Lyon : la facture très salée laissée par Textor
Passé de la lutte pour le maintien à une place solide dans le haut de tableau et en tête de la Ligue Europa, l'Olympique Lyonnais donne l'impression de s'être remis à l'endroit sur le terrain. En coulisses, le tableau reste pourtant beaucoup plus sombre, entre transferts gonflés, joueurs fantômes et dettes qui ressurgissent au fil des mails d'huissiers financiers hérités de John Textor.

L'Olympique Lyonnais pensait avoir tourné la page de l'ère Eagle en changeant de gouvernance. Les premiers audits montrent au contraire que le club rhodanien vit encore avec des engagements contractuels opaques, signés à l'époque de John Textor, qui continuent de peser sur ses comptes.
Derrière les résultats sportifs rassurants se cache un chantier financier où les frontières entre logique sportive et ingénierie comptable ont été largement brouillées, comme révélé dans L'Équipe.
Des transferts sur mesure qui plombent Lyon
Dès l'été 2024, certains montants ont fait tiquer. Lyon a payé très cher pour faire venir Moussa Niakhaté et Orel Mangala en provenance de Nottingham Forest, pour un total proche de 60 M€, largement au-dessus des évaluations habituelles. Dans le même temps, Botafogo, autre club de la galaxie Textor, cédait plusieurs de ses meilleurs éléments à Nottingham à des tarifs étonnamment contenus au regard de leurs performances et de leur valeur théorique. Igor Jesus est parti pour 19 M€ tandis que Jair Cunha pour 10 M€. Dans un contexte où Forest devait absolument rentrer dans les clous du fair-play financier, ces montants ont permis au club anglais de générer des plus-values décisives sans engager de dépenses excessives.
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John Textor a fini par assumer publiquement ces montages en expliquant qu'il lui arrivait «d'ajuster» le prix de certains transferts pour corriger des écarts de valeur dans sa relation avec le propriétaire de Forest, Evangelos Marinakis. Ces ajustements ont permis au club anglais d'enregistrer des plus-values au bon moment, à Botafogo d'encaisser des ventes et à Eagle de récupérer du cash immédiat. Pour l'OL, en revanche, la contrepartie est lourde : les derniers comptes affichent une perte record de plus de 200 M€, une trésorerie quasiment divisée par deux en un an et des dettes liées aux achats de joueurs qui frôlent les 150 M€, directement alimentées par ces opérations surpayées.
Affacturage, joueurs fantômes et bombe à retardement
Le volet le plus explosif se situe pourtant dans les opérations qui n'ont jamais existé sportivement. Entre l'été 2024 et le printemps 2025, cinq joueurs de Botafogo – Igor Jesus, Luiz Henrique, Thiago Almada, Jair Cunha et Jefferson Savarino – ont fait l'objet de contrats de cession vers l'OL pour un montant cumulé proche de 120 M€. Ces accords n'ont jamais été enregistrés auprès de la LFP et, hormis Thiago Almada sous la forme d'un prêt de six mois, aucun de ces joueurs n'a porté le maillot lyonnais. Sur le plan juridique, Lyon reste pourtant identifié comme débiteur de ces indemnités, avec des échéances étalées sur plusieurs saisons et désormais activées par les sociétés de crédit.
C'est sur cette base que Textor a eu recours à l'affacturage. Les créances de Botafogo ont été cédées à des fonds spécialisés qui ont avancé près de 100 M€ avant de se retourner vers l'OL pour être remboursés. Le cash a quitté l'orbite lyonnaise pour rejoindre l'écosystème Eagle, tandis que la dette est restée attachée au nom du club français. Michele Kang et sa nouvelle équipe renvoient désormais les organismes vers l'audit global mené au sein de la structure qui chapeaute l'OL et Botafogo, avec l'espoir d'aboutir à un accord d'apurement entre toutes les parties. Faute de compromis rapide, les transferts fantômes pourraient se transformer en contentieux lourds devant les tribunaux, au moment même où le club essaie de reconstruire sa crédibilité financière.
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