Galatasaray : l'incassable plafond de verre

Par Youcef Touaitia - Actu Générale, Mise en ligne: le 12/06/2025 à 22h45
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Dominateur en Turquie, Galatasaray ne parvient toujours pas à convaincre hors de ses frontières. Entre ambition légitime, stratégie brouillonne et plafond de verre persistant, le club stambouliote tente désespérément d'arrêter de tourner en rond, 25 ans après son exploit.

Galatasaray : l'incassable plafond de verre
Okan Buruk rêve de briller au-delà de la Turquie.

Galatasaray incarne mieux que quiconque le paradoxe du football turc : ultra-dominant sur son territoire, mais désespérément cantonné au second plan lorsqu'il s'agit de jouer les grands rôles à l'échelle continentale. L'aura de la victoire en Coupe de l'UEFA 2000 continue de rayonner, presque comme un mirage qui empêche de voir la stagnation réelle.

Sur la scène nationale, Galatasaray inspire la crainte et le respect. Mais dès que la musique de la Ligue des Champions retentit, l'écart devient flagrant. Les ambitions sont là, les moyens aussi. Les résultats, eux, restent terriblement maigres. Entre désillusions sportives et stratégie hésitante, Galatasaray semble pris dans une boucle infernale.

Trop fort pour la Süper Lig, trop limité pour l'Europe

Galatasaray écrase la concurrence en Turquie avec une régularité que peu de clubs européens peuvent revendiquer. Trois titres d'affilée depuis 2023, onze sacres depuis 2000, une mainmise presque incontestable sur le football turc, et des rivaux historiques comme Fenerbahçe ou Besiktas relégués au second plan. Mais si l'équipe a clairement consolidé son statut de puissance domestique, son palmarès européen, lui, reste désespérément figé. Depuis l'exploit de 2000 (Coupe de l'UEFA face à Arsenal en finale puis Supercoupe de l'UEFA contre le Real Madrid), aucune campagne ne s'est réellement approchée du sommet. En Ligue des Champions, Galatasaray a disputé quinze éditions, mais n'a dépassé les huitièmes de finale qu'à deux reprises, en 2001 et 2013. À chaque fois, l'histoire s'est arrêtée en quarts de finale contre le Real. Depuis ? Une ribambelle de revers cuisants et de reversements prématurés en C3.


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Et même dans cette compétition à sa mesure, les résultats sont très décevants. En treize participations à la Coupe de l'UEFA/Ligue Europa, dont sept via une chute dès les éliminatoires ou les poules de la Ligue des Champions, le club n'a jamais franchi le cap des huitièmes de finale. La saison écoulée, le Cimbom s'est même fait sortir dès les 16es de finale par l'AZ (1-4, 2-2), dans une double confrontation symptomatique du mal profond : manque de constance, de maîtrise tactique, et souvent de réponses mentales quand l'adversaire hausse le ton. L'Europe n'est plus un terrain de conquête, mais un labyrinthe sans issue. Galatasaray s'y perd à chaque fois qu'il tente de se mesurer aux standards du très haut niveau. Un constat d'autant plus frustrant que le club dispose d'une base populaire massive, d'un stade incandescent et d'une pression constante alimentée par une ferveur unique.

Une politique ambitieuse mais confuse

S'il fallait chercher une explication à ces échecs récurrents, elle se loge sans doute dans la politique sportive menée ces quinze dernières années. Le club n'a jamais cessé d'investir, parfois massivement, parfois brillamment. Didier Drogba, Wesley Sneijder, Radamel Falcao, Mauro Icardi, Hakim Ziyech, Dries Mertens, Alvaro Morata : les noms font rêver et témoignent d'un pouvoir d'attraction réel dans une ville aussi prisée et tentaculaire qu'Istanbul. Mais derrière l'affiche, la cohérence interroge. Galatasaray alterne entre paris plus ou moins coûteux sur des jeunes prometteurs (Zaniolo, Bruma, Gabriel Sara) et signatures spectaculaires de trentenaires en quête de rebond. Résultat : seuls sept joueurs ont été recrutés à plus de 10 millions d'euros, preuve que le club préfère multiplier les coups moyens plutôt que d'investir sur certains profils à très fort potentiel.

Côté ventes, le constat est plus sévère encore. Le record est détenu par Sacha Boey (30 M€ au Bayern en 2024), mais au-delà, les chiffres plafonnent : aucun autre départ n'a franchi les 16 millions d'euros. Le champion de Turquie vend peu et mal. À cela s'ajoute une instabilité chronique : entre 2020 et 2025, 160 départs ont été enregistrés… pour chaque mercato estival et hivernal combinés. Des va-et-vient forcément néfastes pour bâtir une colonne vertébrale solide... Malgré la fidélité de quelques cadres comme Fernando Muslera (551 matchs), Wesley Sneijder (175 matchs) voire Sofiane Feghouli (162 matchs), chaque saison commence comme un reset. Une inconstance qui s'explique aussi par une gouvernance souvent tiraillée entre ambitions sportives et intérêts politiques. Cinq présidents se sont succédés depuis 2015 avec des logiques électoralistes, parfois plus soucieux de plaire aux supporters que de construire à long terme.

A la recherche du bon modèle

Ces derniers temps pourtant, des signaux plus prometteurs émergent. L'arrivée de Leroy Sané, libre mais extrêmement bien payé (9 M€/an + 3 M€/an de primes), envoie un message fort : Galatasaray n'est plus juste un refuge pour stars en pré-retraite, c'est désormais une alternative crédible pour des joueurs qui n'ont pas encore la trentaine et qui veulent un projet ambitieux sans subir la pression extrême des clubs du TOP 5 européen. Le prêt de Victor Osimhen, l'offre de 65 millions d'euros à Naples et un salaire de 25 millions d'euros par an pour tenter de le conserver, les négociations avancées pour d'autres joueurs internationaux, montrent que le club sait séduire. Le projet s'assainit aussi avec des recrues plus jeunes, plus impliquées, et les profils semblent davantage pensés pour coller à un plan de jeu.

Mais ce modèle intermédiaire – entre tremplin, comme Franck Ribéry par le passé, et destination finale pour anciennes gloires – doit s'accompagner d'une prise de conscience structurelle. Galatasaray ne pourra pas viser plus haut sans continuité. Un noyau fort doit être installé et conservé. Acheter mieux, vendre au juste prix et cesser de faire et défaire. Moins de volume, plus de pertinence, en somme. Les meilleurs exemples à suivre ? Benfica et le FC Porto. Deux clubs qui ont trouvé leur voie tout en étant capables de briller ponctuellement en Europe sans disposer d'un budget colossal... mais qui ont surtout une direction technique clairement identifiée. Galatasaray en a les moyens financiers, la base populaire, l'attractivité et même la patience. Ce qui lui manque, c'est une vision claire. Et, enfin, la capacité de la suivre.

Galatasaray peut-il casser le plafond de verre qui l'empêche de devenir un grand club européen ? N'hésitez pas à réagir et débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» ...







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