Angers : De Zerbi avait la vision

Pointé du doigt pour son manque de moyens et un mercato estival verrouillé, Angers s'est pourtant imposé comme l'une des équipes les plus stimulantes de Ligue 1. Un football vertical, lisible et audacieux, qui a valu au SCO un éloge appuyé de Roberto De Zerbi et qui met en pleine lumière le travail d'Alexandre Dujeux.

Roberto De Zerbi a encensé le jeu proposé par Alexandre Dujeux.

Roberto De Zerbi n'a pas lancé son compliment à la légère. En désignant Angers comme l'équipe qui propose «le meilleur football du moment en Ligue 1» , le technicien marseillais a mis en avant une réalité souvent masquée par le classement. Derrière la neuvième place actuelle, c'est surtout une dynamique de jeu et de résultats qui interpelle.

Un jeu affirmé malgré un départ chaotique

Le début de saison angevin a pourtant été heurté. Privé de toute marge de manoeuvre durant l'intersaison, avec un mercato à zéro euro, la vente de son meilleur buteur Esteban Lepaul et l'impossibilité de le remplacer pour des raisons économiques, Angers a abordé l'exercice dans un contexte extrêmement contraint. Après sept journées, le SCO ne comptait que cinq points, avec une lourde défaite à Strasbourg (5-0) et seulement une victoire au compteur, malgré plusieurs matchs souvent accrochés face au Paris Saint-Germain (1-0), Rennes (1-1), Monaco (1-1) ou l'Olympique de Marseille (2-2). Cette période a cristallisé le paradoxe angevin : un contenu cohérent, mais une efficacité offensive limitée, avec seulement quatre buts inscrits sur les huit premières journées.

Depuis, la courbe s'est nettement redressée. Angers occupe désormais la neuvième place avec 22 points en 16 matchs, à seulement deux longueurs du TOP 5, dans un championnat extrêmement resserré. Surtout, le SCO reste sur quatre victoires lors des cinq dernières journées, avec des succès contre Auxerre (2-0), Toulouse (0-1) et Nice (0-1), ainsi qu'une démonstration face à Nantes (4-1). Sur cette séquence, Angers a pris 12 points sur 15, soit autant que l'AJA, 16e et virtuel barragiste, sur l'ensemble de l'exercice, encaissé seulement trois buts et confirmé une solidité défensive constante, avec 18 buts concédés sur l'ensemble de la saison, soit moins que Rennes ou Monaco. Une progression chiffrée qui valide les intentions de jeu entrevues dès l'été.

Du jeu pour Dujeux

Cette progression repose sur une idée claire et assumée. Angers affiche la plus faible possession moyenne du championnat, autour de 38 à 39%, mais compense par une grande efficacité dans l'exploitation des transitions et une utilisation rationnelle du ballon. Avec seulement 17 buts inscrits, le SCO ne brille pas par son volume offensif, mais il maximise ses temps forts et sélectionne ses situations. Le ratio reste parlant : Angers marque presque un but tous les six tirs cadrés, un rendement nettement supérieur à plusieurs équipes mieux classées, preuve d'un football pensé pour faire mal vite plutôt que pour monopoliser le ballon. Une formation qui conserve une capacité constante à ressortir proprement et à se projeter dès la récupération, ce qui donne à son jeu une lisibilité et une cohérence rarement prises en défaut.

Alexandre Dujeux a maintenu ses principes malgré les contraintes structurelles. Bloc compact, projections rapides sur les côtés avec Yassine Belkhdim et Mohamed Amine Sbai, éclosion de Sidiki Chérif et Prosper Peter – chacun 18 ans – devant, liberté accordée à Himad Abdelli entre les lignes et rôle central d'Haris Belkebla dans l'équilibre forment un socle lisible et stable. Cette continuité, rare dans un club soumis à de fortes restrictions économiques, permet aujourd'hui d'aborder une phase de calendrier plus dégagée avec confiance, face à plusieurs équipes de la seconde moitié de tableau entre la 17e et la 22e journée. Si l'efficacité offensive progresse légèrement, le SCO dispose d'une base suffisamment solide pour continuer à avancer, illustrant cette capacité à transformer la contrainte en identité, et donnant tout son sens au regard porté par De Zerbi.

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