Un match pour
le titre. Un match pour donner un sens aux trente-trois précédents.
Le Lyon - Lens de ce samedi soir décidera du champion de France,
et devient à ce titre historique avant même d'être joué.
Un point complet sur cette rencontre au sommet, et sur le reste de la D1
!
Exceptionnel ! Ce terme tant de fois
galvaudé traduit ici à merveille ce qui ressort d'un tel
match : le leader se déplace chez le second, il n'a qu'un point
d'avance et c'est la dernière journée. Personne ne peut rattraper
ces deux équipes. Gerland sera le champ clos de leurs ambitions
: en sortiront forcément le champion et son dauphin.
Un coup d'oeil sur les statistiques
La crème de la crème.
Lens et Lyon vont se livrer un duel au sommet. Là encore le mot
est bien choisi. Non seulement ces deux équipes sont en tête
de la D1, dont elles fournissent les deux attaques les plus prolifiques
(59 buts pour l'OL, 54 pour le RCL). Mais Lyon est aussi la meilleure équipe
à domicile (42 points sur 48 possibles), tandis que Lens est le
plus dangereux voyageur de l'hexagone (27 points sur 48 possibles). De
ce côté-là, c'est l'incertitude.
Pour préciser, examinons le
comportement des deux équipes dans des circonstances similaires,
à savoir contre les équipes de tête (on retiendra Auxerre,
Paris, Lille et Bordeaux). L'OL a dominé Auxerre (3-0), Paris (3-0),
Lille (4-2) et Bordeaux (1-0) : quatre victoires à Gerland sur les
quatre poursuivants ! Le RCL est allé, pour sa part, perdre à
Auxerre (1-0), prendre un point à Paris (2-2), battre Lille (0-1)
et chuter à Bordeaux (2-1). D'un côté, 12 points sur
12. De l'autre, 5 points sur 12.
En déplacement sur toute la
saison, Lens a pris 56,25 % des points en jeu. Contre les quatre équipes
citées, seulement 41,67 %. De son côté, Lyon à
domicile à pris 87,50 % des points en jeu. Mais contre les quatre
équipes citées, c'est du 100,00 % ! Les chiffres bruts donnent
l'avantage à Lyon, nettement pondéré par le fait que
Lens peut se contenter d'un nul pour être champion.
La tendance de ces dernières
semaines est évidemment favorable aux joueurs lyonnais. Lens a vu
son avance, qui s'est montée à six points, fondre devant
le rythme lyonnais ; le club artésien n'a pas gagné en déplacement
depuis le 23 février dernier (à Montpellier, 1-2), reste
sur une cuisante défaite à Bastia (3-1) ; il a fallu se refaire
un moral après une mauvaise série (2 points sur 12) en battant
Guigamp (4-1) de fort belle façon, pour la dernière à
Bollaert. Lyon a de son côté rassemblé ses forces en
un dernier sursaut : après une défaite à Lille le
16 mars dernier (2-0), les Gones ont senti le vent du boulet et pris 10
points sur 12, dont deux victoires à Auxerre et à Bordeaux,
alors que c'est à l'extérieur que l'OL a connu ses huit défaites
en championnat. Lyon est le lièvre qui pourrait faire mentir la
fable !
Y aura-t-il des hommes-clés
?
Pour faire la transition vers les
hommes, il convient de citer les atouts offensifs de ces deux équipes.
Côté lyonnais, il y a Sonny Anderson (14 buts, 2 passes décisives.),
Sidney Govou (9 b., 5 pd.), Eric Carrière (4 b., 8 pd.), Juninho
Pernambucano (5 b., 6 pd.). Côté lensois, on trouve Stéphane
Pédron (5 b., 12 pd.), Daniel Moreira (11 b., 5 pd.), El-Hadji Diouf
(10 b., 4 pd.), Antoine Sibiersiki (6 b.). Les quatre Lyonnais totalisent
32 buts et 31 passes décisives, les quatre Lensois 22 buts et 21
passes décisives.
Pour remporter un titre de champion
de France, il faut fréquemment compter dans son effectif un joueur
qui l'a déjà été auparavant. Les exemples sont
nombreux et sans prétendre à l'exhaustivité, citons
Stéphane Ziani (Nantes 2001, Lens 1998), Fabien Barthez (Monaco
2000, Monaco 1997), Ali Benarbia (Bordeaux 1999, Monaco 1997), etc...
Les deux équipes ont
ce qu'il faut. A Lyon, on retrouve Philippe Violeau (Auxerre 1996), Sonny
Anderson (Monaco 1997), Marc-Vivien Foé (Lens 1998) et Eric Carrière
(Nantes 2001), voire Angelo Hugues (un match avec Monaco en 1988). A Lens,
on a uniquement ceux qui étaient du titre il y a quatre ans (notamment
Guillaume Warmuz, Jean-Guy Wallemme, Eric Sikora et Yohan Lachor).
Qui pour livrer l'ultime bataille
?
Les huit atouts offensifs suscités
sont disponibles pour le choc de ce soir. Les deux effectifs sont d'ailleurs
quasiment au complet.
A Lyon, manquera tout d'abord le
milieu défensif Marc-Vivien Foé : sévèrement
expulsé à Bordeaux avec Christophe Dugarry, il est suspendu.
Eric Carrière et Edmilson devraient faire leur retour après
leurs élongations à une cuisse, tandis que Christophe Delmotte
et Florent Laville sont à nouveau disponibles. L'incertitude concerne
Jérémie Bréchet (point de contracture) et Peguy Luyindula
(béquille), touchés à l'entraînement cette semaine.
L'entraîneur lyonnais Jacques Santini a emmené dix-huit joueurs
au vert, dans le Beaujolais, dont deux ne figureront pas sur la feuille
de match : Coupet, Hugues - Bréchet, Caçapa, Chanelet,
Deflandre, Edmilson, Laville, P. Müller - Carrière, Delmotte,
Juninho Pe., Laigle, Linarès, Violeau - S. Anderson, Govou,
Luyindula.
A Lens, c'est Valérien Ismaël
qui aurait pu manquer à l'appel, mais il s'est remis d'une légère
entorse de la cheville cette semaine. Et Jacek Bak est opérationnel
après une opération du pouce, pour cette rencontre qui lui
tient à coeur. En dépit d'un bon parcours parmi les Gones,
il a quitté Santini en mauvais termes, et après avoir été
prêté au Racing, vient de s'y engager définitivement.
Joël Muller n'a pas élaboré de préparation particulière
pour cette rencontre, et se base lui aussi sur un groupe de dix-huit éléments
(mais il a embarqué tout l'effectif à Lyon) : Chabbert, Warmuz
- Bak, Coly, A. Coulibaly, Ismaël, Sikora, Traoré, Wallemme
- Blanchard, Coridon, Diop, Pédron, Sibierski - Bucher, Diouf, D.
Moreira, B. Rodriguez.
Les équipes probables
Lyon
Coupet - Chanelet, Edmilson, P.
Müller, Bréchet - Juninho Pe., Violeau, Linarès, Carrière
- Govou, S. Anderson (cap.)
Lens
Warmuz (cap.) - Coly, Bak, Wallemme,
Ismaël, A. Coulibaly - Sibierski, Blanchar, Pédron - D. Moreira,
Diouf
Lens veut y croire, Lyon se sent
mal-aimé
Va-t-il s'agir pour le Racing de
tenir le nul à Gerland, au risque de tout perdre sur un coup du
sort en fin de rencontre ? Poser la question, c'est déjà
y répondre par la négative. Pour développer un peu
le "on va aller gagner à Lyon" vociféré par
un Diouf toujours aussi humble aussitôt la victoire acquise contre
Guingamp, il semble utile de solliciter l'opinion de son entraîneur
: "L’OL possède un gros potentiel offensif, mais il doit remporter
la victoire alors que nous pouvons nous contenter d’un match nul. Nous
irons à Lyon avec l’ambition de gagner, ce qui suppose que nous
marquerons un ou plusieurs buts puisqu’on sait que chez eux les Lyonnais
en marquent pas mal. Nous n’irons pas à Lyon pour nous cantonner
en défense mais pour jouer notre jeu. C’est un match un peu particulier.
Même si tout à fait logiquement les Lyonnais seront les favoris,
dans une rencontre de cette nature ça se passe dans la tête."
A Lyon, ceux qui parlent jouent la
carte du "seuls contre tous" (tous, sauf les centaines de milliers de personnes
intéressées par un billet pour la rencontre et qui ont fait
exploser le standard de la billetterie !), prenant par exemple au pied
de la lettre les récentes déclarations des Girondins sur
leur préférence pour Lens, simple escarmouche verbale d'avant-match
de fin de saison. Ce discours venu d'en-haut est ainsi repris par Grégory
Coupet : "Lyon dérange. L'OL s'est donné les moyens, affiche
ses ambitions et dérange. Mais ce n'est pas grave, cela prouve aussi
que nous existons. C'est beaucoup mieux comme ça. Maintenant, quand
on voit que notre entraîneur n'est pas nommé parmi les meilleurs
entraîneurs du championnat, cela me paraît incompréhensible."
De Coupet, on préférera
apprécier les performances régulières que cette paranoïa
superficielle destinée à reformer des rangs parfois dispersés
cette saison, et on se tournera plutôt vers la sincérité
d'un Pierre Laigle, ancien Lensois à la détermination bien
moins partagée que son coeur : "Lens est une toute petite ville
alors que Lyon est une grande métropole. Les mentalités sont
totalement différentes et les supporters lensois apparaissent plus
sympathiques que les nôtres. Si nous parvenions à décrocher
le titre, samedi soir, tout changerait peut-être. Et puis, malgré
tous les efforts de nos supporters qui répondent de mieux en mieux
quand nous avons besoin d'eux, Gerland n'est pas encore Bollaert. Il est
vrai que le rouge et le jaune sont des couleurs qui frappent."
Le mot de la fin sera pour le
portier lensois Guillaume Warmuz, déjà champion de France
en 1998 : "Finalement, on a joué trente-trois matches pour rien
puisque tout va se jouer sur une rencontre ! Les présidents auraient
dû s'arranger. C'eût été plus simple à
gérer !" Plus simple mais moins palpitant qu'une saison finalement
réussie, où l'incertitude aura régné jusqu'au
bout. Messieurs, c'est à vous de jouer !
Les autres rencontres
Comme souvent lors de la dernière
journée, certains destins vont se nouer. Auxerre (3e) et le PSG
(4e) se disputent un accès au troisième tour préliminaire
de la Ligue des Champions. Avantage aux Auxerrois, qui comptent un point
d'avance et reçoivent Rennes (15e), qui n'a plus rien à perdre
ni à gagner. Paris se déplace à Lille (5e, qualifié
en Intertoto) pour la dernière de Vahid Halilhodzic là-bas.
L'AJA ne doit pas faire un résultat inférieur au PSG pour
rester troisième.
L'autre grand match, c'est la "finale
pour le maintien" Metz (16e) - Lorient (18e), que suivra attentivement
Guingamp (17e), qui accueille Troyes (7e, assuré d'une place en
Intertoto). Un de ces trois clubs se maintiendra aux dépens des
deux autres. Metz a les cartes en main : une victoire et c'est réglé.
Guingamp doit gagner et espérer que Metz ne s'impose pas. Lorient
doit battre Metz et espérer que Guingamp ne l'emporte pas. Il y
a des certitudes : si Lorient et Guingamp ne gagnent pas, doublé
breton pour la descente et maintien des Lorrains !
Pour le reste, Bordeaux (6e) est
qualifié pour la Coupe de l'UEFA grâce à sa belle victoire
en Coupe de la Ligue, et se déplace à Nantes (11e), qui doit
gagner
pour espérer vaguement l'Intertoto. Cet accessit est également
possible pour Montpellier (10e) et pour Marseille (9e), qui s'affrontent
au Vélodrome. La place convoitée est détenue par Sochaux
(8e), avec une avance confortable (deux points sur l'OM, trois sur le FCNA
et let MHSC), et la perspective de recevoir Monaco (12e) sans grande crainte.
Sedan (13e) - Bastia (14e) présente un enjeu sportif limité,
mais donne l'occasion de signaler qu'à l'occasion de cette trente-quatrième
journée de D1, une minute de silence sera respectée dans
tous les stades pour honorer la mémoire des dix-huit personnes décédées
et des deux mille trois cent trente-deux blessés du drame de Furiani,
le 5 mai 1992, en marge d'une demi-finale de Coupe de France Bastia - Marseille
qui n'a finalement jamais eu lieu...
Réagir
à cet article - Par Yann Peltier
|