La santé neurologique des joueurs, le nouveau cheval de bataille de Varane
C'est un sujet indirectement lié à la santé mentale des athlètes, un thème encore tabou dans le sport professionnel. Alors que des études ont montré les graves conséquences que peut avoir le jeu de tête chez les footballeurs, Raphaël Varane milite pour que cette pratique soit plus encadrée.

Le jeu de tête est un élément à part entière de la panoplie d'un footballeur moderne. Tout le monde doit savoir s'en servir et il serait aujourd'hui impossible d'imaginer le football sans duels aériens. Mais les conséquences, systématiquement occultées, peuvent s'avérer dramatiques à terme.
Une étude menée en 2019 par le neuropathologiste écossais Willie Stewart, de l'université de Glasgow, a montré que les footballeurs ont 3,5 fois plus de risques de mourir d'une maladie neurodégénérative que le reste de la population, et sont 5 fois plus exposés à développer la maladie d'Alzheimer.
«Nous avons une suspicion que les têtes pourraient avoir un aspect délétère sur le cerveau lorsqu'elles sont réalisées des milliers de fois. Quand on réalise des imageries cérébrales, il peut y avoir des anomalies dans certaines structures du cerveau. Les joueurs ne s'en rendent même pas compte, mais il y a des perturbations», a complété le Dr. Jean-François Chermann sur RMC ce vendredi. Retraité l'an dernier, Raphaël Varane a fait de la restriction du jeu de tête son cheval de bataille.
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Les propositions de Varane
L'ancien défenseur central, qui a raccroché les crampons à 31 ans suite à une usure physique et mentale, aimerait que cette pratique soit davantage encadrée. «Je pense qu'avant 12 ans, il n'y a pas forcément besoin de jouer avec la tête. C'est facilement envisageable sans. (...) Leur cerveau est en plein développement. Donc, forcément, recevoir des impacts, ça a des conséquences négatives. Ensuite, parce que c'est facilement évitable. À huit ans ou neuf ans, il n'y a pas d'intérêt de travailler sur le jeu de tête. Donc, autant les préserver, autant les protéger», a proposé le champion du monde 2018.
Et pour les adultes, Varane conseille un suivi scrupuleux de chaque joueur. «Je pense qu'il faut simplement prendre certaines précautions. Éviter aussi le jeu de tête à répétition à l'entraînement lorsqu'il n'y a pas un besoin très important. Je pense que ça part dans les soins, l'anticipation et les protocoles qui doivent être mis en place pour retrouver les terrains dans de bonnes conditions et qu'il y ait un suivi qui soit fait aussi en transversal durant la carrière de chaque athlète individuellement» , a suggéré l'ancien du Real Madrid.
Avant les maladies neurodégénératives, le sujet de la commotion cérébrale
En fait, Varane aimerait que son cas serve à aider les générations futures. Parce que, qui dit jeu de tête à répétition peut dire commotion dans certains cas, et donc perturbation de la santé à tous les niveaux, moral et mental notamment. Et on parle là d'un problème à court terme, bien avant les graves maladies évoquées. «Ça m'est déjà arrivé de faire une commotion suite à une répétition de têtes et cela a des répercussions sur la santé et les performances. Quand j'ai pris ma retraite, j'ai quand même passé des examens, un scan et heureusement aujourd'hui, je n'ai pas de séquelles. On verra à l'avenir», a expliqué Varane. Sans s'estimer tiré d'affaire pour autant, car l'ancien joueur de l'équipe de France se sait donc davantage exposé à de potentiels dysfonctionnements neurologiques à l'avenir.
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