Côte d'Ivoire : le récit de Gasset sur son départ en pleine CAN
Pour la première fois, Jean-Louis Gasset est revenu sur sa démission de son poste de sélectionneur de la Côte d'Ivoire en pleine Coupe d'Afrique des Nations. Si les Éléphants se sont hissés jusqu'en finale sans lui, le Français croit avoir provoqué un déclic en quittant sa fonction après une phase de poules très décevante.

Au lendemain d'une défaite humiliante face à la Guinée équatoriale (0-4) à Abidjan lors du dernier match de la phase de poules de la Coupe d'Afrique des Nations, Jean-Louis Gasset n'attendait même pas de savoir si son équipe intégrerait le groupe des meilleurs 3es, et donc se qualifierait en huitièmes de finale, pour décider de plier bagage.
Considérant que sa compétition rimait avec échec, après un succès contre la Guinée-Bissau (2-0), une défaite contre le Nigeria (0-1) puis la gifle reçue face à la Guinée équatoriale, le sélectionneur de la Côte d'Ivoire présentait sa démission. Une décision précipitée ? Impossible de savoir si les Ivoiriens seraient aujourd'hui en finale avec Gasset.
Un départ inévitable pour Gasset...
Une chose est sûre, ce départ soudain a toutefois déclenché quelque chose chez les Éléphants puisque qualifiée miraculeusement pour le second tour, l'équipe de Seko Fofana et Serge Aurier a depuis renversé le champion en titre, le Sénégal (1-1, 5-4 tab) en 8e, puis le Mali (2-1 ap) en infériorité numérique en quarts, avant de battre la RD Congo (1-0) en demie pour se hisser jusqu'en finale. Quoi qu'il arrive, Gasset ne regrette pas son choix, comme il l'a confié au journal L'Equipe ce vendredi. «J'étais un peu barbouillé comme un lendemain de cuite. On était dans un vestiaire dévasté avec des affrontements à l'extérieur, a expliqué le technicien de 70 ans. Je voyais les petits sur leurs portables pour prendre des nouvelles de leur famille. Ils avaient peur. Il ne faut plus jamais revivre ça !»
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«On était au bord d'une catastrophe, franchement. J'entraîne depuis trente-cinq ans et c'est la première démission, mais vu ce qu'il se passait... Qu'on me dise, tu es nul, tu es vieux, tu n'as jamais entraîné en Afrique, d'accord, mais là, ça prenait une tournure dramatique. Des gens allaient à notre hôtel, à la Fédération, il y avait des pneus sur la route, plus des policiers partout. Le président recevait des appels du commissaire dans mon bureau au stade pour lui expliquer ce qu'il se passait dehors», justifie encore Gasset.
... qui ne rate pas un match
«C'était la seule chose à faire pour sortir de ces ondes négatives. Mais il fallait ensuite que la personne qui prenne ma place tape fort et Emerse (Faé) a fait un sans-faute. Il a fait des choix forts. Bravo», ajoute l'ancien entraîneur de Saint-Etienne. Désormais loin des Ivoiriens, Gasset ne ressent pas le moindre sentiment de rancoeur. Bien au contraire. «Bien sûr, je ne rate pas une miette ! Et dès que l'arbitre siffle la fin, le président a un texto. J'envoie au staff, aux joueurs, au capitaine ! Je suis fier des Éléphants, heureux. Mon départ a ramené de l'apaisement. On se dit, c'était lui le coupable et ça protège les autres. Il fallait voir la mort de près peut-être pour rebondir», se réjouit-il.
Bien que les règlements de la CAF le priveront d'une belle ligne sur son palmarès en cas de succès ivoirien contre le Nigeria dimanche lors de la finale, Gasset croit fort en son ancienne équipe : «La Côte d'Ivoire n'est pas favorite car le Nigeria est mieux classé en Afrique et possède Osimhen, le meilleur joueur africain de l'année. Mais avec Haller, Adingra et peut-être Pépé, ce n'est plus la même équipe. Je savais qu'elle monterait en puissance. (...) C'est mérité et on arrive en forme au bon moment.» Des propos particulièrement bienveillants qui témoignent d'une belle attache.
Pensez-vous que les Éléphants auraient réalisé le même parcours si Gasset était resté ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» …