Pologne : Lewandowski, l'éternel innocent
En conflit avec Michal Probierz, Robert Lewandowski a annoncé sa retraite internationale. Un nouvel épisode de désamour entre l'attaquant polonais et un de ses sélectionneurs. Celui de trop ?

Les mots sont froids, le message est clair. À travers un communiqué publié sur les réseaux sociaux, Robert Lewandowski a décidé de suspendre sa carrière internationale. «Compte tenu des circonstances et de la perte de confiance envers le sélectionneur polonais, j'ai décidé de renoncer à jouer pour l'équipe nationale tant qu'il était maintenu à sa tête. J'espère avoir de nouveau l'occasion de jouer pour les meilleurs supporters du monde.» Pas de colère, pas de bruit. Mais derrière la formulation polie, un avertissement sans détour.
Car ce n'est pas une mise en retrait anodine. Ce que le capitaine de la Pologne pose ici, c'est un ultimatum. Michal Probierz doit partir, ou l'attaquant du FC Barcelone ne reviendra pas. Et vu le poids du joueur dans la sélection et dans le pays, dont il est de très loin le meilleur buteur historique – 85 buts en 158 sélections, devant les 48 buts en 75 capes de Wlodzimierz Lubanski - difficile de ne pas y voir une forme de chantage, qui place la fédération dans une impasse.
emplacement publicitaire
Lewandowski, habitué des polémiques
Cette sortie publique est loin d'être la première. Déjà en pleine Coupe du monde 2018, Lewandowski s'était attaqué à Adam Nawalka, reprochant au sélectionneur de ne pas avoir pris assez de risques. «On a joué de manière trop prudente. On n'a pas été à la hauteur de notre potentiel» , avait-il affirmé après la défaite inaugurale contre le Sénégal (1-2). Mais lui-même n'avait pas inscrit le moindre but du tournoi. Quatre ans plus tard, il réitérait contre Czeslaw Michniewicz, évoquant un système trop défensif, une fois encore sans faire son propre mea culpa. Comme un disque rayé.
Aujourd'hui, c'est au tour de Probierz d'être la cible préférentielle de l'ex-buteur du Bayern Munich. Il avait d'ailleurs mis un premier taquet à son entraîneur à la suite d'un revers face au Portugal (1-3), en octobre dernier. «Je ne suis pas milieu de terrain, mon travail n'est pas de descendre dans ma moitié» , avait balancé le natif de Varsovie. Une déclaration qui avait alors fragilisé le technicien polonais. Avec Lewandowski, le constat revient toujours au même : ce sont les autres qui n'ont pas été à la hauteur. Jamais lui.
Un statut, peu de moments mémorables
Le plus troublant dans cette répétition d'accusations, c'est qu'elle n'est pas soutenue par des faits. Lewandowski est un joueur au CV immense en club, un des plus grands buteurs de l'histoire du football, mais sa carrière en sélection reste désespérément creuse. Pas de match référence, pas de performance d'anthologie, pas de campagne marquante. Ni à l'Euro, ni en Coupe du monde, il n'a su endosser le rôle de leader inspirant. Son influence sur les grandes compétitions internationales est, objectivement, très faible.
Et pourtant, il agit comme s'il portait tout un pays sur ses épaules. Comme s'il était le seul à répondre aux exigences. Or, à 37 ans, avec une génération polonaise en bout de souffle, ce genre de sortie ne ressemble pas à une prise de hauteur. Elle ressemble davantage à une manière d'évacuer la pression, et surtout de déplacer la responsabilité. Si son sélectionneur est poussé vers la sortie, ce ne sera pas une victoire du vestiaire. Ce sera celle d'un joueur devenu intouchable… sans jamais avoir été digne de son statut.
Que pensez-vous du choix de Robert Lewandowski ? N'hésitez pas à réagir et débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» ...