Manchester City : Cherki, créativité bridée
Brillant à chaque apparition mais cantonné à un rôle secondaire, Rayan Cherki vit une première partie de saison paradoxale à Manchester City. Ses chiffres sont meilleurs que ceux des cadres offensifs, mais Pep Guardiola freine toujours son ascension.

Zlatan Ibrahimovic avait résumé un jour son passage à Barcelone en expliquant que Pep Guardiola «conduisait une Ferrari comme une Fiat» . La formule le visait directement, mais elle revient forcément en voyant l'usage que Manchester City fait aujourd'hui de Rayan Cherki (22 ans). Le club anglais a investi sur lui pour ramener de la créativité dans un secteur en perte d'inspiration.
Le Français devait rapidement devenir un accélérateur du jeu intérieur, précieux face aux blocs bas qui étouffent régulièrement les Citizens. Mais depuis son retour de blessure, début octobre, après avoir manqué sept rencontres, la montée en puissance attendue n'existe pas : temps de jeu limité, titularisations rares, hiérarchie figée malgré ses performances.
Cherki, joker de luxe
Le milieu offensif formé à l'Olympique Lyonnais joue relativement peu, mais ce qu'il produit dépasse déjà ses concurrents directs. Avec seulement 316 minutes en Premier League (1 but, 3 passes décisives), le Bleu affiche pourtant plus de passes clés par 90 minutes que Jérémy Doku et Phil Foden, les deux joueurs les plus utilisés sur les ailes cette saison. Sa créativité ressort encore plus dans l'ombre : il tourne autour de 2,6 passes clés et 0,7 expected assist par match, soit un rythme que seuls les meneurs confirmés du championnat anglais approchent, alors que Savinho, utilisé deux fois plus que lui (819 minutes, 1 but et 2 passes décisives), reste sous la barre d'une passe clé par 90 minutes. Le paradoxe est brutal : moins il joue, plus il impacte le jeu.
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Toutes compétitions confondues, l'écart est encore plus flagrant. Alors qu'il compile 446 minutes, 3 buts et 4 passes décisives, il reste le joueur offensif – derrière Erling Haaland – le plus productif minute pour minute de l'effectif, avec une implication directe dans un but toutes les 64 minutes environ. Doku (1 269 minutes) et Foden (1 398 minutes) ont plus du triple de temps de jeu chacun, 8 buts et 3 passes pour l'Anglais, 3 buts et 5 passes pour le Belge, mais aucun des deux n'approche ce rendement. Même Bernardo Silva (1 182 minutes), pourtant indiscutable dans la hiérarchie, traverse une période où ses chiffres de création sont nettement inférieurs, avec seulement 1 but et 2 passes décisives. Sur le terrain, l'impression est claire : chaque fois qu'il entre, City accélère, combine et retrouve une forme de spontanéité.
Une gestion qui interroge
Le manager catalan justifie ce temps de jeu minimal par des considérations structurelles. Les séquences sans ballon, l'intensité défensive ou les pertes de balle rapides restent les arguments avancés en interne. Mais ces imperfections toujours notables dans le jeu de Cherki ne suffisent pas à expliquer pourquoi Savinho, pourtant l'un des ailiers les moins créatifs du championnat anglais, continue d'empiler les minutes pendant que le Français observe. L'écart devient difficile à défendre : le Brésilien a deux fois plus de temps de jeu – pour un seul match de plus et le même nombre de titularisations – alors qu'il crée trois fois moins d'occasions franches et tourne autour de 0,3 contribution décisive par 90 minutes, quand le Lyonnais flirte avec 1,4. À ce stade, ce n'est plus de la gestion, c'est un plafonnement.
Ce choix de prudence entraîne une conséquence majeure : il prive City d'un profil rare au moment où l'équipe peine à se réinventer depuis le déclin et le départ de Kevin De Bruyne. Les Skyblues tournent moins bien, manquent d'inspiration entre les lignes, et même Foden, pourtant bien plus efficace depuis le début de l'exercice, est beaucoup moins créatif. Dans ce contexte, continuer à utiliser Cherki comme un dynamiteur de fin de match ressemble davantage à une frilosité assumée qu'à une logique sportive. Ses statistiques le placent déjà au niveau des meilleurs playmakers de Premier League, et son influence augmente à chaque apparition. À force de le retenir, Guardiola finit surtout par s'empêcher d'exploiter l'une des plus fortes sources de création de son effectif.
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