La saison française
2000/1 n'est donc pas terminée... Hier a été annoncée
la rétrogradation de l'OM et du TFC par la DNCG, la Direction Nationale
de Contrôle et de Gestion de la LNF. Pour Marseille, cela signifie
la D2. Pour Toulouse, déjà relégué sportivement
en D2, cela signifie le National. Mais les deux clubs ont fait appel.
Une annonce lointaine
C'est le genre de nouvelle qui fait
un certain bruit. Pourtant, son annonce a été faite loin,
très loin. En Corée du Sud pour être plus précis.
Car tout le gratin des instances du football français est avec l'équipe
de France à la Coupe des Confédérations. C'est là
que le président de la FFF, Claude Simonet, a annoncé la
rétrogradation de l'OM en D2 pour garanties financières insuffisantes
: "La DNCG a été mise en place pour éviter les
désordres financiers et elle fait son travail. Il appartient donc
aux dirigeants de voir comment ils ont le temps de réagir en quinze
jours. Il leur appartient d'apporter un plan de restructuration qui puisse
permettre à la commission d'appel de la DNCG de réformer
une décision prise par une commission. Il est certain que c'est
une nouvelle qui va faire du bruit dans le Landerneau du football français
car Marseille est un bastion qui sportivement s'est sauvé à
la dernière journée mais dont le football français
a besoin. Mais selon les informations en ma possession, c'est un déséquilibre
financier important entre les produits et les charges qui laisse à
penser que c'est difficile à corriger."
C'est là encore que le président
de la LNF, Gérard Bourgoin, a annoncé celle du TFC en National,
tout en revenant sur le cas marseillais : "Ces deux clubs, Marseille
et Toulouse, n'ont pas répondu aux garanties exigées par
le football professionnel. Ils présentent tous les deux un déséquilibre
important dans leurs budgets respectifs. Il existe un règlement,
il appartient à la DNCG de le faire respecter. Je suis très
triste parce que nous avons besoin de l'Olympique de Marseille et de Toulouse.
Je fais confiance à Marseille, qui a arraché son maintien
sur le terrain, et à Toulouse pour apporter les garanties nécessaires.
Mais je suis persuadé qu'ils sauront trouver une solution d'ici
quinze jours. Robert Louis-Dreyfus est un grand président, je lui
fais pleinement confiance pour sortir son club de cette situation. Il y
a des règlements qui doivent être respectés. Il n'y
a pas de politiques pour les riches et pour les pauvres. Robert Louis-Dreyfus
doit en prendre conscience."
Les deux clubs font appel
Comme toujours en pareil cas, mais
aussi parce que Toulouse n'a pas donné de détails véritables
sur sa situation financière, ce qui se passe à Marseille
est un peu mieux connu et épluché. En gros, le président
Robert Louis-Dreyfus, qui a déjà investi 728 MF dans le club
phocéen, doit encore couvrir des pertes estimées à
240 MF pour cette année (40 MF pour les provisions, 140 MF pour
ce que le responsable sportif Bernard Tapie a sobrement nommé le
"va-et-vient
des joueurs", les 60 MF étant le résultat d'exploitation).
Ces nouvelles pertes s'ajoutant aux précédentes, qui se chiffraient
déjà en dizaines de MF, la DNCG a été alertée.
Tapie a assuré que l'OM était certes en mauvaise santé
financière, mais n'avait aucune dette. Il a par conséquent
considéré cette rétrogradation comme ubuesque, assurant
que Louis-Dreyfus allait payer. Mais est-ce si sûr ? Contrairement
aux années précédentes, RLD n'a pas fourni un document
de garantie officiel pour passer sans problème l'examen de passage
imposé par la DNCG. Actuellement en voyage d'affaires, il n'a pas
réagi à l'annonce faite hier. Peut-être en a-t-il assez
des insultes essuyées régulièrement au Vélodrome
malgré son investissement colossal ? Tapie a en tout cas annoncé
que l'OM faisait appel de cette décision.
En cela, il a suivi la stratégie
du président du TFC, Jacques Rubio, qui va donc être servi
: lui qui nage dans les procédures dont son club s'est fait le spécialiste
dans le cadre des faux passeports, il risque fort d'en connaître
d'autres pour sauver son club de la rétrogradation, non plus en
D2, mais en National. Rubio a indiqué "pouvoir arriver à
équilibrer sans problème le budget avec une enveloppe de
70 MF", notamment en vendant le buteur international colombien Victor
Bonilla, très courtisé après sa bonne première
saison en D1. Rubio s'étonne du traitement réservé
à son club : "Nous sommes arrivés devant la DNCG avec
un budget parfaitement ficelé comportant des ventes prévisionnelles
de joueurs. Or, le marché ne s'ouvrant que le 15 mai, comment voulez-vous
que le 30 mai, Toulouse ait déjà bouclé la vente de
tous ses joueurs. Dans le pire des cas, la DNCG aurait dû plutôt
surseoir à statuer et nous reconvoquer dans quinze jours." Il
y est allé d'un petit commentaire personnel en expliquant qu'il
faisait immédiatement appel : "Nous avions quinze jours pour
faire appel de cette décision mais nous le faisons immédiatement
tellement elle nous paraît surprenante, pour ne pas dire plus."
L'OM va-t-il être de nouveau
rétrogradé en D2, non plus pour corruption comme en 1994,
mais pour mauvaise santé financière ? Que va donner l'enchevêtrement
des procédures lancées par Toulouse dans l'affaire des faux
passeports et de cette rétrogradation en National, surtout si l'on
ajoute le fait que si l'OM descend, Saint-Etienne... sera maintenu en D1,
en dépit des fortes présomptions qui pèsent sur ses
dirigeants ? Il faut savoir qu'un réaction saine aux décisions
de la DNCG peut mener au salut : en 1992, le FC Nantes était rétrogradé
pour raisons financières, et après une reprise en main express
par Guy Scherrer, le FCNA fut créé, avec le succès
que l'on sait...
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à cet article - Par Yann Peltier
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