talentueux,
Pancho Gonzalès. L'OGC Nice présente un tout autre visage,
l'équipe est plus équilibrée et régulière
que l'année précédente. La folle attaque a laissé
place à un jeu basé sur une défense pleine de sang-froid.
Le parcours s'en ressent bénéfiquement et Nice fait la course
en tête aux côtés de Bordeaux et Lille. Pourtant, la
fin de saison est très éprouvante pour les Niçois
encore en lice sur les deux tableaux. La première récompense
se matérialise par la victoire face à Bordeaux au terme de
la plus belle finale de l'histoire de la Coupe de France. Les Azuréens
laissent beaucoup de forces dans l'événement et dans les
célébrations d'après-match et le paient cache avec
une défaite, 6 buts à 0, à Lille lors de l'avant-dernière
journée. Nice a craqué. Dans le même temps son concurrent
le plus direct, Bordeaux, se déplace à Marseille et heureusement,
les Bordelais subissent un pareil affront en encaissant 6 buts sans en
rendre le moindre. Une nouvelle fois, le titre se joue lors de la dernière
journée, Nice devance Bordeaux et Lille d'un point. L'adversaire
du jour est le grand rival méditerranéen, Marseille. Numa
Andoire, l'entraîneur des Aiglons, rappelle alors à ses joueurs
:"En cas de victoire, conformément au statut professionnel, vous
aurez droit à 15% des recettes de la saison. Alors que si vous terminez
troisième, vous ne vous partagerez que 8%". Les Niçois viennent
à bout des Marseillais, s'adjugent un second titre d'affilée
et réalisent le doublé. Leur exploit est salué par
France Football qui voit en l'OGC Nice, l'équipe la plus complète,
la plus efficace, la plus moderne du football hexagonal.
Les Aiglons doivent leurs succès,
en premier lieu, à leur entraîneur, Numa Andoire. Méditerranéen
pur souche, il conduit son équipe de manière atypique en
privilégiant l'improvisation. Sa vision peu orthodoxe, dans un univers
footbalistique de plus en plus basé sur la tactique, l'empêche
d'obtenir le diplôme fédéral, ce qui oblige les dirigeants
à lui adjoindre Mario Zatelli, un autre personnage haut en couleur.
Le tandem, qui dirige un groupe cosmopolite, fonctionne à merveille.
L'effectif se compose de joueurs complets sans véritable vedette.
Antoine Bonifaci, Niçois bon teint, est le stratège de l'équipe
à seulement 21 ans. Il attire toutes les convoitises des clubs italiens
et partira vers l'Inter un an plus tard. Il sait servir parfaitement ses
attaquants. Le Suédois Bengtsson est le buteur attitré, mais
le Nord-Africain Ben Tifour et le Parisien Courteaux ne sont pas en reste.
Courteaux, issu de la DH à Juvisy, passé par le Racing qui
ne lui faisait pas confiance, est la grande révélation des
deux saisons écoulées. Vic Nuremberg est aussi une trouvaille
des dirigeants niçois, cet ancien amateur luxembourgeois est un
joueur en devenir, il animera le jeu de l'OGCN tout au long des années
cinquante.
Les années cinquante réussissent
bien à l'OGC Nice, le titre revient dans son escarcelle en 1956
et 1959 ainsi que la Coupe de France en 1954. Les Niçois goûtent
même aux premières joies de la Coupe d'Europe des Clubs Champions
avant de descendre en D2 en 1964. Les Aiglons connaissent, depuis, les
affres de l'ascenseur entre la première et la seconde division,
et la victoire en Coupe en 1997 ne peut cacher de véritables problèmes
de gestion...
Vivian Massiaux