Les deux clubs anglais ne sont pas exactement dans la même situation. A Manchester United, il s'agit de redonner du tonus à un groupe qui a tout gagné et éprouve quelques difficultés à se relancer, "se contentant" d'un championnat anglais écrasé la saison passée - là, l'été se révèle inhabituellement actif au niveau des transferts, puisque l'attaquant international néerlandais Ruud van Nistelrooy (pour près de 210 MF) et l'offensif international argentin Juan Sebastian Veron (pour environ 260 MF) feront partie des Red Devils cette saison. A Liverpool, il s'agit de conserver un effectif qui arrive à maturité en ayant remporté trois coupes la saison passée, exploit retentissant. Mais chez les deux rivaux, il y a la même attitude réservée vis-à-vis des sommes colossales dépensées par le Real Madrid pour recruter.

Ferguson - "nous ne pouvons rivaliser"

Sir Alex Ferguson, le manager écossais de Manchester United, s'apprête à vivre sa dernière saison à la tête de l'équipe mancunienne, avec en point de mire la finale de la Ligue des Champions qui se déroulera chez lui, à Glasgow. Et pour mener à bien son rêve fou de remporter pour la seconde fois le titre européen suprême au niveau des clubs, il a entamé une politique de transferts dont l'audace éclate d'autant plus que MU a surtout brillé ces dernières années par sa prudente et efficace réserve à ce niveau.

Néanmoins, la somme dépensée par le Real pour s'attacher les services du meneur de jeu international français Zinédine Zidane, qui tourne autour de 500 MF, lui paraît impensable dans son propre club : "Je crois que nous en sommes rendu à accepter que nous ne pouvons rivaliser avec la mentalité de clubs comme le Real, capable d'acheter de la sorte. La situation est complètement inhabituelle : ils étaient en dette de près de 1750 MF, leur mairie leur achète leurs terrains d'entraînement pour 2300 MF, puis leur en construit de nouveaux... C'est la façon dont le conseil municipal local fait savoir qu'une banqueroute du Real est interdite. Cela n'a rien à voir avec l'ambition que le club ou moi pouvons avoir. Nous ne pouvons pas nous mesurer à ce genre d'esprit."

Houllier - "j'ai assez ici"

Les remarques du manager français de Liverpool, Gérard Houllier, sont moins acerbes et précises, plus sportives. Il est vrai qu'il s'attache surtout à conserver son effectif, à construire un avenir où United ne serait pas éternellement en Premier League, à poursuivre sur la lancée d'une saison exceptionnelle. Il a déjà dépensé près de 800 MF en trois ans d'exercice à Anfield Road, mais cette année, il n'a recruté que le défensif international norvégien John Arne Riise, pour 45 MF environ, en provenance de l'AS Monaco.

Ce qui motive sa décision est exactement ce qui motive Ferguson en sens inverse après quelques saisons supplémentaires dans cette voie, à savoir que son équipe a tout gagné : "J'ai confiance en mes joueurs, et je ne vais tout casser sur le marché des transferts, parce que je crois que j'ai assez ici pour relever le défi correctement. Parfois, il faut faire confiance à ses joueurs. Nous avons gagné trois coupes la saison passée, avec une équipe jeune. J'estime devoir m'appuyer sur ses joueurs. Nous voulons de jeunes joueurs à même d'améliorer l'équipe. Riise est de ce type : c'est un immense jeune talent, le type d'élément dont nous avons besoin."

Au Real Madrid, il y a cette dimension complètement folle et affective que n'ont peut-être pas les clubs anglais. Il y a aussi, comme Ferguson le dit, des façons de faire qui n'ont jamais respiré la transparence. Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir. Quoique... avec Zidane à la baguette, tout sera peut-être blanc au printemps prochain !