Allemagne : Woltemade, l'anomalie devenue prototype
Méconnu du grand public il y a un an, Nick Woltemade s'est fait un nom en Allemagne. Brillant avec Stuttgart, irrésistible avec les Espoirs et déjà convoqué avec la Nationalmannschaft, l'attaquant de 1,98m détonne autant par son profil que par son parcours. Et se retrouve déjà à la croisée des chemins.

L'Allemagne cherche depuis des années le digne successeur de Miroslav Klose. Un attaquant de surface, fiable, clinique, capable d'occuper l'axe sans plomber le jeu collectif. Elle a essayé des buteurs classiques, des profils hybrides, des faux 9 de laboratoire. Sans jamais trouver la formule.
Et voilà qu'un joueur de 1,98m, sorti de la Dritte Liga, est venu rebattre les cartes en moins d'un an : Nick Woltemade (23 ans). Un footballeur qui n'est pas un produit formaté mais un contre-pied total. Et c'est peut-être ce qui rend son parcours aussi fascinant.
Une ascension hors-cadre
Dans un football où les trajectoires sont scrutées dès les U15, et parfois même avant, l'attaquant de 6,6 pieds a longtemps échappé aux radars. À 21 ans, il jouait encore en Regionalliga avec la réserve du Werder Brême, élu meilleur joueur de Dritte Liga en 2023, sans jamais vraiment convaincre au niveau professionnel. Stuttgart a alors décidé de tenter le pari, sans indemnité, à l'été 2024. Moins d'un an plus tard, le buteur affiche un bilan de 12 buts et 2 passes décisives en 28 matchs de Bundesliga, 5 réalisations en DFB Pokal, un trophée à la clé et un statut de rookie de la saison. Le tout dans une équipe qui ne l'avait pas désigné comme titulaire en début d'exercice. La récompense est immédiate avec une convocation par Julian Nagelsmann pour disputer le Final Four de la Ligue des Nations avec la Nationalmannschaft.
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Mais cet été, c'est surtout avec la tunique des Espoirs que le longiligne buteur allemand fait sensation. Dans une Allemagne souvent poussive en phase de groupes de l'Euro, Woltemade a surnagé. Triplé contre la Slovénie, un but et deux passes décisives contre la Tchéquie, une réalisation et une offrande en quart contre l'Italie puis un dernier but contre la France pour s'ouvrir le chemin de la finale face à l'Angleterre. Un tournoi total et brutal. Par les chiffres (6 buts, 3 passes décisives, 12 passes-clés en 4 matchs), évidemment, mais surtout par la forme. A près de 2 mètres de hauteur, il élimine, joue en une touche, temporise, oriente. Il fixe et décale avec la justesse d'un numéro 10, il termine avec la froideur d'un buteur. Sa compétition est celle d'un joueur qui a compris avant les autres ce qu'il devait être : ni pivot, ni renard, ni faux 9. Mais une synthèse mobile de tous ces profils.
Un profil rare, une décision risquée
Ce profil, justement, intrigue autant qu'il interroge. Car depuis Miroslav Klose, meilleur buteur de l'histoire du Mondial, l'Allemagne a souvent peiné à trouver un 9 de référence. Mario Gomez a longtemps fait illusion, mais sans jamais convaincre au très haut niveau international. Timo Werner a tenté, sans succès, d'incarner la modernité. Plus récemment, Niclas Füllkrug a fait le boulot, mais sa marge de progression, trop mince, ne lui permet pas de se projeter. Woltemade, lui, propose autre chose : un joueur capable de marquer mais aussi de faire marquer, de décrocher comme de plonger, de combiner comme de dominer dans les airs. Une polyvalence rare, surtout pour un joueur de son gabarit. Et dans une sélection allemande qui cherche encore sa tour de contrôle, son point d'appui, il incarne une option crédible. Pas comme joker. Mais comme solution sur le long terme.
Le Bayern Munich, toujours à l'affût, l'a compris. Un accord verbal a déjà été trouvé pour un contrat jusqu'en juin 2030, annonce Sky Germany ce jeudi. Mais une question persiste : faut-il vraiment y aller maintenant ? Stuttgart lui offre un cadre stable, un temps de jeu maximal, une équipe construite autour de lui. Chez le Rekordmeister, Harry Kane est toujours là. Toujours aussi clinique devant le but, même si sa mobilité réduit à vue d'oeil ces derniers mois. Peut-il cohabiter avec Woltemade ? Techniquement, oui. Les deux savent jouer dos au but, orienter le jeu, faire respirer un bloc. Mais en Bundesliga comme en Ligue des Champions, le Bayern ne laisse jamais place au doute. Si l'association ne fonctionne pas d'emblée, le banc n'est jamais loin. Et le risque de déraillement existe, surtout pour un joueur au début de sa courbe ascendante.
VIDEO : Nick Woltemade, un OVNI
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