Il y avait l'Olympique de Marseille et Saint-Etienne. Il y aura désormais l'Olympique Lyonnais. Entré au Panthéon des clubs français remportant quatre titres nationaux consécutifs, l'OL a frappé un grand coup cette année, au terme d'une saison menée de main de maître.

Meilleure attaque (56 buts), meilleure défense (seulement 22 buts encaissés), meilleure formation à l'extérieur comme à domicile, 22 matches gagnés contre seulement trois défaites. Quelques statistiques qui suffisent à résumer la saison du quadruple champion de France lyonnais à qui on avait pourtant promis une année bien plus délicate que la précédente après les départs de Carrière, Dhorasoo, Luyindula ou encore Edmilson, laissant une équipe considérablement rajeunie (à peine 23 ans de moyenne d'âge) reprendre le chemin des terrains. Et pourtant, un an après, la domination de Lyon sur la Ligue 1 a été sans partage. Quarts de finalistes de la Ligue des Champions, éliminés aux tirs au but par le PSV Eindhoven (2-2 à l'issue des deux rencontres, 2 tab 4), les Rhodaniens ont qui plus est acquis une légitimité européenne qui fait d'eux une valeur sûre du Vieux Continent.

Le Roi Lyon ne partage pas

Et pourtant, à l'image de bon nombre de ténors de Ligue 1, les champions de France ne se sont pas montrés convaincants à l'entame de leur saison. Deux courtes victoires face à Nice et Lille (1-0), deux matches nuls face à Metz ou Sochaux (1-1), les Rhodaniens vivent un mois d'août en demi-teinte et ne pointent qu'à la 6ème place du classement. «C'est vrai qu'une certaine inquiétude existait en début de saison. Elle a encore grandi après la blessure d'Elber au coeur du mois d'août. Mais comme la saison précédente, les recrues ont vite balayé toutes les craintes. On s'est aperçu, au fil des matches que l'équipe était plus équilibrée et les joueurs plus complémentaires» explique Juninho dans France Football. L'arrivée d'éléments déclencheurs comme Sylvain Wiltord ou Cris mais surtout la bataille menée au cours de matches références comme face à Saint-Etienne, lors de la 9e journée (3-2) ou face à Manchester United, à Gerland (2-2), vont en effet jeter les bases d'un groupe plus que solide.

Et très vite, les Lyonnais remettent les pendules à l'heure et remontent sur leur trône à la faveur d'une victoire sans conteste sur Caen (4-0) lors de la 10ème journée. Une première place qu'ils ne lâcheront plus jusqu'à la fin de la saison, résistant tour à tour aux assauts de Lille, Monaco ou Marseille, tous trois finalement incapables de suivre le rythme effrénée imprimé par les hommes de Paul Le Guen. Parallèlement, les champions de France impressionnent en Ligue des Champions, sortent premiers de leur poules qualificatives (devant Manchester United !) et humilient le Werder de Brême en huitième de finale (10-2 sur l'ensemble des deux matches). Opposé au PSV Eindhoven en quart de finale, on prédit déjà à Lyon un futur européen auréolé de gloire. Mais stoppés au tirs au but, les Rhodaniens rentrent à Gerland les jambes lourdes et la tête basse et concèdent leur seule et unique défaite à domicile de la saison, face au PSG (0-1). Trop tard pour ses adversaires, l'Olympique Lyonnais est lancé sur les rails du succès et ne sera jamais rattrapé, terminant la saison avec un écart record (12 points) sur son dauphin lillois.

Les satisfactions

Si l'Olympique Lyonnais compte dans ses rangs des individualités capables de faire la différence à elles seules, c'est surtout le collectif et le jeu de la formation championne de France qui impressionnent. Le bloc lyonnais a fait souffrir plus d'une équipe de France et de Navarre et a démontré sa force tout au long de cette longue saison. Ultra-solide en défense (22 buts encaissés, soit la deuxième meilleure défense de tous les temps, après celle de Marseille, en 1991-1992 qui n'avait encaissé que 21 buts), la formation menée par Paul Le Guen s'est en partie appuyée sur cette arrière-garde intraitable pour construire son succès. Car si la charnière défensive rhodanienne de la saison 2004-2005 peut récolter les lauriers, il en est de même pour le milieu lyonnais. Tant à la récupération qu'à l'organisation du jeu, les milieux de terrains lyonnais ont fait des merveilles, Juninho, Essien, Diarra, au sommet de leur art ont étincelé tout au long de la saison.

Mais plus que ses performances physiques, tactiques ou techniques, la formation lyonnaise a impressionné par son état d'esprit sans failles. Face à Saint-Etienne (3-2, 9e j.), face à Monaco (1-1, 26e j.) lors d'un match primordial pour le titre, face à Ajaccio (2-1, 35e j.) où les Lyonnais sont allés chercher leur sacre après avoir été menés au score, ils n'ont jamais rien lâché, à l'image d'une saison où ils n'ont laissé que des miettes à leurs adversaires, même lorsque le niveau de jeu n'était pas au rendez-vous. «J'hérite d'un effectif de grande qualité, bien équilibré entre jeunes et plus anciens et d'une équipe de gagneurs, de compétiteurs, de grands professionnels et de mecs qui ont de la personnalité» confirmait ainsi Gérard Houllier à son arrivée à la tête de l'OL. Une force morale qui devrait les aider dans la conquête d'un cinquième titre d'affilée…

Si collectivement les Lyonnais disposent d'une force considérable, les individualités sont nombreuses à sortir du lot. Grégory Coupet, tout d'abord, a réalisé une belle saison, malheureusement entachée d'une blessure au genou qui l'a éloigné des terrains pendant plus de deux mois. Claudio Caçapa a lui aussi vu sa saison gâchée pendant plus de cinq mois suite à une blessure au genou. Heureusement pour les Lyonnais, Cris s'est rapidement adapté à sa nouvelle équipe, se complétant à merveille avec Eric Abidal, Claudio Caçapa et Réveillère. Solide en défense ce dernier a également démontré, du haut de ses 25 ans, ses qualités offensives, indispensables pour créer le surnombre et bouleverser les défenses adverses.

Et à l'image du jeune défenseur, certains se son révélés cette saison, Diarra et Essien formant désormais un duo impressionnant que les clubs européens voudraient s'arracher. Infatigables, intraitables techniques, physiques, les superlatifs ne manquent pas pour les deux jeunes joueurs de 24 et 23 ans. Plus offensif, Florent Malouda s'est lui aussi révélé lors de cette saison. A 30 ans, Juninho fait quant à lui figure d' «ancien» au sein de cette équipe de jeunes loups. Mais quoi de mieux qu'un homme d'expérience à ce poste clé ? Maître d'orchestre hors-pair, sa vision du jeu et son talent d'organisateur ont fait mouche tout au long de la saison. 13 réalisations (dont six sur ses célèbres coups-francs) ont fait de lui le meilleur buteur du club, devant des attaquants moins prolifiques.

Les déceptions

Car si Sylvain Wiltord notamment a impressionné par sa volonté et sa capacité à harceler sans cesse les défenses adverses, que Sidney Govou est à créditer d'un bilan honorable (8 buts), que Pierre-Alain Frau (7 buts) a vu sa fin de saison gâchée par une blessure au mollet ou que Nilmar a réalisé quelques coups de génie, l'attaque rhodanienne s'est montrée moins prolifique que la saison dernière. 56 réalisations contre 64 en 2003-2004, l'écart est faible certes mais il ne faut pas oublier que l'OL a remporté 15 de ses 22 victoires sur la plus petites des marges. Manquant parfois de réalisme devant le but, les attaquants rhodaniens ont parfois gâché de belles occasions de faire rapidement la différence.

Très rares sont les joueurs de l'effectif lyonnais à avoir causé quelques déceptions à leur entraîneur, Paul Le Guen, cette saison. Plus que des déceptions, il s'agirait plutôt d'essais non transformés pour certains éléments de la formation rhodanienne. Hormis les blessures qui ont terni la saison de Coupet, Caçapa ou encore Ben Arfa, certains joueurs n'ont pas su donner leur plein potentiel. En 24 matches, Bryan Bergougnoux n'a pas su exploiter tout son potentiel démontré notamment entre la 20ème et la 25ème journée où il a inscrit quatre buts. Un problème que semble avoir également connu Nilmar, auteur de deux buts en 32 sorties avec les couleurs lyonnaises. Pourtant capable du meilleur (notamment un doublé lors de la victoire 5-0 face au Sparta Prague en Ligue des Champions), le Brésilien ne brille pas toujours par sa constance et devra certainement prendre plus de volume physique pour s'imposer à la pointe de l'attaque. Enfin, Sidney Govou a été plus prolifique que la saison dernière où il n'avait inscrit que trois buts mais reste en-dessous d'un rendement qui pourrait être bien meilleur.

La saison prochaine : dans le Rhône, pas grand chose de nouveau

Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Hormis un bouleversement de taille à la tête des quadruples champions de France, Paul Le Guen ayant décidé de mettre un terme à l'aventure lyonnaise, peu de mouvements devraient être enregistrés du côté de l'OL. Difficile en effet de quitter une équipe en pleine réussite et dont l'ambiance au sein du groupe fait pâlir d'envie beaucoup de joueurs. Gérard Houllier, nouveau technicien lyonnais confirme d'ailleurs qu'il ne changera guère les «anciennes» méthodes mais qu'il faudra obtenir le renfort de quelques joueurs. «Ma priorité sera d'étoffer l'effectif dans le secteur offensif. Sur ce plan-là, il faut absolument quelqu'un en plus. Il y aura peut-être également une ou deux autres retouches à apporter, car aujourd'hui, quand on a la prétention de vouloir jouer sur plusieurs tableaux à la fois et d'avoir un destin européen, il faut tout prévoir et être sacrément armé dans chaque ligne» .

Dans cette optique, un renfort par ligne devrait arriver à Lyon. La défense de cette saison devrait ressembler pour beaucoup à celle de la saison prochaine, aucun départ n'étant pour le moment à l'ordre du jour. Seul Sylvain Monsoreau pourrait venir s'ajouter à la charnière défensive. Au milieu de terrain, Michaël Essien et Mahamadou Diarra attisent les convoitises. Chacun s'est vu proposé une prolongation de contrat mais n'ont pour le moment pas encore décidé de leur avenir, Essien restant toutefois très attiré par le défi londonien, à Chelsea. Jérémy Toulalan (déclaré «intransférable» par le FC Nantes) et surtout Benoît Pedretti pourraient donc venir renforcer l'entrejeu lyonnais, le Marseillais étant le plus proche d'une arrivée dans le Rhône. Mais c'est en attaque que les grandes manoeuvres s'opèrent. Fort d'un budget recrutement revu à la hausse (environ 20 millions d'euros) et d'une notoriété européenne de plus en plus importante, Lyon a les moyens de faire venir de grands noms. Et si l'hypothèse Drogba a été évoquée, il est plus rationnel de penser que la piste de Milan Baros est plus réalisable. Mais le prix du transfert (12 millions d'euros) et le salaire du joueur pourraient poser problème. De quoi voir les Rhodaniens se tourner vers le championnat de France et le Bordelais, Marouane Chamakh, déclaré priorité du club.

Un quatrième titre d'affilée, une saison pleine, les Lyonnais n'ont pas laissé grand-chose à leurs adversaires cette saison. Peu partageurs et emmenés par un Gérard Houllier soucieux de prolonger le bail signé avec la gloire et la réussite, nul doute que les Lyonnais n'ont pas envie de s'arrêter là et voudront rentrer dans la légende en devenant les premiers à glaner cinq titres nationaux consécutifs. En attendant l'Europe ?