Les Bleus pouvaient assurer leur qualification directe pour le Mondial 2006 en Allemagne dès samedi en Suisse. Auteurs d'un match nul à Berne (1-1), ils devront encore patienter et battre Chypre mercredi et espérer que la Suisse ne gagne pas en Irlande. Tels sont les principaux enseignements relayés dimanche par les médias de l'hexagone.

La presse nationale : un match nul logique

L'Equipe note que les Bleus ont été «virtuellement qualifiés pendant 27 minutes» avant d'être rattrapés par la patrouille suisse. «Le cinquième match nul de cette campagne n'est pourtant pas le plus honteux ni le moins équitable du lot» souligne le quotidien sportif avant d'ajouter que «l'équipe de Köbi Kuhn n'avait jamais aussi bien joué contre les Bleus en vingt-six mois et quatre confrontations. Ce résultat oblige les Bleus à battre Chypre pour glaner le précieux sésame, mercredi lors de la dernière journée, en suspendant leur réussite à un festival offensif ou à un nul entre l'Irlande et la Suisse à Lansdowne Road» . Le décor est planté.

Eurosport s'inquiète du nouveau résultat nul des coéquipiers de Zidane et trouve le temps long. «C'est encore loin l'Allemagne ?» titre-t-il sur son site web. «Bousculés par les Helvètes, les Bleus n'ont plus leur destin en main alors qu'il ne reste qu'une rencontre à disputer. Pour autant, pas de quoi paniquer, une victoire face à Chypre et les Français seront au pire barragistes» , tempère Eurosport peu convaincu par les performances de l'équipe de France. «Ballottés et souvent pris de vitesse par une formation helvétique jouant vite et bien, les Français peuvent finalement être satisfaits de repartir à Clairefontaine avec un point, tout comme ils avaient pu s'estimer heureux de s'imposer à Dublin (0-1) au début du mois de septembre» .

Le Monde fait une analyse mathématique de la situation. Sachant que les Français sont troisièmes à égalité avec la Suisse, un point derrière Israël et un point devant l'Irlande, «tout pourrait dépendre du résultat obtenu par la Suisse en Eire et il n'est pas à exclure que les compagnons de Zidane doivent passer par les barrages pour espérer se qualifier pour la plus prestigieuse des compétitions de la planète foot» . Les Suisses seront-ils capables d'imposer à l'Irlande une deuxième défaite d'affilée sur sa pelouse ? Rien n'est moins sûr, d'autant qu'une victoire des coéquipiers de Roy Keane leur ouvrirait au pire la porte des barrages.

La PQR loin d'être convaincue

L'euphorie est retombée, selon La dépêche du Midi. «Même si la France a encore marqué, ce qui a toujours été le cas depuis le retour de Zidane, sa mauvaise prestation, plus que le résultat en lui-même, qui lui permet de conserver de réelles chances de qualification, met un coup d'arrêt à l'euphorie entourant les Bleus depuis trois mois» . Le quotidien méridional dénote les carences de la troupe de Domenech. «En l'absence de leurs deux meilleurs buteurs, Thierry Henry (30 buts) et David Trezeguet (31 buts), les Bleus ont été pris au piège de leur dépendance trop étroite aux entrechats d'un Zinédine Zidane en méforme, bien loin d'avoir eu à Berne le rayonnement qui est le sien depuis l'été» .

La Voix du Nord souligne la très belle prestation de la Suisse qui a su parfaitement contrecarrer les ambitions des Bleus. «Dans sa version football, avec enjeu majeur au bout de la route, la Suisse n'a plus le profil d'un havre de paix depuis belle lurette. Les Français le savaient mais ils n'avaient sans doute pas imaginé que leurs adversaires puissent leur imposer un tel combat physique dès les premiers échanges et aller bien au-delà, en termes d'engagement, de recherche de ruptures et de quêtes d'espaces de vie, ce que leur mission leur imposait naturellement. Une Suisse en bleu de chauffe. Une Suisse rugueuse, corrosive même» . Les Bleus doivent-ils s'estimer heureux du score de parité ? Réponse mercredi prochain.

Pour Sud Ouest, l'Equipe de France est «toujours en salle d'attente» . Incapables de maîtriser le jeu et de prendre le match à leur compte, les Tricolores ont été «en difficulté dans bien des domaines et n'ont pas été en mesure de préserver leur succès et assurer leur qualification» . Le quotidien régional débusque un début d'explication au manque d'occasions de buts. Avec Wiltord en pointe et Zizou en soutien, avec Malouda et Dhorasoo placés bas sur les ailes, les Bleus ont peiné à se montrer dangereux devant le but suisse. «Même si la rentrée de Cissé à la pause s'est avérée déterminante dans la mesure où les Bleus n'avaient guère d'autres solutions que de contre-attaquer» .

L'avis des sites spécialisés : Domenech coeur de cible

Sport24 dénonce les choix tactiques du sélectionneur français en première mi-temps. «Il faut dire que Raymond Domenech a commis une grossière erreur tactique. Facile à dire, certes, après coup, mais le choix de Sylvain Wiltord en pointe associé à Vikash Dhorasoo sur l'aile droite a très rapidement montré ses limites. Incapables de trouver leur place respective, les deux joueurs ont subi durant la première période les foudres du sélectionneur, contraint de rappeler son monde en permanence» . Pas tendre, Sport 24 semble aussi convaincu par Domenech que ne l'était l'Equipe en son temps vis-à-vis d'Aimé Jacquet. «Le choix est d'autant plus incompréhensible que Domenech, s'il ne disposait pas de son groupe au complet, tenait sur son banc les solutions idoines. La rentrée de Cissé après la pause l'a démontré !»

Sports.fr s'est également étonné de la composition du onze qui a débuté le match à Berne. «La titularisation surprise de Vikash Dhorasoo dans un système en 4-2-3-1, où il occupa le flanc droit d'une attaque basse, Florent Malouda occupant le flanc gauche a néanmoins eu une vertu : libérer Zinedine Zidane des tâches défensives. A court de forme, le capitaine des Bleus a ainsi pu se livrer totalement. Mais Sylvain Wiltord, qui n'est pas un véritable n°9, s'est trouvé bien esseulé durant 45 minutes, au milieu d'une défense Suisse très bien organisée et hyper motivée» . Tout ce jouera donc mercredi. «La situation pour la dernière journée est simple. Trois équipes peuvent encore prétendre à la qualification : la France, la Suisse et l'Irlande. Ces deux dernières équipes se rencontreront à Dublin pour un match qui s'annonce explosif. Les Bleus, de leur côté, devront battre Chypre avec quatre buts d'écarts pour s'assurer la première place du groupe même en cas de victoire suisse en Irlande» .

Football365 préfère orienter son analyse sur le douzième homme suisse : ses supporters. «Trois heures avant le coup d'envoi, ils avaient déjà envahi les rues de Berne pour montrer à leurs homonymes français qu'ils ne comptaient pas laisser tomber leur sélection aux portes de l'exploit» . Les 31 000 supporters ont réservé un accueil particulier aux Français. «Dès l'entrée de Landreau et Coupet à l'échauffement, une pluie de sifflets s'abattait sur le stade. Le ton était donné» . «Hopp Schwiiz» (allez la Suisse) ont-ils ensuite entonné en coeur.

Rien n'est fait dans ce groupe 4 où hormis la victoire des Bleus en Irlande, les quatre premiers se sont à chaque fois neutralisés. L'équipe de France est désormais au pied du mur. Plus question de calculer, il faudra battre Chypre mercredi sous peine de cataclysme national.